On pense que l’autisme enferme l’individu de notre monde. Et si la réalité était toute autre? Et si les autistes avaient un autre niveau de conscience que le nôtre? Plus aiguisé. plus sensible, plus aigu? Dans l’ouvrage Revu et corrigé par un autiste Asperger Pierre-André Pelletier se confie et nous éclaire sur sa vision de son monde. Passionnant!
La bulle dans l’autisme, c’est un mythe ou une réalité tu crois ?
« Je dirais plutôt que c’est un besoin vital pour les autistes de se retirer et d’être dans leur bulle, comme respirer. C’est une façon de se régénérer, de relâcher, de se contacter, de faire le vide. Il n’y a que soi-même avec soi-même. La tension diminue, le stress, l’anxiété aussi, toutes les tensions lâchent. Tous les stress que ça demande d’être en relation avec les autres et les règles tombent aussi. Dans mon cas, j’adore être seul, j’aime le silence. Sauf que pour les humains soit-disant « normaux », ils ne trouvent pas ça normal que les autistes soient dans leur bulle, seuls ou retirés. Ils ne trouvent pas cela socialement acceptable ; c’est seulement que la plupart n’ont pas pris le temps de réfléchir et que personne n’a pris le temps de leur expliquer pourquoi les autistes se retirent et pourquoi ce n’est pas seulement qu’un symptôme. Logiquement, quand on écoute ce qui est socialement acceptable, on répond à des règles, à la société ou à ce qui est extérieur à nous. Et dans les faits, ce qui est socialement acceptable est souvent construit pour la masse et les gens se font piéger certaines fois à écouter toutes ces règles de masse, car elles ne tiennent pas compte des besoins individuels. Et quand on ne tient pas compte des règles sociales, on écoute nos propres besoins, comme c’est souvent le cas pour les autistes qui sont plutôt en contact avec leur conscience et leur vérité à l’intérieur d’eux. Par conséquent, ils écoutent souvent leurs propres besoins en premier, peu importe que ça plaise ou non. Et les gens « normaux » qui répondent à ce qui est socialement acceptable, ils ne tiennent pas compte généralement de leurs propres besoins, car encore une fois ils ne réfléchissent pas ou ne s’assument pas. Ils suivent la route et ne mettent jamais de Conscience. Toutes ces règles sont souvent construites pour plaire ou bien paraître à l’extérieur. Par exemple, j’ai toujours détesté Noël, car il y avait trop de règles sociales à suivre, comme donner un cadeau à quelqu’un que je n’aimais pas vraiment, rester jusqu’à minuit seulement pour dire Joyeux Noël à cette heure et faire bonne figure ou encore parler avec des gens pour qui je n’ai pas d’intérêt ! Toute cette mascarade imposée et mise en place m’a toujours dépassé et a toujours été trop pour moi. Alors j’ai souvent refusé Noël parce que je sentais ces règles non dites et les réactions des autres qui me trouvaient nul parce que je ne pouvais pas répondre à la règle. Ici, même si tout ce que j’explique n’était pas tout clair en mon esprit, ma Conscience m’a toujours parlé, par des malaises, des refus, des symptômes, peu importe que mes comportements aient été socialement acceptables ou non, car j’ai toujours été en contact avec ma Conscience. Il y a bien sûr, dans l’autisme ou chez les gens, des comportements anormaux qui ne sont pas acceptables, je le sais et ce n’est pas à ceux-là que je fais référence, mais je reviens à ce que l’on disait précédemment, dans le cas d’être seul ou retiré dans sa bulle, il n’y a pas de mal à ça. Tout le monde en a besoin, et surtout dans l’autisme c’est primordial. Le problème c’est que les gens « normaux » fuient leur solitude, car ils ne veulent pas contacter ce qu’ils ont à l’intérieur, leur souffrance, leurs blessures, leurs pensées, leurs peines, leurs erreurs. Ils préfèrent être divertis par l’extérieur ou endormis par la télé ou l’Internet. Alors ils voient davantage un problème quand les autistes agissent de la sorte, car ils fuient eux-mêmes et n’en connaissent pas les bienfaits. Mais ce qui est positif quand tu es seul, c’est que la Conscience émerge, le contact avec l’âme arrive, tu vois en toi ce qui ne fonctionne pas et autour de toi aussi. Et que d’être toujours en relation avec autrui ou stimulé par je ne sais quoi – les gens, la télé, la radio, l’Internet -, toute cette Lumière intérieure n’émerge pas, elle reste enfermée loin. Ce serait dans l’intérêt des humains « normaux » d’aller dans leur bulle et de vivre dans le silence : pour que ce monde se porte mieux…Les explications sont très profondes et la façon de décrire la bulle est très intéressante, ça donne un visage nouveau, une façon positive de considérer la bulle.
C’est juste que très peu d’autistes expliquent la bulle de la façon dont je vous la décris, car ce sont pratiquement toujours les personnes en autorité qui l’expliquent avec une connotation négative ou comme un symptôme. Bien sûr, il ne faut pas toujours être dans sa bulle et surtout en bas âge, car c’est là qu’on peut intervenir et montrer le droit chemin, encore faut-il le connaître ce chemin, mais la bulle permet de couper avec l’extérieur pour entrer à l’intérieur.
La bulle permet de couper avec l’extérieur pour entrer à l’intérieur.
Les autistes ont besoin d’être en contact avec leur Conscience, celle à l’intérieur d’eux. Si les autistes sont toujours en contact avec l’extérieur, les gens, les divertissements, la télé, l’Internet, le travail, l’école, c’est-à-dire que si leur Conscience est toujours extériorisée, ils ont des problèmes. C’est comme s’ils ouvrent les portes et les fenêtres de leur maison, cette maison ici représente leur corps, et qu’ils sortent de celle-ci. Que pensez-vous qu’il va se produire ? La maison va se remplir de toutes sortes de saletés et de vermines. Et dans les pires des cas, la maison va tellement être pleine que tout ce beau monde qui se trouve à l’intérieur va prendre le contrôle sur le corps et l’énergie de la personne et va se manifester par des comportements problématiques.
Et tu verbalises ce phénomène de cette façon parce que tu l’as vécu à maintes
reprises ?
Oui, je le connais même trop. J’ai vécu à répétition ce phénomène. Quand je suis en présence de gens, et plus précisément quand j’interagis, c’est comme si la porte de ma maison s’ouvre et que je laisse entrer l’autre en dedans de moi. L’interaction ouvre la porte de la maison. Par exemple, quand j’ai eu à faire un projet d’entreprise de formation, j’ai eu à interagir continuellement avec beaucoup de personnes. Ce qui se produisait dans ces périodes, dû au fait que ma porte était pratiquement toujours ouverte, j’avais beaucoup de problèmes, entre autres quand je mangeais, soit j’avais de la difficulté à avaler, soit j’étouffais ou j’avais des étourdissements, car j’établissais des relations interpersonnelles, ce qui ouvre justement les portes. Également je me sentais continuellement agité à l’intérieur, c’était comme une forme d’anxiété toujours présente en arrière-fond. Tous ces problèmes et l’anxiété n’étaient que la somme de tout ce qui était entré en dedans de moi, dans ma maison (mon corps) parce que j’ai été trop en contact avec l’extérieur ou les personnes impliquées dans mon projet.
Autre exemple significatif, un jour, il y a quelques années, j’ai écouté le film Hulk. Quelle erreur ! Pendant le film j’ai éprouvé divers symptômes, j’avais chaud, j’avais des sueurs partout sur mon corps, j’avais des palpitations. Ici, le fait de voir, de regarder et d’être en contact avec le film ouvrait la porte de ma maison et la vermine rentrait, c’est-à-dire les mauvaises énergies et ce que ce film vibraient, car les yeux et les oreilles sont des portes. Tellement il y a d’éléments qui sont entrés d’un coup, qu’à la fin du film, je suis devenu enragé comme Hulk au point de vouloir tout détruire ce qui était autour de moi. J’ai eu vraiment peur de ma réaction. Je regardais autour de moi et je voulais tout détruire. Mais j’avais déjà entrepris un cheminement personnel quand cette situation s’est produite, donc je savais que c’était Hulk qui était entré en dedans de moi. D’où l’importance de mettre son attention ou de porter son regard sur ce qui est positif. Parlant de film, j’ai toujours fui tous les films d’horreur ou violents, car je ne me suis jamais senti bien intérieurement à les écouter même seulement que deux minutes. Mais cette fois-là, quand j’ai écouté Hulk, je m’étais dit que si les autres l’écoutaient, je devrais être capable de le faire aussi. Je suis donc allée avec la raison et j’ai fait comme toute le monde, j’ai écouté ce film. Mais c’était une erreur, car j’ai eu des problèmes – de comportements, d’humeur, de difficulté à dormir, de l’anxiété après le film – et même pendant plusieurs jours après.
Donc pour sortir cette énergie, je savais que c’était rentré, je me suis retiré. Sauf que je n’avais pas les moyens que j’ai maintenant. Dans cette période de retrait, j’ai observé mes ressentis, j’ai respiré profondément, je me suis dissocié de mes malaises et de mes pensées et j’ai prié pour que cette
J’ai observé mes ressentis, j’ai respiré profondément, je me suis dissocié de mes malaises…
vermine sorte de moi. Le processus de libération a duré plusieurs jours, les symptômes se sont estompés progressivement. Le nettoyage de ma maison a été plus long parce que je n’avais pas tous les outils ni la Conscience d’aujourd’hui, mais je me suis juré de ne plus essayer de faire comme tout le monde, car j’ai eu très peur pour mon équilibre psychologique et ma sécurité. Tout ce chaos s’est produit parce que j’ai écouté un seul film et que ma Conscience a été extériorisée en portant l’attention sur quelque chose d’extérieur à moi. Imaginez l’intérieur de la maison de ceux qui regardent des centaines de films et la télé, elle doit être pleine !
Et si tu rapportes ces expériences à l’autisme, tu penses que ce phénomène de la maison se produit chez tous les autistes ?
Je ne le crois pas, j’en suis convaincu. Les autistes devraient vivre dans un monde de pureté. Mais malheureusement, sur la Terre, c’est tout le contraire qui se produit, c’est les ténèbres. Alors il faut nécessairement enlever toutes les sources de perturbations qui vibrent les ténèbres certaines fois, c’est tout un défi, car même les gens qui nous entourent sont sous l’emprise de l’ombre et ils entrent dans notre maison et la salissent. Mais ça ne paraît pas. C’est pour cette raison qu’il faut observer les ressentis, les comportements, ce qui cause de la souffrance même si on peut penser que ceux-ci font partie intégrante de l’autisme. Si par exemple, un enfant autiste a des tics, des obsessions, des crises, il signifie un message, il dit que sa maison est pleine et qu’il doit la nettoyer. C’est aussi pour cette raison qu’il faut se libérer, précisément nettoyer la maison, en tant que personne qui interagit avec un autiste, pour ne pas trop les remplir de souffrance. Les parents surtout doivent se libérer, nettoyer leur maison et mettre de la Conscience, pour aider les autistes. Quant à moi, je le sais maintenant, la Conscience c’est la solution à plusieurs égards pour mieux vivre avec la condition de l’autisme.
Merci beaucoup Pierre-André, pour cet exemple de la maison qui illustre bien cette première partie de ton parcours. Pour clore cette partie de ta vie, si tu résumais en quelques mots ton expérience de l’école du primaire et du secondaire, ce serait quoi ?
Être obligé de vivre dans une prison et les ténèbres. La société oblige les gens à marcher ce chemin et il y a des lois qui nous y obligent. En même temps, les humains ne sont pas nettoyés de leurs ténèbres alors ils créent un système de ténèbres avec les ténèbres en eux. Ils se pensent propres et beaux, mais en dedans, ils sont sales parce que la plupart des systèmes sont pensés et construits sur les bases de la souffrance et la prémisse de l’argent. Ce qui dicte le ton, la façon, les lois, les budgets, le nombre d’élèves par classe, l’aide aux enfants en difficulté par exemple, c’est l’argent. Partout dans le monde, les humains sont salis par la soif de l’argent. Tout est en fonction de l’argent alors les décisions sont prises dans ce but ultime et les besoins des êtres humains ne sont pas considérés, ils sont considérés en masse et non pas en tant qu’individus, tout cela, de façon fausse et erronée, car l’argent et les budgets sont en première ligne pour décider. Si tu n’as pas d’argent pour vivre dans ce monde, tu meurs ou tu es en mode survie. »