Depuis le début de la pandémie Covid-19, les masques chirurgicaux sont quotidiennement utilisés par des millions de personnes. Sur la base d’enquêtes menées par la DGCCRF, l’Agence a évalué les risques sanitaires liés à la présence de substances chimiques dans les masques chirurgicaux. Elle ne met pas en évidence de dépassement de seuils sanitaires dans les conditions d’utilisation préconisées.
Des enquêtes menées à titre exploratoire
Compte tenu de l’utilisation massive et quotidienne des masques chirurgicaux depuis le début de la pandémie Covid-19, la DGCCRF (Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes) a mené deux campagnes de prélèvements en 2020 puis 2021, sur plusieurs dizaines de références de masques chirurgicaux destinés au grand public. L’objectif était de rechercher les substances chimiques présentes dans ces masques. L’Anses a été saisie pour évaluer les risques sanitaires éventuels liés à l’inhalation de ces substances ou à leur contact avec la peau.
Des résultats rassurants dans des conditions d’utilisation strictement respectées
Lors des enquêtes, les résultats des analyses ont mis en évidence la présence de plusieurs substances chimiques : des dioxines, des furanes, des PCB-DL (polychlorobiphényles – dioxin-like), des HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) et des COV (composés organiques volatils).
Les expositions aux substances chimiques retrouvées dans les masques ne dépassent pas les seuils sanitaires, aussi bien pour les adultes que pour les enfants. Ces évaluations ont été réalisées dans des cas où les conditions d’utilisation préconisées par le HCSP sont respectées : changement de masque toutes les 4 heures maximum, masque porté dans le bon sens, etc.
« Dès lors que les préconisations de port de masques sont respectées, ces résultats sont plutôt rassurants. Le respect des seuils sanitaires garantit en effet l’absence de risque pour la santé des populations, que ces substances soient inhalées ou en contact avec la peau » explique Céline Dubois, coordinatrice de cette expertise à l’Anses.
Maîtriser la composition des masques chirurgicaux et les sources de contamination
L’Agence a souhaité aller plus loin en recherchant l’origine de ces substances chimiques. Les dioxines/furanes/PCB-DL analysés ne seraient pas ajoutés de manière intentionnelle par les industriels. Leur présence pourrait résulter d’une contamination provenant des procédés de fabrication ou d’une contamination externe.
« Une hypothèse pourrait être l’utilisation de matières premières contaminées pour fabriquer les masques » précise Céline Dubois. L’origine exacte des HAP et COV n’a pas pu être identifiée.
L’Agence rappelle la responsabilité des fabricants et metteurs sur le marché en matière de maîtrise de la composition des masques chirurgicaux.
« L’expertise ayant été conduite dans des délais contraints, nous n’avons pas pu étudier le relargage des substances émises par les masques, seulement leur composition » indique Céline Dubois.
Aussi, l’Agence recommande que les fabricants et metteurs sur le marché réalisent une évaluation du relargage des substances chimiques ou de particules contenues dans ces masques. Par ailleurs, elle considère que les fabricants et metteurs sur le marché devraient prendre les mesures nécessaires pour maîtriser les sources de contamination de leurs produits, notamment dans le cadre d’une utilisation de polypropylène (composant principal des masques) s’il est recyclé.
La composition des barrettes nasales et des élastiques, ainsi que la nature des colorants utilisés, devraient être documentées par les industriels pour pouvoir être également évalués. Enfin, les allergènes connus contenus dans les masques chirurgicaux devraient être clairement affichés sur l’emballage.
Substances chimiques dans les masques chirurgicaux ? Privilégier les masques sans graphène
En avril 2021, les autorités canadiennes ont retiré du marché plusieurs références de masques de protection FFP2 contenant du graphène sur la base d’un potentiel risque pulmonaire lié à l’inhalation de particules de graphène une des substances chimiques dans les masques chirurgicaux. Ces mêmes références ayant également été distribuées en France, en particulier aux professionnels de santé, les autorités françaises ont suspendu la distribution de ces masques dans l’attente d’une évaluation des risques par l’Anses, saisie par la Direction Générale de la Santé.
Suite à son expertise, l’Agence souligne que les données disponibles ne mettent pas en évidence de situations d’exposition préoccupantes. Pour autant, il est impossible d’évaluer le risque pour la santé liée à l’exposition au graphène, en raison du manque d’information sur le graphène utilisé par les fabricants et sur la toxicité de cette substance, en particulier à long terme. Par ailleurs, l’Agence constate que les objectifs visés par les fabricants du fait de l’ajout de graphène dans les masques ne sont ni exprimés ni démontrés. L’Agence note également que les autorités canadiennes ont levé à l’été 2021 la suspension des références après avoir analysé des données complémentaires fournies par le fabriquant.
A l’issue de cette expertise, l’Anses recommande aux autorités publiques de privilégier la mise sur le marché ou la mise à disposition de masques sans graphène.
Aux fabricants et metteurs sur le marché, l’Agence rappelle qu’ils ont la responsabilité de garantir la sécurité d’emploi de leurs produits pour les consommateurs. Cette responsabilité inclue celle d’apporter toutes les données permettant de juger de la nature exacte des matériaux employés, et de démontrer leur utilité dans le produit et leur innocuité dans les conditions normales d’utilisation, tant pour les consommateurs que pour l’environnement.
Quelle réglementation pour le graphène ?Le graphène est un matériau synthétique innovant composé d’une ou plusieurs couches d’atomes de carbone disposés en réseaux. En Europe, son utilisation en tant que substance biocide n’est pas autorisée aujourd’hui, quel que soit le type de produit envisagé. Lorsque des boîtes de masques mentionnent la présence de graphène pour une activité biocide, celles-ci sont donc retirées du marché par la DGCCRF pour non-respect de la réglementation. |
Les données concernant la toxicité de ces nanoparticules de graphène sont encore parcellaires : pour leur présence dans les masques, l’intensité du relargage constitue un élément essentiel du risque et, ici l’exposition dans les masques respiratoires est longue, donc assez préoccupante : https://www.officiel-prevention.com/dossier/protections-collectives-organisation-ergonomie/risque-chimique-2/la-prevention-des-risques-professionnels-des-nanomateriaux …