Découvrez comment Siggi’s, Le Gaulois, et Fleury Michon ont modifié leurs recettes et augmenté leurs prix en 2024. Cette analyse détaillée expose les tactiques de cheapflation affectant les consommateurs.
La cheapflation est une pratique alarmante dans l’industrie alimentaire où les entreprises réduisent secrètement la qualité ou la quantité de leurs produits alimentaires tout en augmentant les prix sans en informer clairement les consommateurs. Cette tendance, qui combine les mots « cheap » (bon marché) et « inflation« , met en lumière une stratégie de réduction des coûts qui affecte directement la valeur perçue et la satisfaction du consommateur. Et la grande distribution continue encore et encore à augmenter le prix (sans modifier l’étiquetage) de ses denrées alimentaires alors que l’évolution des prix restent à la hause avec, bien entendu (!) un prix de vente qui reste inchangé.
Les véritables chiffres de l’inflation
La hausse de prix des alimentaires ne cessent de croitre. La récente analyse des tendances de prix dans les grandes surfaces du magazine Que Choisir révèle une augmentation soutenue de l’inflation alimentaire, un sujet de préoccupation majeur pour les consommateurs qui fait écho au concept de cheapflation. Depuis le début de l’année 2022, les produits de grande consommation ont connu une hausse globale de 21,1%. En particulier, les marques de distributeurs (MDD) ont subi une inflation plus marquée, avec une augmentation de 24,3% sur la même période, surpassant celle des marques nationales qui s’élève à 19,5% de hausse des produits vendus.
Dans les enseignes des hypermarchés, les rayons de l’épicerie, tant salée que sucrée, sont particulièrement touchés, affichant une croissance des prix respectivement de 24,2% et 22,8%. Les produits laitiers ne sont pas en reste avec une des prix qui augmentent de 27% depuis 2022, ce qui illustre une pression inflationniste significative sur des produits de base. La viande présente une relative stabilité à court terme, mais une hausse inquiétante de 22,4% sur les deux dernières années indique des changements sous-jacents importants (et oui, les prix vont augmenter).
Cette tendance à la hausse se vérifie également dans les secteurs de la charcuterie, avec une inflation de 22,5%, et des produits de la mer, où les prix ont grimpé de 10,9% en deux ans, malgré une légère baisse sur un mois. La catégorie des produits frais fruits et légumes a enregistré l’augmentation la plus spectaculaire, signalant une inflation fulgurante de 31,9% annuellement.
Cheapflation, les dernières révélations de Foodwatch
En cette mi avril 2024, l’organisation de défense des consommateurs Foodwatch a mis en évidence les modifications de recettes et les augmentations de prix de trois produits populaires : le skyr vanille de Siggi’s, l’escalope cordon bleu de Le Gaulois et les hachés à poêler au jambon de Fleury Michon. Ces changements de hausse de prix et de compositions des denrées soulèvent des questions sur l’intégrité et la transparence des pratiques de ces grandes marques.
Cheapflation – Siggi’s Skyr Vanille
Lactalis/Nestlé, sous la marque Siggi’s, a augmenté la quantité de sirop d’agave dans son skyr vanille de 5,9% à 6,3%. Paradoxalement, le produit est commercialisé comme étant « moins sucré » comparé à d’autres sur le marché, ce qui induit les consommateurs en erreur. Depuis cette modification en février 2023, le prix au kilo a augmenté de 13%, ce qui dépasse largement le taux d’inflation habituel.
Cheapflation – Le Gaulois Escalope Cordon Bleu
Le Gaulois, appartenant au groupe LDC, a réduit la quantité de viande de poulet de 58% à 54% et celle d’emmental de 5% à 3% dans son produit phare, l’escalope cordon bleu. Simultanément, ils ont augmenté la proportion de chapelure de 22% à 26%. Ces ajustements ont conduit à une augmentation du prix au kilo de 25% depuis avril 2022, ce qui représente une hausse significative bien au-delà des attentes inflationnistes normales.
Cheapflation – Fleury Michon Hachés à Poêler
Fleury Michon a énormément réduit la quantité de jambon dans ses hachés à poêler, passant de 48% à 35% de la composition totale, tout en remplaçant le filet de porc de qualité supérieure par de la viande de porc moins spécifiée. En outre, l’ajout de caramel comme colorant soulève des préoccupations supplémentaires sur la qualité et la transparence. Le produit a également subi une réduction de poids, passant de 2 x 200g à 2 x 190g, tout en voyant une hausse de 23% du prix au kilo observée depuis 2020.
Réaction de l’industrie agroalimentaire et appel à l’action
Audrey Morice de Foodwatch critique ouvertement ces pratiques, affirmant que de telles modifications sont symptomatiques d’un manque de transparence dans l’industrie agroalimentaire. L’organisation appelle à des règles plus strictes régissant les pratiques de prix et à une plus grande transparence sur les bénéfices des géants de l’agroalimentaire et des distributeurs.
Impliquer les consommateurs
Foodwatch encourage les consommateurs à signer une pétition demandant au gouvernement de réglementer les pratiques de prix abusives et de renforcer la transparence dans la construction des prix au sein des supermarchés. L’engagement des consommateurs est crucial pour mettre fin à ces pratiques déloyales et promouvoir un marché plus équitable.
La vigilance est de mise pour les consommateurs qui doivent rester informés et exigeants face à une industrie souvent réticente à divulguer pleinement ses méthodes. En soutenant les actions de groupes comme Foodwatch et en signant la pétition, les consommateurs peuvent jouer un rôle actif dans la lutte contre la cheapflation, garantissant ainsi que la qualité et la transparence restent des piliers de l’industrie alimentaire.