Vous avez eu un cancer du sein et l’un de vos sein est déformé et nécessite une chirurgie reconstructrice? Super nouvelle : le lipomodelage est désormais pris en charge par l’assurance maladie. Explications.
Introduit dans les années 1990, le transfert de graisse (encore appelé Lipomodelage, Lipofilling, Auto-greffe de tissus adipeux) concernait surtout le visage pour venir en aide aux malades du sida. Cette technique a été rendue possible par les travaux du chirurgien plasticien new-yorkais Sydney Coleman qui, le premier, a conçu et standardisé cette procédure. Débutés en 1998, les travaux du Dr. Emmanuel Delay, chef de service de chirurgie Plastique, au Centre anti-cancer Léon Bérard de Lyon, ont permis l’optimisation du lipomodelage au niveau de la poitrine.
Depuis janvier 2015, la Haute Autorité de santé a validé son utilisation pour les seins.
Et depuis le 1er octobre 2017, et dans le cadre d’une chirurgie réparatrice uniquement, le lipomodelage peut être pris en charge par l’Assurance Maladie avec de nouveaux codes pour cette intervention, qu’elle intitule dans la CCAM (Classification commune des actes médicaux) : autogreffe de tissus adipeux1.
Le lipomodelage a révolutionné la reconstruction mammaire tant en, chirurgie réparatrice après traitement conservateur du cancer du sein et de malformations, qu’en chirurgie esthétique où il est utilisé de façon exclusive, seul ou en combinaison avec une prothèse sous la forme d’une Augmentation Mammaire Composite.
« La graisse, une ressource précieuse », affirme le Dr. Aurélie Fabie-Boulard, chirurgien plasticien, Présidente de la SOFCEP, « son apport en cellules souches est un véritable cocktail de jouvence pour la peau. Nous l’utilisons pour rehausser les zones où l’on a besoin de volume ou de rondeur comme au niveau des seins, des fesses ou ailleurs. Cette technique minutieuse issue de travaux internationaux précis ne doit être pratiquée que par des chirurgiens plasticiens formés selon les règles rigoureuses de prélèvement traitement de la graisse pour aboutir à un résultat satisfaisant ».
Actuellement largement appliquée, tant en chirurgie plastique reconstructrice du sein, qu’en chirurgie plastique esthétique du sein, elle est aujourd’hui reconnue par la communauté scientifique et bien codifiée.
L’Assurance Maladie prend en charge la partie Sécurité Sociale des honoraires, mais, non le « dépassement d’honoraires » qui reste à la charge de la patiente, en fonction du niveau de remboursement de sa mutuelle.
Comment se déroule l’intervention ?
Sous anesthésie générale ou locale, l’intervention se décompose en trois étapes : prélèvement, centrifugation, réinjection. Dans un premier temps, la graisse en excès est prélevée par lipoaspiration (au niveau des cuisses, abdomen, fesses, culotte de cheval), puis elle est préparée (purifiée par centrifugation) et, lors de la même intervention, la graisse est transférée au niveau des seins à l’aide d’une micro-canule. Avant et après l’intervention, un examen radiologique est préconisé dans un centre spécialisé en imagerie mammaire.
Comment agissent les tissus graisseux en se greffant ?
Le lipomodelage consiste à réaliser une véritable greffe de tissu graisseux et à injecter de fins « spaghettis » de graisse qui vont devenir, une fois revascularisés, un composant vivant de la zone où ils ont été déposés. Le lipomodelage est alors définitif. A 3 mois, on obtient le volume final, qui est sensible aux variations de poids, d’où l’importance de la stabilité pondérale. Dans le cas d’une chirurgie réparatrice, il faut souvent au minimum deux séances de lipomodelage pour obtenir le résultat escompté car la graisse injectée se résorbe de 30% en moyenne. Dans le cas d’une chirurgie esthétique du sein, on réalise habituellement une seule séance.
LIPOMODELAGE APRES RECONSTRUCTION MAMMAIRE
Associé aux techniques de reconstruction mammaire (autologue, BRAVA, prothèses, Lambeaux…) le lipomodelage optimise les chances de retrouver une poitrine à l’aspect naturel. «
C’est l’avancée scientifique la plus importante de ces 20 dernières années en chirurgie reconstructrice et plastique du sein » affirme le Dr. Emmanuel Delay.
Rarement utilisé seul, il est très utile pour parfaire les résultats chirurgicaux, notamment pour des retouches localisées. Nous l’utilisons pour améliorer le galbe et les contours du sein, corriger une encoche, remplir des creux ou des zones déprimées même au-delà du sein, sur le thorax, si la mastectomie a été agressive. Les techniques de prothèses ou lambeaux laissent souvent des irrégularités, qu’une injection de graisse très localisée corrige parfaitement.
Dans les cas de séquelles de traitement conservateur du sein – Les cancers de petites dimensions sont traitées par tumorectomie, c’est à – dire ablation uniquement de la tumeur. Ce traitement conservateur peut cependant entrainer des déformations du sein du type rétraction, encoches et tout type d’anomalies de contour des seins.
Une fois assurée de la rémission du cancer, le lipomodelage est un excellent traitement pour combler et redessiner les contours rétractés et déformés du sein, et pour recréer le volume mammaire perdu. Il permet de retrouver une symétrie, tout en apportant de la souplesse au sein réparé.
Il faut attendre habituellement 2 ans après un traitement conservateur pour envisager le lipomodelage, et faire un bilan complet avec mammographie, échographie et IRM.
LIPOMODELAGE ESTHETIQUE
« Remodeler ses seins tout en resculptant sa silhouette…un rêve devenu réalité pour bon nombre de nos patientes », reconnaît le Dr. Thierry Van Hemelryck, chirurgien plasticien, « la lipoaspiration acte associé au lipomodelage des seins concourt à une complète modification du schéma corporel. »
Plus de rondeur et de naturel – Le lipomodelage va corriger une asymétrie de volume sans cicatrice, regalber le décolleté et des seins « vidés » (amaigrissement, grossesse, allaitement) ou apporter un léger supplément de volume – un bonnet maximum aux petites poitrines.
Pour une augmentation de deux bonnets ou plus, il faudra plutôt envisager une Augmentation Mammaire Composite combinant le transfert graisseux à la mise en place d’une prothèse. La prothèse donne le volume et le lipomodelage parfait le résultat notamment à la périphérie du sein, la prothèse est ainsi indétectable à la vue et au toucher, le sein est plus souple et le décolleté regalbé.
Les limites
Cette technique n’est possible que lorsque l’on dispose d’un « capital adipeux » suffisant pour permettre un prélèvement de la graisse dans de bonnes conditions.
Cette technique réalisée seule permet une augmentation de volume modérée (un bonnet ou plus surement 1/2 bonnet) pouvant nécessiter plusieurs séances si la réserve en graisse le permet.
Les risques du lipomodelage
Les risques chirurgicaux du lipomodelage du sein sont faibles. Dans la mesure où il n’y a pas de décollement, il n’y a pas de risque d’hématomes. Le risque d’infection est infime (car il n’y a pas de risque d’hématome, et souvent, l’infection survient à la suite d’un hématome). Les risques mineurs sont le risque de nodules graisseux bénins.
1 Deux codes QEEB317 pour les autogreffes de tissus adipeux de moins de 200 cc, et QEEB152 pour les autogreffes de tissus adipeux de 200 cc et plus au niveau du sein.