Voici une avancée médicale historique à Marseille : une patiente atteinte du VIH est presque guérie, une première en France qui ouvre de nouvelles perspectives.
Une avancée médicale exceptionnelle marque l’histoire de la lutte contre le VIH en France. Une patiente souffrant du VIH presque guérie à Marseille ! En effet, celle-ci est suivie par le Centre d’Information et de Soins de l’Immunodéficience Humaine (CISIH) de l’Hôpital Sainte-Marguerite à Marseille semble représenter un cas inédit dans le pays – et l’un des huit dans le monde – de guérison fonctionnelle du VIH après une allogreffe de moelle osseuse. Selon le Dr Olivia ZAEGEL-FAUCHER, qui suit la patiente, « ce cas unique ouvre des perspectives passionnantes dans le domaine de la recherche contre le VIH ».
Qu’est-ce qu’une guérison fonctionnelle du VIH ?
La guérison fonctionnelle du VIH signifie que le virus du SIDA est indétectable sans l’aide de traitements antirétroviraux. Bien que le virus puisse subsister à l’état latent dans l’organisme, il n’est plus capable de se répliquer ni de provoquer des symptômes. Selon le Pr Philippe COLSON, directeur du laboratoire de virologie de la Timone, « ce type de guérison nécessite des conditions médicales très spécifiques et reste extrêmement rare ».
Un parcours médical inédit : VIH, leucémie et mutation génétique
La patiente, aujourd’hui âgée d’environ 60 ans, a été diagnostiquée séropositive en 1999. Grâce aux traitements antirétroviraux administrés dès 2010, sa charge virale a été efficacement contrôlée. Cependant, en 2020, elle a développé une leucémie myéloïde aiguë, un cancer agressif de la moelle osseuse, nécessitant une allogreffe.
En juillet 2020, une greffe de moelle osseuse a été réalisée à l’Institut Paoli-Calmettes à Marseille. Le donneur présentait une mutation génétique rare, appelée Delta 32, sur le gène CCR5. Cette mutation bloque l’entrée du VIH dans les cellules en modifiant les récepteurs CCR5, une porte d’accès utilisée par le virus. « La mutation Delta 32 est un atout biologique rare qui protège naturellement contre l’infection par le VIH, » explique le Dr ZAEGEL-FAUCHER.
Pourquoi cette mutation Delta 32 est-elle cruciale dans la guérison du VIH ?
Le VIH utilise principalement les récepteurs CCR5 présents à la surface des cellules immunitaires pour les infecter. Chez les individus porteurs de la mutation Delta 32 sur les deux copies du gène CCR5, ces récepteurs sont défectueux, empêchant ainsi le virus d’entrer dans les cellules. Ce mécanisme offre une protection naturelle contre le VIH.
Dans ce cas spécifique, l’allogreffe de moelle osseuse a permis à la patiente de bénéficier du système immunitaire génétiquement modifié du donneur, rendant son organisme hostile à la réplication du virus.
Un suivi médical rigoureux pour confirmer la guérison
Après la greffe, la patiente a poursuivi son traitement antirétroviral pendant trois ans. En octobre 2023, ces traitements ont été arrêtés sous contrôle médical strict. Depuis, des examens réguliers et approfondis ont été menés.
Ces tests comprennent :
- Tests ultrasensibles de charge virale : pour détecter des traces infimes de virus actif.
- Tests de culture virale : visant à faire proliférer le virus à partir des échantillons, ce qui indiquerait une persistance virale.
- Recherche d’ADN proviral : pour identifier la présence de réservoirs latents du VIH dans l’organisme.
Selon le Pr COLSON, « tous les tests se sont révélés négatifs, une étape clé qui renforce l’hypothèse d’une guérison fonctionnelle. »
Une patiente souffrant du VIH presque guérie : une avancée scientifique partagée à l’échelle internationale
Les résultats de ce cas ont été présentés lors de congrès internationaux réunissant des experts mondiaux de la lutte contre le VIH. Ces discussions permettent de valider les conclusions préliminaires et de comprendre les mécanismes biologiques à l’origine de cette guérison. « Partager ces données est essentiel pour accélérer les avancées scientifiques », souligne le Dr ZAEGEL-FAUCHER.
Les implications de cette découverte pour la recherche contre le VIH
Bien que prometteur, ce cas ne représente pas une solution généralisable pour les millions de personnes vivant avec le VIH. Les greffes de moelle osseuse sont des interventions complexes, risquées et réservées aux cas où une maladie grave, comme un cancer, justifie une telle procédure.
Cependant, ce cas met en évidence le potentiel thérapeutique des approches génétiques, notamment autour de la mutation Delta 32. Des recherches pourraient se concentrer sur le développement de traitements basés sur la modification génétique du récepteur CCR5, évitant ainsi des procédures invasives.
Un espoir pour les millions de patients vivant avec le VIH
Le cas de cette patiente est une source d’inspiration et d’espoir pour la communauté scientifique et les patients. Il illustre les progrès incroyables réalisés dans la recherche médicale, tout en soulignant l’importance d’une collaboration mondiale pour trouver une cure définitive.
Si cette guérison est confirmée à long terme, elle ouvrira de nouvelles perspectives sur les mécanismes du VIH et renforcera la conviction que l’éradication de ce virus du Sida, bien que difficile, est un objectif atteignable. « Nous avançons vers un avenir où le VIH pourrait ne plus être une fatalité », conclut le Dr ZAEGEL-FAUCHER.