L’UFC-Que Choisir alerte sur les graves conséquences de la diminution de l’accès aux soins médicaux, suite à une étude exclusive. Refusant la dégradation de la qualité des soins, l’association presse le gouvernement d’agir rapidement pour appliquer une thérapie de choc.
Le FPU (Forfait Patient Urgences) appliqué aux usagers des hôpitaux sans hospitalisation depuis le 1er janvier 2022 suscite l’indignation de l’UFC-Que Choisir. Cette ponction financière injuste repose sur l’idée erronée que les patients pourraient se tourner vers les médecins de ville plutôt que les urgences. Pourtant, une analyse économétrique inédite menée par l’association révèle que la densité de médecins libéraux a un impact significatif sur la fréquentation des urgences. La diminution de 1 % de l’offre de médecine de ville augmenterait de manière mécanique et importante le nombre de passages aux urgences, de plus de 100 000 sur une année au niveau national.
Risque de dégradation de l’offre de soins et aggravation de la fracture sanitaire
Il est crucial de comprendre l’impact d’une offre de soins de ville insuffisante sur la fréquentation des services d’urgence, d’autant plus que l’offre de médecine libérale, qui est déjà faible, va continuer à se détériorer. Selon la Drees, d’ici 2030, la densité de médecins libéraux devrait baisser d’environ 5 %, en raison du resserrement du numerus clausus à la fin des années 1970, qui a considérablement réduit le nombre de médecins formés pendant 20 ans. Aujourd’hui, 31 % des médecins libéraux ont plus de 60 ans, dont 16 % ont même plus de 65 ans.
Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’elle pourrait aggraver les inégalités territoriales, si le principe de la totale liberté d’installation des médecins n’est pas remis en question. L’étude de l’UFC-Que Choisir montre que les départements les moins bien pourvus en généralistes libéraux sont souvent ceux où l’âge moyen des praticiens est le plus élevé. Par exemple, bien que la densité de généralistes libéraux soit plus de deux fois inférieure en Eure-et-Loir qu’en Finistère (48,5 généralistes pour 100 000 habitants contre 108,2), l’âge moyen des praticiens y est beaucoup plus élevé (56,3 ans contre 45,9 ans).
Politique de formation : encore des défaillances
Malgré la mise en place du numerus apertus en 2020 en remplacement du numerus clausus, la formation en médecine reste déficiente, avec un nombre d’étudiants admis en deuxième année qui stagne depuis les années 1970, malgré une augmentation de la population de 25%. Cette politique de rationnement de la formation se traduit par le rejet de 65% des étudiants en Parcours d’accès spécifique santé (PASS), même s’ils ont validé leur première année. De plus, un quart des étudiants en deuxième année de médecine n’achèvent pas leur formation, principalement en raison de conditions d’apprentissage médiocres, témoignant d’un manque de moyens consacrés à la formation. Pour répondre aux besoins des usagers du système de santé, l’UFC-Que Choisir a saisi le ministre de la Santé et la ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et demande :
- De coordonner la médecine hospitalière et la médecine de ville pour assurer la permanence et la continuité des soins, en brisant les silos entre les deux ;
- D’augmenter la capacité de formation des facultés de médecine pour répondre aux besoins de la population dans les 10 prochaines années ;
- De prioriser la formation de spécialistes et la couverture des régions où la demande de soins dépasse largement l’offre médicale.
Sources :
(2) Pour la collecte des données et leurs traitements économétriques, l’UFC-Que Choisir a eu recours à l’expertise de SKEMA Business School. Les détails de la méthodologie et des résultats obtenus sont consultables dans notre étude complète.
(3) Quota national de places en deuxième année de médecine, défini par arrêtés annuels, qui était en vigueur en France de 1971 à 2020.
(4) Nombre minimum « ouvert » d’admis en deuxième année, dans la limite des capacités des universités.