Savez-vous que la pose d’une prothèse du genou peut être extrêmement dangereuse ? Des chercheurs orthopédiques nous alertent.
En vue du prochain congrès de la Société Française de Chirurgie Hanche et Genou, prévu du 4 au 6 avril à Lille, il est impératif d’élever un signal d’alerte concernant les graves problématiques associées aux interventions chirurgicales du genou, à l’intention tant des patients envisageant une telle opération que de certains chirurgiens orthopédistes. Bien qu’il soit crucial de promouvoir les avantages de l’orthopédie, il est tout aussi vital de souligner que la pose d’une prothèse du genou devrait être envisagée uniquement comme un dernier recours.
A quoi sert une prothèse du genou ?
L’implantation d’une prothèse représente une procédure chirurgicale fréquemment pratiquée dans le but de rétablir la mobilité et de réduire la douleur chez les personnes atteintes de diverses pathologies de maladies osseuses et articulaires, comme l’arthrose sévère (la gonarthrose est une inflammation de l’articulation qui relie le fémur à la rotule ou du fémur au tibia, caractérisée par une détérioration quasi totale du cartilage, entraînant douleur intense, raideur et mobilité réduite) ou d’autres types de dégénérescence articulaire (arthrite rhumatoïde, spondylarthrite ankylosante, goutte). Même si cette intervention chirurgicale peut souvent améliorer significativement la qualité de vie de patients sévèrement affectés dans leurs activités quotidiennes, elle n’est pas dénuée de risques et peut entraîner de graves complications ou des résultats profondément insatisfaisants en cas de diagnostic inapproprié.
20% des personnes ayant une prothèse du genou souffrent de douleurs chroniques
En France, plus de 100 000 prothèses du genou sont posées chaque année. Cette tendance est susceptible de s’accroître avec le vieillissement de la population, à moins de la découverte d’un traitement révolutionnaire contre l’arthrose. Bien que cette chirurgie permette à certains de retrouver une capacité de marche sans douleur, les échecs de ces interventions, souvent minimisés par les professionnels, sont bien plus fréquents qu’admis.
Une récente étude en France a révélé que 20 % des patients souffrent de douleurs chroniques persistantes (soit 1 personne sur 5 ) post-opératoire après l’implantation d’une prothèse du genou (même après avoir fait des séances de rééducation), sans même compter ceux qui nécessitent une nouvelle opération pour des raisons médicales, comme une infection nosocomiale. Parmi ces patients, un certain nombre ont une aggravation de leurs symptômes douloureux préopératoires, un risque rarement communiqué avant l’intervention chirurgicale par le chirurgien orthopédiste.
L’orthopédie ne se résume pas à de simples procédures mécaniques. Les interventions du genou, devenues monnaie courante, sont souvent perçues à tort comme parfaitement maîtrisées, alors que la complexité de cette articulation et de ses réactions physiologiques reste partiellement incomprise, à l’image du cerveau ou du microbiote.
Pose de prothèse du genou, un business florissant ?
Cependant, en France, la pratique chirurgicale continue à grande échelle, souvent sans supervision adéquate, laissant aux chirurgiens la pleine responsabilité de juger de la nécessité d’une opération délicate et irréversible. On évoque la notion de « patient informé », mais bien souvent, cette information provient uniquement du chirurgien lui-même.
Face à des dépassements d’honoraires qui peuvent excéder 2000 euros par intervention, il est légitime de questionner la rationalité des décisions chirurgicales, surtout au vu du taux d’échecs observé. Cette situation, préjudiciable tant pour les patients concernés que pour le système de santé en raison des coûts engendrés, soulève la question de la durée pendant laquelle les autorités continueront à ignorer ces problématiques.
Sources : Arthrose.org / Revue de chirurgie orthopédique et traumatologique 109 (2023)
Sophie Madoun