Savez-vous que de nombreux médicaments périmés restent encore efficaces ? Voici comment éviter de gaspiller des médicaments toujours actifs.

 

L’UFC-Que Choisir tire la sonnette d’alarme sur une situation qui impacte à la fois l’environnement, l’économie et la santé publique. En effet, de nombreux médicaments périmés conservent une grande partie de leur efficacité, ce qui remet en question les dates de péremption imposées par les laboratoires pharmaceutiques. Ces révélations sont basées sur des tests exclusifs, publiés dans le numéro d’octobre du magazine Que Choisir.

 

Des médicaments encore efficaces après la date de péremption

Pour évaluer jusqu’à quel point les médicaments périmés restent efficaces, l’UFC-Que Choisir a fait analyser 30 boîtes de paracétamol et d’ibuprofène, deux médicaments courants. Le résultat est frappant : dans 80 % des cas, ces médicaments contiennent encore suffisamment de substance active pour être considérés comme efficaces même plusieurs années après leur date de péremption.

Un exemple marquant est celui d’une boîte de paracétamol, théoriquement périmée depuis 1992, qui présentait encore 100 % de substance active. Cette découverte remet en question la validité des dates de péremption telles qu’elles sont actuellement fixées par les laboratoires pharmaceutiques.

 

Les impacts économiques et environnementaux du gaspillage de médicaments périmés

Jeter des médicaments encore efficaces entraîne des impacts négatifs sur plusieurs fronts :

  • Économiques : En renouvelant les stocks de médicaments plus rapidement, cela engendre des coûts supplémentaires pour les hôpitaux, l’assurance maladie et les particuliers. Ces derniers sont parfois obligés d’acheter des médicaments en automédication, bien que leur stock périmé soit encore efficace.
  • Environnementaux : Ce gaspillage crée une quantité considérable de déchets pharmaceutiques, souvent mal recyclés. Une enquête menée par Cyclamed montre que 40 % des Français ne ramènent pas leurs médicaments périmés ou inutilisés à la pharmacie pour un traitement approprié.
  • Sanitaires : Jeter des médicaments fonctionnels contribue indirectement aux pénuries de certains médicaments, comme le paracétamol, qui a récemment fait l’objet de tensions d’approvisionnement.

Pourquoi un tel gaspillage ?

Le cadre réglementaire en vigueur en France est jugé trop restrictif. L’ANSM exige que les médicaments conservent au moins 95 % de leur substance active pour être considérés comme efficaces, contre 90 % pour la Food and Drug Administration (FDA). Cependant, même en respectant les critères plus stricts de l’ANSM, la majorité des médicaments testés par l’UFC-Que Choisir restent encore utilisables bien au-delà de leur date de péremption.

 

Pourquoi les laboratoires ne prolongent-ils pas la validité des médicaments ?

 

Les laboratoires pharmaceutiques fixent souvent de manière discrétionnaire la durée de péremption des médicaments, généralement limitée à trois ans. Pourtant, ils savent que certains produits restent efficaces bien plus longtemps. Cette courte durée favorise la rotation des stocks et génère des revenus supplémentaires, mais elle soulève des interrogations sur la priorité donnée aux considérations économiques au détriment de la science et de la santé publique.

 

L’UFC-Que Choisir demande une réforme du cadre réglementaire sur les médicaments périmés en France

 

Face à ces constats, l’UFC-Que Choisir appelle l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM )à réviser les règles actuelles afin d’éviter ce gaspillage de médicaments, avec des répercussions à la fois économiques, environnementales et sanitaires. Des mesures comme la délivrance à l’unité et une gestion plus rationnelle des prescriptions permettraient également de limiter ce gâchis.

 

Comment éviter le gaspillage des médicaments encore efficaces ?

En conclusion, cette enquête met en lumière une problématique souvent négligée : de nombreux médicaments périmés restent encore efficaces. Une réforme des pratiques et des règles en vigueur permettrait de réduire ce gaspillage, tout en assurant une meilleure utilisation des ressources et une consommation de médicaments plus responsable.

 

 

Sophie Madoun