Enfants et ados ciblés par les pubs de paris sportifs. Bonus de bienvenue, premier pari remboursé et cotes alléchantes alimentent l’addiction.

 

Les pubs pour les sites de paris sportifs ciblent directement les enfants et les ados. Entre offre de bienvenue, paris gratuits ou premier dépôt bonifié, tout est pensé pour séduire les nouveaux joueurs et même les débutants. Selon Addictions France, 62 % des parieurs reconnaissent avoir été influencés par une publicité, et 83 % par un influenceur. Derrière la promesse de gagner facilement grâce aux meilleures cotes ou à un pari remboursé, se cache une véritable addiction aux jeux d’argent chez les plus jeunes.

Paris sportifs : une publicité omniprésente et séduisante

Les grands bookmakers comme Bwin, Betclic, Unibet ou Winamax inondent le marché. Sponsoring de clubs, pubs pendant les championnats, vidéos d’influenceurs, affiches avec codes promotionnels : impossible d’échapper à leur présence.

Leur objectif : banaliser le fait de parier. Avec un simple code promo, un combiné affichant des cotes alléchantes ou des offres promotionnelles, les adolescents sont poussés à ouvrir un compte-joueur lié à leur compte bancaire et à miser de l’argent réel.

Enfants et ados directement visés par les paris sportifs

L’étude d’Addictions France a analysé plus de 2 300 contenus et identifié plus de 113 influenceurs actifs. Leurs vidéos et posts atteignent plus de 33 millions d’abonnés.

Ces influenceurs partagent leurs pronostics, montrent comment créer une grille de tournois ou expliquent comment « optimiser » ses chances avec des paris sportifs en direct. Pour les ados, l’illusion est totale : miser devient aussi naturel que supporter son équipe.

L’illusion du gain facile chez les ados dans les paris sportifs

Les opérateurs multiplient les techniques incitatives :

  • offre de bienvenue et paris gratuits pour attirer les nouveaux joueurs,

  • promesse d’un pari remboursé en cas de perte,

  • possibilité de cash out rapide pour récupérer une partie de sa mise,

  • incitations à rejouer immédiatement après un échec.

Même les débutants sont happés par ces mécanismes, persuadés de pouvoir battre le système grâce à des pronostics ou à des combinés censés rapporter gros. Mais la réalité, c’est que la dépendance s’installe vite, surtout chez les plus jeunes.

Addiction et coût social : un danger pour les enfants et ados

Le jeu pathologique coûte 15,5 milliards d’euros par an à la société. Derrière l’écran d’un smartphone, un ado mise son premier dépôt en pensant jouer « pour rire »… mais il s’agit bien d’argent réel. Très vite, il tombe dans le piège de la dépendance : endettement, isolement, perte de confiance.

Pour les familles, les conséquences sont lourdes : tensions, difficultés financières et souffrances psychologiques.

Une législation dépassée face aux paris sportifs en ligne

L’Autorité Nationale des Jeux (ANJ) tente d’encadrer la publicité, mais près de 30 % des contenus d’influenceurs ne respectent pas la réglementation. Pire : 80 % ne diffusent pas les messages de prévention obligatoires.

Les formats éphémères comme les stories permettent aux opérateurs de contourner les règles, tandis que les sites de paris sportifs continuent de multiplier les offres promotionnelles pour séduire toujours plus d’ados.

Ce que propose Addictions France

Face à cette dérive, l’association appelle à :

  • interdire les pubs pour paris sportifs sur réseaux sociaux, TV et radio,

  • bannir le sponsoring sportif par les bookmakers,

  • supprimer les bonus financiers (paris gratuits, pari remboursé, offres de bienvenue),

  • instaurer des sanctions dissuasives, comme pour la loi Evin.

 

Enfants et ados en première ligne face à l’addiction

Les enfants et ados sont aujourd’hui en première ligne face à un marketing redoutable. Derrière les pubs séduisantes et les promesses de gains, se cache une addiction aux paris sportifs alimentée par des mécanismes pervers : premier dépôt, cash out, combinés, code promotionnel. Addictions France alerte : il est urgent d’agir avant que cette génération ne paie le prix fort.

Sophie Madoun