En 2025, la pollution de l’air en France tue encore 40 000 personnes chaque année. Découvrez les causes, les solutions concrètes et les nouveaux objectifs pour mieux respirer.

 

En 2025, le gouvernement français place la qualité de l’air au cœur de ses priorités sanitaires et écologiques. Lors du “Roquelaure de la qualité de l’air”, organisé le 12 mai à Paris, trois ministres – Agnès Pannier-Runacher, Yannick Neuder et François Rebsamen – ont tiré la sonnette d’alarme : malgré des améliorations notables depuis vingt ans, la qualité de l’air en France en 2025 reste préoccupante, avec 40 000 décès prématurés chaque année.

Face à ce fléau invisible mais bien réel, l’État met en œuvre des normes plus strictes, renforce les contrôles, accompagne les collectivités locales et déploie des aides pour permettre à chacun de respirer un air plus sain, que ce soit à la maison, dans les transports ou à proximité des grandes agglomérations.

Mais où en est-on réellement ? Pourquoi cette pollution persiste-t-elle malgré les efforts ? Et surtout, quelles sont les solutions concrètes à l’échelle nationale et locale ? Voici un état des lieux clair, accessible à tous, pour mieux comprendre les enjeux et les réponses déjà en place.

 

Un fléau silencieux : 40 000 décès par an

Chaque année, en France, la pollution de l’air est responsable de 40 000 morts prématurées selon Santé publique France. Ce chiffre alarmant reflète une réalité invisible mais omniprésente. L’exposition chronique aux particules fines et au dioxyde d’azote provoque des maladies respiratoires, cardiovasculaires, et même des cancers.

« L’air que l’on respire, c’est comme l’eau que l’on boit : nul ne peut accepter que les niveaux de pollution dépassent les normes », a déclaré Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, à l’occasion du Roquelaure de la qualité de l’air du 12 mai 2025.

Quelles sont les sources principales de pollution ?

Plusieurs types de polluants sont surveillés en France. Parmi eux, les plus préoccupants sont :

  • Les particules fines (PM10, PM2.5) issues du chauffage au bois, du trafic routier, de l’agriculture et de certaines industries ;

  • Le dioxyde d’azote (NO2), émis principalement par les moteurs thermiques ;

  • L’ammoniac (NH3), généré à plus de 90 % par l’agriculture intensive ;

  • L’ozone (O3), produit par réaction chimique entre polluants et ensoleillement.

Les principales sources sont donc connues : transports, chauffage résidentiel, pratiques agricoles, et industries. Leur impact sur l’air que nous respirons est aujourd’hui largement documenté.

Une amélioration réelle mais insuffisante

La bonne nouvelle, c’est que depuis 20 ans, la qualité de l’air s’est globalement améliorée. Entre 2017 et 2023, les concentrations en dioxyde d’azote ont baissé de 31 % dans les zones les plus polluées. Mais malgré ces progrès, certaines grandes villes comme Paris ou Montpellier dépassent toujours les seuils réglementaires.

« Nous devons poursuivre les efforts, en soutenant les collectivités et en apportant des solutions concrètes », insiste Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé.

Des maladies évitables et des milliards économisés

Selon Santé publique France, atteindre les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé permettrait d’éviter chaque année :

  • 30 000 nouveaux cas d’asthme chez les enfants ;

  • 16 000 infarctus ou AVC ;

  • Et plus de 3 milliards d’euros de coûts en soins et en pertes de productivité.

La pollution de l’air coûte cher. Très cher. En 2015, le Sénat évaluait son impact économique entre 70 et 100 milliards d’euros par an. Une mise à jour de cette estimation est en cours par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME).

Les plus vulnérables sont les plus exposés

Les enfants, les personnes âgées et les populations précaires sont les plus exposés à cette pollution de l’air. C’est une injustice environnementale criante.

« Ce sont les plus vulnérables qui sont le plus touchés par cette pollution ; mais ce sont eux aussi qui n’ont pas toujours les moyens d’accéder aux solutions les moins polluantes », rappelle Agnès Pannier-Runacher.

Des solutions concrètes déjà en place

Le gouvernement déploie un ensemble de mesures à plusieurs niveaux :

  • Les zones à faibles émissions (ZFE) sont déjà actives dans 11 métropoles, limitant l’accès aux véhicules les plus polluants.

  • Le Fonds Air Bois et MaPrimeRénov’ aident les ménages à remplacer leurs anciens appareils de chauffage au bois.

  • Le plan national sur le chauffage au bois incite à utiliser du bois sec et des équipements labellisés “Flamme Verte”.

  • Les pratiques agricoles évoluent également, avec une réduction progressive de l’utilisation des engrais les plus émissifs.

 

Un cap ambitieux pour 2030 et 2050

La directive européenne 2024/2881 fixe des objectifs stricts à atteindre d’ici 2030 :

  • Diviser par deux les seuils du dioxyde d’azote (de 40 à 20 µg/m³) ;

  • Réduire les PM2.5 à 10 µg/m³, contre 20 aujourd’hui.

Et d’ici 2050, ces seuils devront s’aligner sur les recommandations les plus contraignantes de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Or, aujourd’hui, 40 millions de Français vivent dans des zones qui seraient non conformes si ces normes étaient déjà en vigueur.

Une transition écologique juste et collective

Le défi de l’air propre ne pourra être relevé qu’à travers une mobilisation collective : citoyens, collectivités locales, professionnels de santé, agriculteurs, industriels… Tous ont un rôle à jouer.

« Ensemble, nous avons le devoir d’agir pour un avenir où chaque Français pourra respirer un air sain, un droit essentiel à la santé », insiste Yannick Neuder.

Ce qu’il faut retenir

  • 40 000 décès évitables par an si la qualité de l’air s’améliore
  • Des milliards d’euros d’économies en dépenses de santé
  • Des solutions déjà en place pour agir localement et efficacement
  • Un enjeu de santé publique, mais aussi de justice sociale
  • Un objectif clair : diviser par deux les polluants d’ici 2030

 

 

Sophie Madoun