Face aux attaques de loups, le gouvernement annonce de nouvelles règles pour aider les éleveurs à mieux protéger leurs troupeaux de vaches et de chevaux.

 

Les attaques de loups sur les troupeaux se multiplient en France, touchant désormais aussi les bovins et les chevaux. Entre colère des éleveurs et nécessité de préserver une espèce protégée, l’équilibre est difficile à trouver. Pour répondre à cette tension croissante, le gouvernement encadre désormais les tirs de défense pour mieux protéger les troupeaux dans les zones les plus exposées. Un nouvel arrêté, publié au Journal Officiel, précise les règles à suivre et les conditions à respecter. Voici ce qu’il faut retenir.

Le gouvernement encadre les tirs pour protéger les troupeaux face aux loups

Signé le 21 juin 2025 par les ministres de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche, ainsi que de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, ce nouvel arrêté modifie celui du 21 février 2024.
Il précise les cas dans lesquels les préfets peuvent autoriser des tirs de défense contre les loups (Canis lupus) afin de protéger les troupeaux de bovins et d’équidés.

« Cet arrêté conjoint a été publié au Journal Officiel de la République le 22 juin 2025 », rappelle le gouvernement.

Ce texte s’inscrit dans l’application de l’article 47.IV de la loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire, qui autorise, à titre dérogatoire, des tirs sur des espèces protégées si des mesures de réduction de la vulnérabilité des troupeaux ont été engagées par les éleveurs.

« Cette évolution offre un cadre renforcé pour permettre aux éleveurs de défendre leurs troupeaux, notamment de bovins, qui représentent désormais près de 8 % de la totalité des attaques répertoriées sur des troupeaux domestiques », indique le Ministère de la transition écologique .

Ce que prévoit le nouvel arrêté : des mesures concrètes à mettre en place

L’arrêté publié le 22 juin 2025 introduit une liste officielle de mesures de protection des troupeaux, identifiée en collaboration avec les organisations professionnelles agricoles.
Avant de pouvoir demander une autorisation de tir, les éleveurs doivent prouver qu’ils ont mis en place au moins l’une de ces mesures sur chaque lot concerné.

Parmi les mesures listées :

  • Vêlages en bâtiment ou en parc sécurisé, ou à proximité immédiate ;

  • Élevage des animaux de moins de 12 mois en parc renforcé ou en bâtiment ;

  • Regroupement nocturne dans une enceinte protégée ;

  • Présence humaine renforcée autour des troupeaux ;

  • Utilisation de chiens de protection ;

  • Système d’alerte avec intervention humaine rapide ;

  • Appui sur des animaux moins vulnérables à la prédation.

 

Deux cas pour obtenir l’autorisation de tir

L’arrêté distingue deux situations dans lesquelles un préfet peut autoriser un tir létal sur un loup :

1. Si le troupeau a été attaqué récemment

Les éleveurs ayant subi une attaque dans les douze derniers mois pourront obtenir une autorisation, à condition qu’au moins une des mesures listées soit mise en place pour chaque lot concerné.

« Les tirs létaux de loups pourront être autorisés par les préfets de département sous réserve de la mise en place d’au moins une mesure de réduction de la vulnérabilité des troupeaux pour chacun des lots », précise le texte.

2. Si le troupeau est en zone à risque, sans attaque récente

Pour les élevages situés dans des zones soumises à un risque avéré de prédation, mais qui n’ont pas encore été attaqués, une autorisation pourra être accordée sur la base d’une analyse technico-économique territoriale.
Cette analyse devra être validée par le préfet coordonnateur du plan national d’actions sur le loup et accompagnée d’une justification individuelle de la situation de l’éleveur, tenant compte des mesures de protection déjà mises en œuvre.

Une nouvelle étape vers une gestion plus souple du loup en France

Ce nouvel arrêté complète un cadre juridique en évolution, face à une présence du loup de plus en plus marquée en France. Les éleveurs de bovins et de chevaux, longtemps moins concernés que les ovins, sont aujourd’hui de plus en plus confrontés à la prédation lupine.

« Cet arrêté vient compléter le cadre réglementaire existant qui concourt à la défense des troupeaux d’élevage, pour les éleveurs de bovins et d’équins », indique le gouvernement.

Enfin, ce dispositif s’inscrit dans un contexte européen en pleine évolution. Le reclassement du statut du loup, actuellement espèce strictement protégée, est en cours de discussion. Il pourrait devenir simplement protégé dès 2026, ce qui ouvrirait la voie à une gestion plus souple au niveau national.

« Le reclassement du statut du loup de strictement protégé à protégé au niveau européen amènera en 2026 de nouvelles modalités de gestion en droit français, actuellement en cours de définition avec un appui du groupe national Loup », conclut le Ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité, de la Forêt, de la Mer et de la Pêche.

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Ce qu’il faut retenir

  • Le gouvernement encadre officiellement les tirs de défense contre le loup, via un arrêté publié au Journal Officiel le 22 juin 2025.

  • Les éleveurs de bovins et d’équidés doivent désormais mettre en place au moins une mesure de protection (chien, parc sécurisé, regroupement nocturne…) avant toute demande d’autorisation.

  • Cet arrêté marque une étape importante dans la gestion du loup en France, en attendant un possible reclassement du loup au niveau européen en 2026, qui pourrait assouplir les règles.

  • Deux cas de figure sont prévus : en cas d’attaque récente ou si le troupeau se situe dans une zone à risque avéré de prédation.

  • L’objectif est de mieux protéger les troupeaux face aux loups, tout en respectant le statut protégé de l’animal.

 

 

 

Sophie Madoun