100 ANS est un ouvrage formidable qui traite de tous les âges de la vie de 0 à 99 ans, en textes et en superbes images. 100 leçons sur la vie, l’amour et la mort, l’amitié et le bonheur, la peur et la douleur, l’espoir et les rêves. Sensationnel.

100 ANS est un livre destiné à toute la famille – aux enfants comme à leurs parents et grands-parents –, à feuilleter dans un sens comme dans l’autre. Enchanteur au possible, il ne pourra que ravir ceux qui l’auront entre les mains.

100 ANS est une co-éditions éditions du sous-Sol et le Seuil jeunesse qui a fait sensation à la dernière Foire de Francfort. 14 pays ont acheté les droits et il s’est vendu à 55 000 exemplaires en Allemagne, son pays d’origine. Un véritable phénomène littéraire plein d’émotion, de sensibilité, de douceur, de joie,… Comme la vie en fait…

REPRÉSENTER 100 ANS EN UN LIVRE, UN PROJET AMBITIEUX

HEIKE FALLER ET VALERIO VIDALI RÉPONDENT À NOS QUESTIONS

Comment le projet de 100 ANS est-il né ?

Heike Faller : L’idée de ce projet m’est venue lorsque j’admirais ma nièce tout juste née. Je pensais à toutes les choses qu’elle apprendrait– tristes et heureuses. J’ai commencé à imaginer ce livre pour sa sœur et elle. Elles ont maintenant 7 et 11 ans, et elles en sont très fières.…

Valerio Vidali : Ce livre est une idée d’Heike. Elle a découvert mon travail sur internet et puisque nous vivons tous les deux à Berlin, nous nous sommes retrouvés pour dîner et pour envisager une collaboration. Heike m’a expliqué l’idée de son livre et j’ai tout de suite adoré son concept.

100-ans-le-livre-sensationComment avez-vous travaillé ensemble?

Heike Faller : J’ai donné une soixantaine de phrases à Valerio. Il a commencé à faire ses illustrations puis lui et moi avons travaillé en ping-pong : j’adaptais les phrases en fonction de ses images et j’incluais les nouvelles idées de Valerio.

Valerio Vidali : L’élaboration du livre s’est faite de manière très vivante et spontanée. J’ai commencé à faire un story-board une fois que Heike m’a donné les premières phrases qu’elle avait écrites, puis nous nous sommes vus chaque mois pour travailler ensemble. Nous parlions de la vie et de nos expériences personnelles, nous discutions de ce qui manquait et de la façon dont nous pourrions améliorer la narration. Heike m’a donné la liberté d’écarter les phrases avec lesquelles je ne me sentais pas à l’aise, et de suggérer des thèmes ou des scènes qui étaient importants pour moi ; de la même façon qu’elle était libre d’écarter certaines de mes images et de mes idées. Bien sûr, parfois, nous tenions vraiment à des choses et nous devions argumenter et défendre nos choix, et finalement, trouver un compromis. Pour moi, cela a été un processus d’apprentissage magnifique et constructif.

Pourquoi avoir choisi plusieurs personnages plutôt que d’en suivre un de la naissance à la mort?

Heike Faller : Pour moi il a toujours été clair qu’il y aurait plusieurs personnages. Plus j’interrogeais de gens et plus il paraissait évident que nos leçons de vies sont assez universelles. Ça n’aurait eu aucun sens de choisir un seul personnage.

Valerio Vidali : J’ai choisi d’illustrer plusieurs personnages parce que nous voulions parler de la vie en général. Nous voulions que tout le monde se sente concerné d’une façon ou d’une autre. C’est quelque chose de très clair depuis le début.

A qui ce livre est-il destiné?

Heike Faller : Ce livre était à l’origine destiné aux enfants qui étaient censés le lire avec leurs parents ou leurs grands-parents. Je l’ai testé avec mes nièces et beaucoup d’autres enfants : ils adorent parler de la vie et de la manière dont elle évolue, même sans images. J’étais confiante : si je les prenais au sérieux sans écarter les événements les plus difficiles de la vie, ils aimeraient le livre. La maison d’édition (Kein & Aber) l’a proposé à tous les publics et ça a fonctionné. Maintenant il est offert aux gens de tous les âges, et j’entends souvent que c’est une lecture intergénérationnelle : adultes et parents âgés, grands-parents et petits-enfants, etc.

Valerio Vidali : Honnêtement, je pense rarement à mes lecteurs, je pense toujours à moi enfant : quel livre j’aurais aimé à l’époque et aujourd’hui en tant qu’adulte. Pour ce projet, le concept était de faire un livre sur la vie de tout le monde. Bien sûr, nous savions qu’il n’était pas possible de décrire toute la complexité et les nuances de la nature humaine en cent images, mais nous savions aussi qu’en tant qu’êtres humains nous avons beaucoup d’expériences communes. Nous avons tous eu une enfance, nous avons tous des sentiments, nous avons tous une façon d’aimer, et nous avons tous des peurs. Le vrai défi était d’éviter, dans la mesure du possible, de tomber dans des clichés et des stéréotypes.

Le livre est un succès en Allemagne et a été vendu dans le monde entier. Comment l’expliquez-vous ?

Heike Faller : Il bouleverse beaucoup de gens, et c’est le grand pouvoir des livres (ce à quoi je ne m’attendais pas forcément). C’est devenu un cadeau pour les gens de tous les âges. Et c’est un très bel objet, magnifiquement illustré, qui a été très vite remarqué par la communauté Instagram. Il est devenu un best-seller en Corée du Sud où, en trois mois, il a été photographié 500 fois sur Instagram et a été vendu à 9000 exemplaires pendant cette période !

Valerio Vidali : Je n’ai jamais compris ce qui faisait qu’un livre avait du succès, ou pas. Je n’ai jamais réussi à l’expliquer. C’est une incroyable surprise pour moi !

Êtes-vous intervenus dans des écoles, avec des enfants autour de ce livre depuis sa sortie en Allemagne ?

Heike Faller : Oui, j’ai fait des lectures dans des classes. Les enfants aiment parler de leurs expériences, en particulier les plus difficiles ; comme lorsqu’ils comprennent que la vie a une fin. Généralement, au bout d’une heure et demie, ils ont encore des choses à dire.

Quels sont les plus beaux, les plus justes retours de lecture que vous avez reçus ?

Heike Faller : Un libraire à Berlin m’a envoyé un texto il y a deux semaines : « Il y a une femme assise dans coin qui lit ton livre et qui pleure. » Un ami m’a envoyé une lettre dans laquelle il me parle d’une femme âgée qui a lu le livre et qui lui a dit que ça l’avait aidé à trouver la vie plus supportable depuis la mort de son mari. Un autre ami m’a dit : « Parmi toutes les difficultés au quotidien, ce livre nous montre qu’il existe une petite musique qui rythme tout cela et c’est très apaisant ».

Valerio Vidali : J’ai vu des amis lire le livre avec leurs enfants, et pour moi c’était une belle expérience. J’ai vu que le livre pourrait servir de catalyseur pour le dialogue. Enfants, parents, grands-parents peuvent se réunir et parler de toutes sortes de sujets, c’est un merveilleux moment en famille. Je n’avais jamais pensé à cet aspect possible du livre et pour moi, cela a été une belle surprise. Je suppose que c’est le secret ultime de son succès.

 

100 ans. Tout ce que tu apprendras dans la vie de Heike Faller (texte) et Valerio Vidali (illustration), Traduction d’Olivier Mannoni, Éditions du Sous-sol et de Le Seuil Jeunesse, 19,90 euros