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Comprendre le virus Zika

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L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a organisé hier une réunion d’urgence sur l’épidémie qui se propage « de manière explosive » sur le continent américain. Cette épidémie suscite un débat à la fois éthique et médical sur l’application du principe de précaution, certains pays d’Amérique du Sud ayant demandé aux femmes de différer leur projet de grossesse. Pas question, cette fois, d’être accusé d’avoir réagi avec retard, comme face à Ebola. Nos confrères de La Croix ont réalisé un dossier complet, ce jour, sur le Virus Zika. Extraits.

Hier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a tenu une réunion d’urgence contre l’épidémie de virus Zika, qui touche plus d’une vingtaine de pays sur le continent américain. Et, en fin de semaine dernière, c’est avec des mots alarmistes, alarmistes que l’institution sanitaire avait sonné le tocsin contre l’avancée du virus dans cette région. Il s’y « propage de manière explosive  », avait averti Margaret Chan, directrice générale de l’OMS. Tandis que ses services estimaient que de 3 à 4 millions de personnes pourraient être touchées cette année, sur ce continent, par cette maladie transmise
par des moustiques.

Comprendre le virus Zika

Le virus Zika est transmis par le moustique-tigre, également responsable de la dengue et du chikungunya. Cette espèce étant implantée dans une vingtaine de départements du sud de la France, il n’est pas impossible que, dans les mois prochains, apparaissent des foyers de Zika comme c’est arrivé pour le chikungunya. « Mais ils seront sans doute vite maîtrisés et les malades isolés. Il est très peu probable que survienne en métropole une
épidémie de grande ampleur, ce virus se propageant plutôt en zones tropicales » , souligne Rodolphe Hamel, ingénieur à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
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Quelle est la dangerosité du virus Zika?

En termes de dangerosité, le Zika n’a pourtant rien à voir avec le virus Ebola qui, en deux ans, a tué plus de 11 000 personnes en Afrique de l’Ouest. Longtemps considéré comme inoffensif, le virus Zika provoque, lui, quelques complications neurologiques (avec des douleurs musculaires et articulaires et le terrible syndrôme de Guillan-Barré) chez certains patients et des malformations cérébrales graves, des microcéphalies (cerveau atrophié) , chez des nouveau-nés contaminés durant la grossesse de leur mère. « Ce virus Zika n’est pas très grave, mais ces cas de microcéphalies sont préoccupants. Je crois que l’OMS a raison de donner l’alerte », estime le professeur Jean-François Delfraissy, directeur de l’Institut de microbiologie et des maladies infectieuses de l’Inserm.

Virus Zika, un débat médical, politique et éthique

Comme ses confrères, ce médecin s’interroge aussi sur le débat ouvert dans les pays concernés par cette épidémie inédite. Un débat à la fois médical, politique et éthique sur les limites à fixer dans l’application du principe de précaution. Faut-il restreindre un peu les libertés individuelles en
demandant aux femmes enceintes de ne pas voyager dans les zones touchées? Et faut-il, comme dans certains pays d’Amérique du Sud, demander aux femmes de différer leur projet de grossesse? « Ces questions sont légitimes et doivent d’abord être abordées entre le médecin et sa patiente », répond le professeur Delfraissy.
Comme pour Ebola, la maladie Zika n’a, pendant longtemps, pas intéressé grand monde, ni été perçue comme une menace majeure par les scientifiques internationaux.
C’est en 1947 qu’a été identifié le virus Zika pour la première fois chez un singe, en Ouganda. Le premier cas humain a, lui, été décrit en 1952 dans ce pays et en Tanzanie. Mais c’est surtout une épidémie, en 2013-2014 en Polynésie française, qui a attiré l’attention. « Au total, sur une population de 250 000 personnes, 32 000ont consulté pour un cas probable de Zika. Et 42 personnes ont développé un syndrôme de Guillan-Barré, une affection neurologique qui provoque une paralysie des membres et parfois des atteintes respiratoires graves », explique le professeur Arnaud Fontanet, responsable de l’unité d’épidémiologie des maladies émergentes à l’Institut Pasteur. À l’époque, pourtant, personne ne remarque quoi que ce soit chez les femmes enceintes. Il faudra attendre une nouvelle épidémie, déclarée en mars 2015 au Brésil, pour que l’alerte soit donnée. En novembre dernier, le ministère de la santé brésilien annonce qu’un nombre de microcéphalies, bien supérieur à la moyenne, a été recensé dans certaines zones du pays.
« La microcéphalie est une anomalie du développement du cerveau de l’enfant. Il se traduit par une taille plus réduite de la boîte crânienne mais aussi par des troubles psycho moteurs chez l’enfant », souligne le professeur Fontanet. « Une microcéphalie peut être provoquée par différents virus durant la grossesse, celui, par exemple, de la rubéole ou un cytomégalovirus », souligne le docteur Roger Bessis, président de la Conférence nationale de l’échographie obstétricale et foetale. « Une microcéphalie virale peut entraîner des atteintes cérébrales très sévères et justifier dans certains cas une interruption médicale de grossesse », précise-t-il.

Quels sont les risques, pour une femme enceinte touchée par Zika, de voir son bébé touché par une microcéphalie?

La question est cruciale dans les pays concernés. « Le risque semble très faible, mais on ne peut pas le quantifier avec précision. Tout cela est très nouveau et on manque de recul sur l’épidémie brésilienne » , indique le professeur Yazdan Yazdanpanah, chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Bichat à Paris. Même si le risque semble encore faible, les autorités sanitaires préfèrent jouer la prudence en déconseillant aux femmes de voyager dans les pays touchés. Cette recommandation est faite par les États-Unis mais aussi par la France. « Même si elle fait grogner quelques professionnels du tourisme, c’est une mesure de bon sens », estime le professeur Delfraissy.
Retrouver le dossier complet dans le magazine La Croix du 2 février 2016
Pierre Bienvault
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