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Obésité : stop aux diktats de la minceur !

L’obésité est une maladie chronique. L’obésité n’est ni une faute, ni une fatalité et encore moins une maladie dégradante. Beaucoup ont tendance à l’oublier !

Depuis plusieurs années, cette épidémie mondiale du XXIe siècle (la moitié de la population américaine sera en surpoids à l’horizon 2030) gagne aussi du terrain en France. Selon la dernière enquête nationale ObEpi Roche réalisée en début 2012 auprès de 25.000 personnes âgées de plus de dix-huit ans, l’obésité régresse. Une première depuis 1997. Cette maladie continue néanmoins de toucher près de 7 millions de Français, soit 3,3 millions de plus qu’il y quinze ans avec un poids moyen qui a augmenté de 3,6 kg. Et aussi avec un pic chez les 18-24 ans qui enregistrent un bond de +35% d’obèses entre 2009 et 2012. La malbouffe est passée par là: plateaux repas devant la TV, grignotage pour compenser l’absence d’un vrai déjeuner, excès de soda, sédentarité et allergie aux activités sportives.

Obésité: 5e cause de mortalité dans le monde

– D’après l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), l’obésité atteint aujourd’hui 500 millions de personnes dans le monde. Un chiffre qui a doublé en 30 ans et qui ne cesse d’augmenter. L’obésité est devenue la cinquième cause de mortalité dans le monde, rattrapant le nombre de décès dus au tabagisme aux Etats-Unis.

– Sur près de 7 millions de Français obèses, plus de 55.000 meurent chaque année de cette maladie qui peut entraîner diabète, maladies cardio-vasculaires, cancers (sein, côlon), affections dégénératives des articulations.

– Les formes les plus graves d’obésité (à partir d’un IMC supérieur à 40), qui continuent d’augmenter. En 2012, elles touchent 1,2% des Français, soit 550000personnes. 

– Plus de 50 % de la population mondiale suit un régime alimentaire, à travers une nutrition spécifique et un changement de comportement, ce qui en fait un marché de 4 milliards de dollars, rien qu’aux États-Unis. La France n’est pas en reste avec une niche des produits «light» en hausse de 10% par an.

– En France, la chirurgie de l’obésité (anneau gastrique, bypass, gastrectomie) connaît un engouement certain: 36.000 opérations en 2011. Il existe 55 centres spécialisés.

Stop aux diktats !

Alors stop aux diktats. Ceux de la minceur, du regard des autres, de la discrimination à l’école, au travail et même en famille. Un mal-être et un rejet de soi-même qui a poussé Coralie à témoigner sur le site du Collectif national des associations d’obèses.

«En 2009, je me suis regardée dans une glace. Ce n’était plus possible : à22 ans je pesais 110 kilos, mon IMC était de 39,5 et j’étais devenu une obèse sévère. En l’espace de 4 ans, j’avais pris 40 kilos, donc si on fait le calcul, j’avais pris 10 kilos par an. Ce poids a engendré des mal de dos, de genoux, des essoufflements et surtout un changement radical dans ma vie, le regard des autres, les tenues vestimentaires, la difficulté à me sentir bien dans ma peau, toute ma vie avait changé», confesse-t-elle.

Les résultats chocs de l’étude de l’Inserm : quand la paranoïa règne

Véhiculé par la mode, la publicité ou les médias, ce lobby de la minceur, cette chasse au moindre bourrelet est à tel point culpabilisant qu’une personne s’habillant en 40 ou 42 a l’impression de porter du XXL.

Et la paranoïa guette. C’est ce qui ressort d’une étude 2012 de l’Inserm (Institut de la Santé et de la Recherche Médicale) réalisée en France: sept femmes sur dix et un homme sur deux souhaiteraient perdre du poids. Pour 49,6% des sondés, cela leur permettrait de « se sentir mieux dans leur peau», tandis que seulement 11,8% évoquent des «problèmes de santé».

Peser moins est même devenu un TOC, puisqu’environ 30% des femmes interrogées disent avoir déjà essayé cinq régimes dans leur vie et 9% en ont déjà fait plus de dix. Un comportement obsessionnel qui a franchi les portes du lycée, puisque 48% des élèves de corpulence normale jugent nécessaire de perdre quelques kilos. Et même les maigres s’y mettent, car 6% d’entre eux pensent qu’ils devraient se mettre au régime…

Comment évaluer sa corpulence?

Pour cela,  il est conseillé de calculer son Indice de Masse Corporelle (IMC), c’est à dire le poids divisé par le carré de la taille. Le surpoids est atteint quand l’IMC dépasse 25, l’obésité quand il atteint 30. Un IMC de 35 correspond à un état d’obésité sévère.

L’obésité face aux inégalités sociales

Autre sujet de préoccupation, c’est l’inégalité de la population face à la prise de poids. Et pas pour des raisons hormonales ou congénitales. C’est ce que le professeur Basdevant appelle «l’impact de la trajectoire sociale sur le développement de l’obésité.»L’enquête ObEpi Roche montre en effet qu’un quart de la population dont le revenu mensuel est inférieur à 900€ souffre d’obésité contre seulement 7% chez les personnes qui touchent un salaire supérieur à 5.300€. Une double peine (pauvre et gros) qui engendre un sentiment d’échec et de rejet d’une société intolérante à tout ce qui sort du cadre.

Le regard des autres : une véritable souffrance

Accélérateur de moqueries et de discrimination, frein à l’embauche, à la promotion et à l’insertion sociale, l’obésité est une pathologie encore plus difficile à vivre pour l’enfant ou l’adolescent. Car là aussi, le regard des autres est sans concession. Plaisanteries douteuses, surnoms blessants, agressions verbales, voire physiques suscitent une souffrance destructrice qui aboutissent au cercle vicieux du repli, du renfermement, du refus de soi, terreaux de la dépression. En effet, les ados sont encore moins armés que les adultes pour résister à ces diktats.Il existe une dimension sociale de cette pathologie.

Et parmi ces diktats, les régimes à répétition continuent d’avoir la peau dure. Les magazines spécialisés en font leurs choux gras. Certes, les cellules graisseuses s’assèchent, mais sans êtres définitivement expulsées de l’organisme. Résultat: près de 80% des candidat(e)s aux régimes reprennent leurs kilos et plus si affinités. C’est le phénomène yo-yo. Alors plutôt qu’une alimentation sous le signe de l’interdit, mieux vaut faire confiance à une équipe médicale qui dispose de tous les ingrédients pour un rééquilibrage alimentaire adapté à la personne, à son métabolisme, à son contexte familial, à son environnement. Les problèmes d’apparence doivent aussi être pris en compte quand on met en place une politique de santé publique » déplore le sociologue Thibaut de Saint-Pol.

Focus sur le plan obésité

En France, près de 15% de la population est obèse et un enfant sur six est en surpoids. Lancé le 20 juillet 2010 par Nicolas Sarkozy, le Plan obésité (2010-2013) cohabite aujourd’hui avec la 3e phase du PNNS (Programme national nutrition santé 2011-2015). Le budget total de ces deux projets s’élève à 210 millions €.

Les grands axes du Plan obésité:

        Améliorer les soins et le dépistage. Cela passe avant tout par l’organisation, la formation des professionnels et l’adaptation des équipements. La coordination des soins et l’éducation thérapeutique du patient seront des éléments clés pour décloisonner les parcours et permettre aux patients de devenir acteurs de leur propre santé.

«Le Plan obésité structure l’offre de soins avec un accès pour tous et plus singulièrement aux personnes en difficulté sociale, qui sont plus souvent obèses que les autres. Et chez les plus jeunes, il ne faut pas oublier que la corpulence apparaît comme la première cause de discrimination à l’école, devant les discriminations raciales.» explique Le Professeur Arnaud Basdevant, président du Plan obésité, Responsable du pôle «endocrinologie-diabétologie-nutrition-prévention» à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et spécialiste des soins et recherches consacrées à la prise en charge de patients atteints d’obésité sévère ou liée à des maladies rares.

 

Les vendredi 24 mai et samedi 25 mai auront lieu la Quatrième édition de la Journée Européenne de l’Obésité.

Le thème de cette 4ème édition des JEO veut souligner que même rond, on peut vivre heureux : « stop aux diktats » !

– Stop aux régimes restrictifs qui suppriment le plaisir !

– Stop aux couleurs sombres des vêtements comme si les couleurs n’étaient pas autorisées !

– Stop aux discriminations sociales, scolaires, professionnelles !

Pour permettre une démarche de prévention médicale et également ludique, l’opération se déroulera sur 2 jours : d’abord, le vendredi 24 mai, avec une journée à dimension nationale, qui invitera l’ensemble des acteurs institutionnels et professionnels à mener une action de dépistage auprès du grand public et encouragera ainsi la prise de conscience collective.

Ensuite, le samedi 25 mai, avec des rassemblements locaux, placés sous le signe de la convivialité et du partage.

Autour de cette démarche qui se veut conviviale et sans diktats, des piques niques, des dégustations  seront organisées sur tout le territoire, relayés par des  stands et des animations visant à informer la population sur l’équilibre alimentaire et les risques liés à l’obésité.

Renseignements sur : www.jeo-cnao.fr

 

A lire :

Corps désirable. Hommes et femmes face à leurs poids, – Thibaut de Saint-Pol – éditions PUF, 25, 50 euros

Dictature des régimes attention ! Gérard Apfeldorfer, Jean-Philippe Zermati –  Odile Jacob, 7,50 euros

http://santecool.net/coachclub-offre-labonnement-au-site-a-vie-le-24-mai-2013-a-loccasion-de-la-journee-europeenne-de-lobesite/

http://santecool.net/weight-watchers-est-cinq-fois-plus-efficace-quun-regime-mene-de-facon-autonome/

 

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