Depuis plus de 500 ans, Valentin de Terni, désigné par l’Église catholique par le pape Alexandre VI, est le patron des amoureux. Fête commerciale, elle est aussi l’occasion de manifester nos sentiments à l’être cher sans pour autant tomber dans le consumérisme. Une date qui pose aussi la question du sentiment amoureux, du coup de foudre. Existe-t-il vraiment encore dans notre société où les relations sont hyper digitalisées ?

Tout d’abord, “tomber amoureux” est un sentiment instinctif. C’est une décision qui intervient dans notre inconscient, c’est-à-dire, comme l’expliquait Freud, “l’instance psychique, distincte de la conscience mais qui est capable d’élaborer une pensée”. C’est pourquoi, nous ne ne maîtrisons pas toujours nos actes et nos émotions, dont l’amour fait partie. Mais plus étonnant encore, cette affection en construction, s’élabore dans notre cerveau à partir des images des adultes, des parents  qui ont été nos référents affectifs durant notre enfance. Ou d’autres proches qui ont laissé en nous une empreinte. L’amour se diffuse en nous avec cette sensation confuse d’émotions et d’intrigues, difficilement saisissables. En quelque sorte, nous sommes à la recherche “d’un père ou d’une mère amélioré”.

L’amour 3.0

Mais pour faire naître une rencontre bouleversante, les modes ont changé. Autrefois, on se rencontrait dans un mariage, un bal, à la faculté. Aujourd’hui, les applications de rencontre ont pris le pas. L’amour version 3.0 tant appréciée des 18-35 ans et qui a remplacé pour les adultes plus mûrs, l’agence matrimoniale. Seulement, ce mode de rencontres a ses limites et il n’est pas rare, en consultation, qu’un patient consulte pour un échec amoureux provoqué par le virtuel. Ce monde des applications est en réalité complètement déconnecté de l’humain. Et les répercussions psychologiques sont loin d’être neutres : perte d’estime de soi, addiction, peur du rejet, syndrome d’abandon…Mais aussi détresse et isolement, voire parfois dépression et troubles de la sexualité. L’amour 3.0 et d’abord un renforcement des fausses croyances et une forme de dépendance affectivo-sexuelle générées par les applications.

Nouvelles formes de familles

D’autres réussissent la rencontre classique et durable parce que vécue de chair et de sang. Nos sens jouent un rôle fondamental en ce sens. Regard et voix y contribuent largement. On se plait au travail, on se rencontre à la machine à café, à la salle de sport mais aussi dans les associations ou au cours d’un voyage. Comme dit Boris Cyrulnik, il s’agit alors “du plus joli moment pathologique d’un être humain normal”. Après ce sentiment d’exaltation intime, on se met en couple. Mais plus forcément à l’image de la famille traditionnelle composée d’un papa, d’une maman qui est l’archétype de la famille dite nucléaire. Aujourd’hui, il se crée plus une niche sensorielle où l’on partage une vie à deux par amour mais aussi par commodités. Il y a un contrat que l’on hésite pas à rompre si les intérêts professionnels, personnels et intimes ne peuvent plus se rejoindre. Surtout si le couple devient une entrave au développement personnel.

Dans tout cela, comment cultiver l’amour et faire de ce 14 février, une réussite, une prise de conscience pour faire grandir son couple ? D’abord, il est difficile d’aimer quelqu’un d’autre si l’on ne s’aime pas soi-même. Certes, il ne s’agit pas de développer un narcissisme pathologique. Déculpabilisons de suite : travailler à son propre développement n’est pas une démarche égoïste. Elle développe l’altruisme. Comme le prouvait Erich Fromm, psychanalyste : “les personnes égoïstes sont incapables d’aimer autrui, mais elles sont tout aussi incapables de s’aimer elles-mêmes”.

S’aimer avec application

Pour entretenir la flamme, avoir et passer du temps à deux régulièrement est le ciment indispensable pour que le quotidien ne tue pas le couple. En plus de s’aimer, il faut aussi se le dire régulièrement, convoquer des choses positives. Avoir une vie émotionnelle, intime et sexuelle bien sûr. Se répartir les tâches au quotidien. Et puis la relation persiste aussi par une multiplicité de facteurs que l’on a tendance à oublier aujourd’hui et qui font pourtant la solidité d’une vie à deux : la confiance, la fidélité, le respect, des valeurs communes. Eh oui, dans une société hyper sexualisée, on a sans doute tendance à l’oublier dans une société hypersexualisée et pourtant, des couples durent encore parce qu’ils ont trouvé cet équilibre de relation. N’oublions jamais que la jalousie, la tromperie,  le manque de confiance ou de communication sont autant de sujets de discorde qui font voler en éclats la vie de couple.

En conclusion, pour cette Saint-Valentin, le secret pour s’aimer avec application c’est avant tout d’avoir compris qu’une relation solide et durable repose sur 4 forces entre vous : la communication, la passion, les projets communs et la confiance.  Bonne fête les amoureux !

 

Cyrille Darigade