Un traitement innovant contre l’AVC, développé à l’Université de Caen, détecte et dissout les micro-caillots invisibles. Une percée scientifique qui promet des soins personnalisés, plus sûrs et plus efficaces pour les patients victimes d’accidents vasculaires cérébraux.

 

Chaque année, plus de 150 000 personnes sont victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC) en France.
Cette urgence médicale survient quand un caillot sanguin bouche une artère du cerveau, empêchant les cellules d’être oxygénées. Dans la majorité des cas, il s’agit d’un AVC ischémique.

Une équipe de l’Université de Caen Normandie vient de mettre au point un traitement innovant contre l’AVC capable de repérer et dissoudre les micro-caillots invisibles. Cette découverte pourrait révolutionner la prise en charge des AVC et sauver de nombreuses vies.

Un espoir majeur : un traitement innovant AVC mis au point à Caen

Les chercheurs du laboratoire PhIND (Inserm / Université de Caen / CHU de Caen / Cyceron) ont publié leurs résultats dans la revue Theranostics.
Ils se sont intéressés à un phénomène encore méconnu : après un AVC, de très petits caillots peuvent persister dans les vaisseaux cérébraux, bloquant encore la circulation du sang. Ces micro-thrombi sont invisibles aux examens classiques (IRM ou scanner) mais continuent de priver certaines zones du cerveau d’oxygène.

« Cette étude démontre qu’il est possible de combiner imagerie moléculaire et traitement dans une seule approche. Elle ouvre la voie à une médecine de précision de l’AVC, où l’on peut à la fois voir et traiter les obstructions cérébrales », explique Denis Vivien, professeur à l’Université de Caen et directeur du laboratoire PhIND.

Comment agit ce traitement innovant sur l’AVC ?

 

Schéma expliquant le fonctionnement du traitement innovant contre l’AVC mis au point par l’Université de Caen : injection de microparticules d’oxyde de fer recouvertes de polydopamine et de tPA, visualisées en IRM pour dissoudre les micro-caillots cérébraux.

Ce schéma montre le principe du traitement théranostique développé à Caen : les microparticules injectées dans le sang repèrent les micro-caillots et libèrent le médicament (tPA) pour les dissoudre, tout en permettant leur suivi à l’IRM.

Le médicament expérimental, baptisé IO@PDA@tPA, est ce qu’on appelle un agent théranostique, c’est-à-dire un produit capable de diagnostiquer et traiter en même temps.
Il combine :

  • des microparticules d’oxyde de fer, visibles en IRM, pour repérer les caillots ;

  • une couche de polydopamine, inspirée de la colle naturelle des moules, qui adhère naturellement aux caillots ;

  • et le tPA, le médicament utilisé en thrombolyse pour dissoudre les caillots sanguins responsables de l’AVC.

Chez la souris, ce traitement innovant pour l’AVC (accident vasculaire cérébral) a permis de :

  • voir les micro-caillots en temps réel ;

  • les dissoudre avec quatre fois moins de tPA qu’en traitement classique ;

  • réduire les lésions cérébrales et accélérer la récupération ;

  • sans provoquer d’hémorragie intracérébrale.

Un traitement innovant pour soigner l’AVC plus sûr pour les patients fragiles

Le tPA, utilisé depuis les années 1990, est très efficace mais peut provoquer des complications hémorragiques, notamment chez les patients âgés, hypertendus ou diabétiques.
Résultat : seuls 15 à 20 % des patients peuvent en bénéficier aujourd’hui.

Le nouveau traitement innovant pour l’AVC développé à Caen change la donne.
Grâce à sa formulation ciblée, il permet de dissoudre les caillots avec une dose quatre fois plus faible, réduisant ainsi le risque d’hémorragie tout en restant efficace.

« Réduire la dose sans perdre l’efficacité, c’est la clé : cela rend le traitement accessible à beaucoup plus de patients », explique Denis Vivien.

Chez les souris diabétiques, particulièrement vulnérables, les chercheurs ont observé une récupération cérébrale plus rapide et aucun effet secondaire grave.

Une médecine de précision grâce à ce traitement innovant  pour l’AVC

Cette découverte s’inscrit dans une nouvelle ère : celle de la médecine de précision.
Demain, les médecins pourraient :

  • visualiser les micro-caillots en direct à l’IRM ;

  • suivre leur dissolution ;

  • et ajuster la dose du traitement selon la réponse du cerveau.

Cette approche personnalisée pourrait transformer la prise en charge des AVC ischémiques, réduire les séquelles neurologiques (paralysies, troubles du langage, pertes de mémoire) et améliorer la qualité de vie des patients.

Références scientifiques

A. Picot et al., Engineered nanoconjugates for simultaneous detection and degradation of stroke-associated microthrombi, Theranostics, 2026, vol. 16, p. 1082-1102.
DOI : 10.7150/thno.119705

Le terme « théranostique » désigne une approche médicale qui combine dans un même outil la détection et le traitement d’une maladie.

Sophie Madoun