Comment se forme le goût chez les enfants ? Comment donner envie aux enfants de manger des fruits et légumes? D’être curieux et de gouter à de nouvelles saveurs? Réponses.
L’HÉRITAGE GÉNÉTIQUE : UN RÔLE CLEF DANS LE DÉVELOPPEMENT DU GOÛT CHEZ L’ENFANT
Dès la fin de la vie fœtale, le fœtus puis le nourrisson acceptent le goût sucré. Ce n’est pas propre à l’espèce humaine et l’on retrouve la même caractéristique chez les primates par exemple. Il s’agit d’un avantage adaptatif pour la survie de l’espèce qui remonterait à 65 millions d’années : les plantes vénéneuses présentaient une amertume ou une astringence tandis que les aliments bénéfiques, énergétiques, possédaient une saveur sucrée. Toutefois, cette acceptation change selon les individus dès l’âge de 6 mois. La génétique joue donc un rôle dans l’attrait pour la saveur sucrée. Ainsi, les personnes qui possèdent la plus forte sensibilité pour l’amertume ont généralement moins d’attirance pour le sucré.
Nathalie Négro, responsable du centre nutritionnel des Thermes de Brides-les-Bains, décrypte ce phénomène « il ne s’agit pas d’une préférence pour le goût sucré de façon générale mais d’une appétence pour certains aliments sucrés. Ainsi, untel aimera les bonbons mais pas les glaces ou une pâtisserie particulière… L’attirance pour le goût sucré diminue spontanément en grandissant. Très forte chez les enfants, elle tend à diminuer en fin d’adolescence, avec le ralentissement de la croissance : c’est une régulation biologique. »
LES HABITUDES FAMILIALES, AUTRE FACTEUR D’INFLUENCE
Contrairement aux idées reçues, l’enfant ne rejette pas d’emblée les aliments amers. Cela dépend des habitudes familiales et l’exemple donné par les parents est primordial. Pour un adolescent en revanche c’est l’influence des pairs qui est déterminante.
Vers l’âge de 2 ans, l’enfant entre dans une période particulière, que l’on appelle la néophobie: il redoute ce qu’il ne connaît pas. Comme les préférences alimentaires à 2-‐3 ans sont prédictives des préférences à 15-‐20 ans, il est essentiel d’ouvrir l’enfant à un maximum de saveurs.
On peut être amené à présenter jusqu’à 8 fois (parfois davantage) un aliment avant qu’il l’apprécie. Il ne faut donc pas se décourager et au contraire lui proposer régulièrement le même aliment, sous différentes formes, jusqu’à ce qu’il l’accepte. L’alternance dans la présentation des aliments améliore leur acceptation. Inutile donc de faire une ‘semaine carottes’, une ‘semaine épinards’, etc.
COMMENT FAIRE APPRÉCIER LES LÉGUMES AUX ENFANTS ?
Faire manger des légumes aux enfants n’est pas une mission aisée car ils allient des saveurs acides ou amères à un faible apport d’énergie. Or, le corps est programmé pour apprécier principalement les aliments caloriques, rempart contre la famine. Pourtant, les légumes sont primordiaux pour une alimentation saine et équilibrée.
Les faire participer
Il existe plusieurs astuces pour faire manger des légumes aux enfants, comme les faire participer en cuisine ou faire les courses avec eux pour les sensibiliser aux différents aliments. Et pour que cela fonctionne, il faut aussi regarder ce qui se passe côté fourneaux :
- Réaliser des poêlées alliant légumes, féculents, viande ou poisson.
- Varier les formes de présentation : purées, gratins, flans…
- Utiliser de temps à autre une noisette de beurre crue pour aider à leur faire consommer plus facilement certains légumes.
- Travailler les assaisonnements : utiliser des épices douces, des herbes aromatiques.
- Prendre l’habitude de servir un fruit à la fin du repas.
- Ne pas hésiter à le couper ou à préparer des salades de fruits.
- Jouer avec les couleurs, la présentation. Encore plus que l’adulte, l’enfant est sensible à la variété des couleurs dans un repas.
- Manger en famille et montrer le plaisir que l’on a à manger.
Nathalie Négro précise « Que ce soit de façon innée pour le petit enfant ou pour des besoins de croissance en grandissant, les enfants ont un attrait marqué pour la saveur sucrée. Pour autant, il ne faut pas les encourager à consommer des produits sucrés à tort et à travers, ni les brimer ! L’alimentation ne doit être ni une récompense, ni une punition. Un enfant qui s’est fait mal ou a du chagrin n’a pas besoin de manger, il a besoin d’être soigné ou d’un câlin. Un enfant qui a fait une bêtise n’a pas moins faim donc il ne doit pas être privé de dessert. »
Choisir des instants de consommation
L’idéal, c’est de garder les produits sucrés pour le goûter (mais pas tous les jours) et pour les desserts (mais pas tous les jours non plus).
- Pour les enfants comme pour les adultes, on peut instaurer un rituel, par exemple, une pâtisserie ou autre dessert sucré en milieu de semaine et un autre pendant le week-end.
- Distiller de petites quantités de sucre ou équivalent (miel, confiture…) au quotidien par exemple dans un yaourt, en dosant à la cuillère à café (une seule est suffisante). On peut ajouter éventuellement une épice pour accentuer le goût sucré.
- Au goûter, pour les adultes comme pour les enfants, rien ne vaut une tranche de pain avec une barre de chocolat (celui que l’on préfère) ou un peu de confiture ou de miel. On conservera les biscuits une ou deux fois par semaine.
- Quant aux confiseries, si l’enfant est adepte de bonbons, l’idéal est de les conserver pour les occasions festives (anniversaires, fêtes de famille…).
- Éviter autant que possible les desserts lactés, boissons sucrées, ketchup… Très appréciés des enfants et adolescents, ils contiennent de trop grandes quantités de sucres pour être consommés quotidiennement. De plus, les desserts lactés, malgré leur nom et leur positionnement dans les supermarchés, sont souvent dépourvus de lait ou en contiennent en trop faible quantité pour être intéressants. Mieux vaut fabriquer soi-même ses crèmes dessert.
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