Oh que je me souviendrais de l’année de CM2 ! L’année la plus anxiogène car kafkaïenne au possible de ma vie. L’année où ma confiance en l’administration a volé en éclat. Où je suis littéralement traumatisée par l’Éducation Nationale. Par les services sociaux. La raison : la directrice de l’école de ma fille m’a accusée de maltraitance car celle-ci n’a pas voulu aller à un voyage scolaire.
Oui vous avez bien lu : j’ai été accusée de maltraitance par la directrice de l’école élémentaire car ma fille a refusé d’aller à un voyage scolaire qui devait avoir lieu 3 semaines après la rentrée des classes !!!
Si je vous raconte cette histoire, c’est que bon nombre d’entre vous me suivez tant sur Santé Cool que sur les réseaux sociaux, connaissez mon travail et mon implication quant à la maltraitance des enfants, de mon engagement à systématiquement relayer les alertes de l’UNICEF, d’Enfance et Partage, des actions faites par les gouvernements successifs pour lutter tous les types de maltraitance des enfants (viol, violences sexuelles à l’égard des enfants et des bébés, harcèlement scolaire, cyberharcèlement, droit à l’éducation, etc.). Vous connaissez aussi mes ouvrages :
- Clara une petite fille si désirée racontant le long parcours pour avoir ma fille suite à une adoption,
- La Victimologie, ouvrage écrit avec le Docteur Gérard Lopez pour aider les victimes d’agressions sexuelles, de manipulation, de maltraitance des personnes âgées, etc…,
- Les écoles alternatives, les pédagogies de la bienveillance – Montessori, Freinet, Steiner, pour que le système éducatif respecte les lois naturelles de l’enfant, parus aux Éditions Grancher.
Bref, vous allez me dire que cela ne prouve rien. Que je suis peut-être une mauvaise mère. Qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Ok pas de souci, je n’en vous en veux pas si telles sont vos idées. Mais voici les faits de cette pire année scolaire.
Accusée de maltraitance par la directrice de l’école car ma fille a refusé d’aller à un voyage scolaire : les faits
Ma fille refuse d’aller à un voyage scolaire
Le 2 septembre jour de rentrée : le jour de la rentrée des classes nous avons appris qu’un voyage scolaire aurait lieu à la fin du mois. Ma fille m’a d’emblée déclarée que lorsqu’elle avait appris la nouvelle elle en avait pleuré et ne voulait pas partir sans moi d’autant plus que ses meilleures amies ne souhaitaient pas y aller non plus (elles n’ont d’ailleurs pas été à ce fameux voyage en Bretagne).
Je tiens à vous préciser qu’en quelques années nous avons dû faire face à de nombreux décès : son Papa, son Papy quand ma fille avait 5 ans, son chien et en 2021, sa Mamie.
J’ai fait part, quelques jours après, à la maitresse ainsi qu’à la directrice que ma fille ne désirait pas participer à ce voyage scolaire et en ai expliqué les raisons. En toute confiance. En toute transparence. En toute honnêteté.
Harcèlement de la part de la directrice et de la maitresse
La directrice de cette formidable école primaire n’a rien voulu entendre me disant que si ma fille n’allait pas à ce voyage elle raterait son CM2 (mais bien sûr !!!). Cette charmante directrice a voulu organiser une réunion supervisée par ces soins, accompagnée par la maitresse, ma fille et moi-même pour la convaincre d’y aller. Quelle merveilleuse idée !!! Elle me prend véritablement pour une idiote !!! C’est ça le système éducatif français ???
Ayant énormément de travail, devant également gérer bon nombre de choses suite au décès de mes parents et ne souhaitant pas faire de pression sur mon enfant, j’ai refusé l’entrevue. Tout comme la réunion de rentrée où celle-ci devait nous expliquer le déroulement du voyage. Mais elle continué d’insister et m’a téléphoné durant 3 jours d’affilés.
Face à cette incessante pression, j’ai téléphoné au Ministère de l’Éducation Nationale pour savoir si ce voyage était obligatoire. Réponse : il n’en n’est rien. Même un enfant plus âgé, n’est pas obligé de participer à un voyage scolaire. Seuls les sorties sont obligatoires. J’en ai donc fait part à la directrice. Il y a eu un grand blanc. Puis, elle a repris son argumentaire sans m’écouter ne serait-ce qu’une seconde.
Vendredi 9 septembre : lendemain de notre discussion, j’ai reçu une proposition pour que ma fille rencontre la psychologue scolaire. J’ai, à nouveau, téléphoné à la directrice, lui ai fait à nouveau part de mon refus pour que ma fille parte et lui ai dit que si je sentais que ma fille avait besoin de consulter je l’emmènerai. Sur ce, la directrice m’a déclaré furieuse : « Mais vous n’avez pas confiance en nous ! ». J’ai répondu qu’il n’en n’était rien mais que je pensais avant tout au bien-être de mon enfant.
Lundi 12 septembre : je reçois une convocation pour le 16 septembre avec l’assistante sociale scolaire, afin de faire le point sur la scolarité de ma fille (pour information ma fille est une excellente élève).
J’ai rappelé le Ministère de l’Éducation Nationale pour savoir comment agir face à ces incessantes pressions. La personne en charge des voyages scolaires m’a indiquée qu’ils n’avaient pas le droit d’agir de la sorte et m’a communiquée un numéro de téléphone. J’ai appelé. Ai eu une dame qui m’a informée qu’elle transmettrait à l’inspectrice. Cette dernière m’a rappelé, a tenu le même discours que la directrice et m’a précisé que le problème n’était pas ma fille mais moi car la directrice ne m’avait jamais rencontrée. Directrice qui entame sa 3ème année dans cet établissement et qui n’a pu organiser aucune réunion à cause du Covid. Mais l’inspectrice n’a, là encore, rien voulu entendre et m’a dit sur un ton agressif : « je vous conseille d’y aller. A moins que vous ne nous cachiez quelque chose. »
Ma fille a été harcelé durant 3 semaines par la maitresse et la directrice
Pour en revenir à mon enfant, il n’y a pas eu un jour durant les 3 premières semaines de classe sans que la maitresse (ou la directrice) ne demande à ma fille si elle souhaitait aller en classe de mer. Ma fille leur leur a répondu qu’elle souhaitait rester avec moi car toute sa famille était morte. Mais rien n’y a changé. De plus, la maitresse me donnait sans arrêt les papiers à remplir pour la classe de mer : n’en pouvant plus j’ai écrit un grand « REFUS » sur l’un des papiers.
Je tiens à vous préciser que depuis la mort de sa Mamie ma fille peut partir chez nos amis très proches en vacances ou en week-end sans dormir avec moi.
Accusée de maltraitance par la directrice de l’école car ma fille a refusé d’aller à un voyage scolaire je témoigne sur Europe 1
N’en pouvant plus je téléphone à l’émission de ce charmant Olivier Delacroix sur Europe 1 et son tout aussi charmant, bienveillant, brillant, attachant au possible : j’ai nommé Florian Lanoir !
Voici mon témoignage diffusé dans la Libre Antenne (de peur des représailles, allez savoir lesquelles, je n’imaginais pas le pire qui m’attendais, j’ai pris Aurélia comme pseudo :
Vous pouvez écouter la séquence en cliquant ICI
La directrice prévient l’assistante sociale de l’école
2 jours plus tard, je reçois une convocation à l’école pour rencontrer l’assistante sociale. J’hallucine !!! Une assistante sociale mais pourquoi ???? Le rendez-vous a lieu une dizaine de jours plus tard. Je panique. Ne dors plus. Je pense à toutes lés dérives des services sociaux qui retirent les enfants à leurs parents (l’ouvrage de Maitre Christine Cerrada, Placements abusifs d’enfants en est abasourdissant). Je vais voir mon médecin qui me fais un arrêt de travail de 15 jours. Pendant ce temps, je me renseigne sur le travail des assistantes sociales scolaires. Ne me retrouvant dans aucun cas, téléphone aux syndicats de parents d’élèves. Tous sont comme moi perplexes.
Et oh malheur (vous comprendrez par la suite pourquoi un tel adjectif!), je me fais une grosse entorse qui m’empêche de poser le pied parterre. De 1 mois et demi à 2 mois dans les meilleurs cas pour me rétablir m’annonce le docteur.
Je fais donc part à l’assistante sociale scolaire du fait qu’il m’est impossible de me déplacer. Elle me redonne un rendez-vous.
Mi-octobre, mon entorse n’étant pas rétabli (et ayant déclaré, en plus, la maladie de Morton : un nerf coincé au pied extrêmement douloureux ), je propose, suite à la dernière convocation avec l’assistante sociale, un entretien par téléphone, visio ou à mon domicile. Lui ai joints tous mes certificats médicaux. Aucune réponse.
Si elle ne peut marcher pas marcher qu’elle prenne un fauteuil roulant a déclaré la directrice aux délégués de Parents d’élèves
Entre temps, j’ai prévenu les délégués de parents d’élèves qui ont tenté d’arranger la situation avec la directrice : en vain. Cette dernière leur a dit que je n’avais qu’à me débrouiller avec des béquilles (chose qui m’était extrêmement difficile) ou un prendre un fauteuil roulant pour me rendre au rendez-vous avec l’assistante sociale scolaire. Ignoble. Inhumain.
Rendez-vous avec des assistances sociales : information préoccupante émanant de la directrice de l’école
Samedi 22 octobre : Je reçois une convocation avec une assistante sociale scolaire et assistante sociale « normale » à l’Espace Parisien des Solidarités » suite à une information préoccupante déclarant que mon enfant était en danger ou risquait de l’être.
Le choc ! Tant pour ma fille qui a lu la convocation et qui ne comprenait pas que pour moi. Car la fameuse phrase « votre enfant est en danger ou potentiellement en danger » résonne encore dans ma tête. Et comment expliquer l’inexplicable à une petite fille de 10 ans ?????
Je leur téléphone et leur indique qu’il m’est impossible de venir. Elles acceptent de s’entretenir à mon domicile deux semaines plus tard.
Accusée de ne pas aller à la remise des livrets scolaires et des fêtes de l’école
Lors de leur visite les assistantes sociales me disent que l’on ne me voit jamais à l’école pour la remise des livrets scolaires (livrets qui n’ont jamais été accompagnés d’une proposition de rendez-vous) ni à la fête de l’école : ma fille ne souhaitait pas y aller trouvant cela sans intérêt et préférant appeler ses copines. Et n’oublions pas les 3 années sans : Covid oblige.
Je les ai revues avec ma fille. Et j’ai eu le tort de leur parler du fait que lorsqu’elle était petite (6-7 ans) elle avait eu peur que je me fasse faire une chambre verrière en coin nuit pour éviter de dormir sur mon canapé-lit. Mais ce problème est terminé : je dors à l’autre bout de notre appartement, appartement qui fait 120 m2. Mais malgré cela, elles ont repris ça dans leur rapport !
Décision d’une mesure judiciaire d’investigation éducative (MIJE)
Rapport mardi 21 février
Les assistantes sociales m’avaient déclarées que je n’avais pas à m’inquiéter quant à leur rapport et qu’elles me téléphoneraient pour me dire ce qu’il en était. Il n’en n’a rien été : j’ai reçu une convocation pour les rencontrer. Totalement tétanisée a l’idée de leur verdict (j’ai vraiment l’impression d’être une mère maltraitante et ai lu tellement de choses par rapport aux dérives des services sociaux et placements d’enfants que je leur ai dit qu’elles n’avaient qu’à me faire part de leur conclusion par téléphone) elles m’ont appris qu’elle mettait en place une MJIE car elle ne pouvait pas me revoir une dernière fois pour en savoir plus et m’ont déclarées que j’étais négligente car :
– je refusais l’aide éducative (ce qui est totalement faux, j’aurai été prête à coopérer ; bien que je n’en vois pas l’utilité ; mais elles ne me l’ont pas proposée),
– ma fille avait vécu un plein de deuils (pour info elle a vu à 2 reprises un pédopsychiatre qui l’a trouvée très « épanouie et pleine de ressources »),
– il ne s’agit que d’une adoption simple et ma fille n’a pas la nationalité française et a toujours son nom d’origine. Mes différents avocats n’ont pas pu la transformer en adoption plénière. Mais je n’ai eu de cesse de chercher à trouver une solution. Avait été à maintes reprises au Pôle de la Nationalité Française mais il manquait toujours un papier. D’où, entre autre, la requête pour une adoption plénière. J’avais l’intention d’y retourner mais Covid empêche je n’ai pas eu le temps.
Et pour les assistantes sociales cela nuit au développement de mon enfant alors que depuis sa naissance (j’ai suivis la grossesse de la dame), tout le monde a toujours appelé ma fille Clara et non de son nom indiqué sur son acte de naissance. Et était-ce de ma faute si la France n’avait toujours rien régularisée et qu’en plus le Covid avait tout bloqué pendant 2 ans ????
Et de toute façon, est-il obligatoire d’être français pour aller à l’école publique ??? N’a-t-on pas le droit d’avoir une nationalité différente ? Et dans mon cas, si je souhaite que ma fille décide, en conscience, à sa majorité de choisir sa nationalité (en l’occurrence française ou camerounaise) sans que je l’y oblige, n’en n’ai-je pas le droit ???? Et en quoi est-ce délétère pour son épanouissement ????
A noter ma fille est née du côté du Cameroun anglophone et que bon nombre d’entre eux veulent leur indépendance. D’où la guerre civile.
– m’ont reparlées de la fameuse verrière (pour info, nous avons un appartement de 120 m2 et dormons dans des chambres opposées),
– m’ont reprochées qu’elle ne fasse pas de sport collectif,
– m’ont reprochées une ancienne agoraphobie suite à un gros traumatisme. Mais agoraphobie qui, lorsqu’elle survient lors de grands moments de stress ne m’empêche ni de travailler, ni de m’occuper de ma fille, ni de faire mes courses, etc.,
– m’ont à nouveau parlées du fait que je n’allais pas à la remise des livrets scolaires.
– elles ont, également, estimées lors de notre entrevue avec ma fille que nous n’étions pas proche. Hérésie totale !!! Nous sommes extrêmement complices et avons une formidable relation basée sur la confiance, le respect et la bienveillance. De plus, elles n’ont pas compris non plus que ma fille ait des nounous pour lui faire faire activités et sorties lorsque je travaille ou sors…
3 mois d’appels au secours
Terrorisée à l’idée que l’on me retire mon enfant, j’appelle et écris à tout le monde. A des ministères. A des personnes haut placées. Et tous mes interlocuteurs, mais vraiment tous, ont été ultra choqués de cette situation kafkaïenne au possible d’être accusée de maltraitance par la directrice de l’école car ma fille ne voulait pas aller à ce fameux voyage scolaire et de tous ces reproches sur l’adoption, le nom, la nationalité française, etc, etc.
Il fallait être dans les codes, dans la norme et nous ne l’étions pas. De fait, pour ces gens là, je suis une mauvaise mère. Un monstre. Je n’imaginais pas que la France était devenue comme cela… Quoique…
Accusée de maltraitance par la directrice de l’école : classement sans suite par le CRIP
Le 28 mai 2023, le temps était splendide. Nous sommes sorties nous promener avec ma fille et, au passage, avons pris le courrier. Et là, surprise : une lettre émanant de la Mairie de Paris. Le temps était radieux. Je me précipite pour ouvrir la lettre et oh surprise, j’apprends que la CRIP (cellule du recueil des informations préoccupantes) a classé sans suite mon dossier faute de preuve. Je n’en revenais pas !!! J’ai pris ma fille dans mes bras, lui ai fais de gros bisous et n’arrêtais pas de lire et relire cette fabuleuse nouvelle. Mais tout cela me paraissait tellement incroyable que j’ai appelé la fameuse CRIP à deux reprises afin d’être sûre et certaine qu’il n’y avait pas eu d’erreur. D’ailleurs même maintenant, j’ai encore peur que le cauchemar recommence.
Accusée de maltraitance par la directrice de l’école : phobie de l’éducation nationale et des collèges publics
Je n’ai jamais été très encline à mettre ma fille dans le public. Et encore mois après cette histoire. Les résultats au Brevet des collèges des établissements alentours sont très médiocres, la laïcité n’est pas respectée (espérons que Gabriel Attal, notre nouveau ministre de la l’éducation nationale remettra de l’ordre). Hélas, je ne savais pas que pour inscrire un enfant en 6ème dans le privé, il fallait, à Paris, s’y prendre en octobre. Novembre grand maximum.
Les assistantes sociales m’accusant de maltraitance sur ma fille m’ont traumatisées et rendues malades
Et en plus, n’oublions pas que pendant plus de 9 mois j’étais dans toutes ces histoires de maltraitance d’enfant, n’arrivais plus à manger ni à dormir, avais des menstruations quasiment non stop (et oui j’ai une endométriose en plus qui est un véritable handicap vu le flux, que dis-je les hémorragies que je subis chaque fois que j’ai mes règles!), et d’énormes angoisses .
Alors, alors, j’ai pris du retard et ma fille est sur liste d’attente depuis janvier, pas dans de formidables collèges (les meilleurs sont pris d’assaut) mais dans deux moyens. Ce qui est toujours moins pire. D’autant que cette horrible directrice qui m’a accusée de maltraitance est très amie avec le proviseur du collège où ma fille est affectée. Résultat : je suis littéralement paniquée à l’idée d’aller dans cet endroit et que tout recommence. Car ce que je ne vous avais pas dis c’est qu‘en grande section de maternelle, la directrice de l’école avait également prévenue les services sociaux pour vérifier que l’adoption était correcte et en règle !!!
Que veulent me faire passer comme message les directrices d’école et les services sociaux ? Que je ne suis pas légitime comme Maman vu que je n’ai pas porté mon enfant ? Que je suis une sous-mère ? Que je ne mérite pas d’avoir un enfant ????
Moi qui aime ma fille plus que tout et fais, comme tous parents le maximum pour qu’elle soit heureuse, épanouie, fasse plein d’activités enrichissantes,… vous ne pouvez pas imaginer à quel point toute cette histoire m’aura traumatisée.
Sophie Madoun