Dans quel pays occidental les femmes ont-elles le plus de difficultés à jouir ? Dans quel pays recense-t-on le plus de femmes qui simulent régulièrement un orgasme? Y a-t-il entre les pays des différences notables dans les pratiques ou les positions sexuelles les plus à même de les faire jouir ?
À l’occasion de la « Journée Mondiale de l’Orgasme » organisée ce lundi 21 décembre, le site de webcam CAM4.fr a commandé à l’Ifop la première grande enquête internationale portant sur les freins et les sources du plaisir féminin. Réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 8 000 femmes vivant dans les principaux pays d’Europe (France, Espagne, Italie, Royaume-Uni, Allemagne, Pays-Bas) et d’Amérique du Nord (États-Unis, Canada), ce sondage constitue une enquête de référence sur un sujet peu abordé dans les études internationales sur la sexualité alors même qu’il s’agit d’une des grandes questions de la sexologie depuis les travaux pionniers d’Alfred Kinsey. Il faut dire que la vision épidémiologique qui a imprégné les enquêtes de sexualité depuis l’explosion du sida n’a pas favorisé les travaux permettant d’évaluer l’efficacité des pratiques sexuelles sous l’angle de l’accès au plaisir et à l’orgasme.
Si elle confirme les enseignements de la dernière étude réalisée sur le sujet auprès des Françaises (cf. étude Ifop/Cam4 – Décembre 2014), cette enquête internationale met surtout en lumière le fait que c’est en France que les difficultés à atteindre l’orgasme affectent le plus de femmes.
Les 5 chiffres clés de l’enquête :
49% des Françaises admettent avoir « assez régulièrement » des difficultés à atteindre l’orgasme, soit le niveau le plus élevé de tous les pays investigués dans le cadre de l’enquête.
37% des Françaises ont joui « au moins une fois par semaine » ces trois derniers mois, soit la plus faible proportion observée dans les pays interrogés en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord.
52% des Françaises déclarent avoir « souvent » joui avec un partenaire au cours de leur vie, soit un taux très en deçà de celui mesuré dans les autres pays occidentaux.
31% des Françaises simulent « assez régulièrement » l’orgasme avec leur partenaire, soit le niveau le plus élevé observé en Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord.
25% des Françaises n’ont pas eu d’orgasme lors de leur dernier rapport, soit une proportion record en Europe, presque deux fois plus élevée par exemple que chez les Néerlandaises (15%).
En résumé
Si les Françaises souffrent de plus de difficultés à jouir que les autres femmes occidentales, ce n’est pas seulement en raison de certaines de leurs particularités : les taux élevés d’activité, de célibat ou de consommation de médicaments observés dans la population féminine hexagonale ne créant pas les conditions physiques ou psychologiques les plus favorables à un épanouissement sexuel (ex : fatigue, stress, situation sentimentale instable, baisse de la libido…).
Au regard des résultats de l’étude, leur singularité tient également au fait que les Françaises pratiquent moins souvent les techniques permettant en général aux femmes de jouir plus facilement comme la masturbation ou la double stimulation (clitoridienne et vaginale). En effet, en France plus qu’ailleurs, l’accès des femmes à l’orgasme semble freiné par une sexualité de couple encore trop « phallocentrée » : les pratiques sexuelles réalisées le fréquemment (ex : pénétration vaginale) n’étant pas celles qui favorisent le plus l’orgasme féminin. Certes, ce décalage entre leur prévalence et leur efficience s’observe dans l’ensemble des pays occidentaux mais il s’avère particulièrement important en France.
François Kraus, directeur d’étude à l’Ifop