Covid-19 : Pourquoi tester? Qui tester? Comment tester? Ces questions vous taraudent et comme vous entendez des médecins et scientifiques ayant des avis littéralement différents, il est indispensable d’en connaitre les réponses.
Pourquoi faire des tests de dépistage du coronavirus?
La progression rapide de la pandémie de Covid-19 en France révèle les limites actuelles de nos capacités de diagnostic virologique direct par amplification des acides nucléiques et suscite une polémique sur le manque de disponibilité de tests à visée diagnostique, alors qu’ils pourraient être très utiles. Ces diagnostics pourraient être élargis et ciblés dans le but d’identifier les foyers d’infections et de renforcer les procédures de confinement et d’isolement des personnes infectées. Par la suite, ces tests seront essentiels pour le suivi et l’évaluation des futurs traitements et pour accompagner la sortie du confinement, incluant celle des convalescents.
Qui doit faire un test de dépistage du coronavirus?
Selon les recommandations gouvernementales actuellement en vigueur, le test de détection du Sars-CoV-2 ne peut être effectué que sur prescription médicale pour les patients symptomatiques présentant des signes de gravité nécessitant une hospitalisation, pour une liste de patients à risque (immunodéprimés, diabétiques, insuffisants rénaux, hypertendus, etc.), pour les professionnels de santé et pour les personnes fragiles vivant en structure collective (EPHAD, handicap), les résultats permettant une prise en charge adaptée. Les patients symptomatiques ne présentant pas de signe de gravité ne sont pas testés ; après examen clinique, ils doivent observer un confinement strict à domicile, ainsi que leurs proches contacts.
L’Académie nationale de médecine recommande d’élargir la détection du Sars-CoV-2 aux patients symptomatiques sans signe de gravité, dès que la disponibilité des tests le permettra, afin d’assurer leur confinement le plus tôt possible.
Comment faire un dépistage du coronavirus?
La confirmation biologique de l’infection par le Sars-CoV-2 n’est pas un examen de laboratoire de routine :
- les prélèvements doivent respecter des précautions rigoureuses : utilisation d’écouvillons avec embout dacron/polyester pour biologie moléculaire, écouvillonnage nasal profond ou pharyngé réalisé par des professionnels expérimentés (infirmières, biologistes et médecins) soigneusement protégés dans un local dédié, transmission des échantillons aux laboratoires de référence sous triple emballage suivant les réglementations nationales ou internationales pour le transport des substances infectieuses.
- les tests diagnostiques par biologie moléculaire (extraction des acides nucléiques viraux, RT-PCR temps réel) nécessitent un équipement et une technicité ne permettant pas actuellement de les mettre en œuvre dans tous les laboratoires de biologie médicale, mais uniquement dans les laboratoires de sécurité biologique de niveau 2 (LSB2). La durée de réalisation du test varie de 3 à 6 heures, sans tenir compte des délais d’acheminement.
En raison de ces exigences, les capacités de détection du Sars-CoV-2 chez les patients suspects sont actuellement dépassées par l’ampleur de la demande et les réactifs viennent à manquer, même si les fournisseurs sont en train d’augmenter les capacités de production.
L’Académie nationale de médecine recommande que la liste des laboratoires agréés pour le diagnostic du Covid-19 soit élargie au-delà des laboratoires de biologie médicale vers des établissements ayant la capacité de réaliser les tests dans les mêmes conditions de biosécurité (laboratoires de génétique, de recherche, etc.). Des procédures de bonne pratique devraient être mises en place et contrôlées sur l’ensemble du territoire de façon coordonnée.
L’Académie nationale de médecine recommande que des tests sérologiques indirects soient développés pour la détection d’anticorps spécifiques du Sars-CoV-2, afin de préparer la mise en œuvre d’enquêtes séro-épidémiologiques qui permettront, au terme de cette vague épidémique, d’évaluer la proportion de la population infectée. De même, l’Académie nationale de médecine recommande que les performances des tests rapides (TRODs) mis sur le marché pour la détection des IgG et des IGM spécifiques de Sars-CoV-2 soient évaluées pour envisager, si elles sont acceptables, leur utilisation dans les enquêtes de terrain.