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L’agroalimentaire profite du Covid-19 pour modifier leurs recettes

L’agroalimentaire profite du Covid-19 pour modifier leurs recettes. En effet, les fabricants peuvent, en ce moment, pour cause de coronavirus et de difficultés d’approvisionnement, modifier les recettes de leurs produits sans l’indiquer sur l’étiquette. Foodwatch a mené l’enquête et voici les produits dont les recettes ont été changées sans qu’on le sache.

Foodwatch exigeait la transparence depuis plusieurs semaines sur les dérogations accordées à l’agroalimentaire pour modifier leurs recettes sans le notifier sur les étiquettes et, de fait, induire le consommateur en erreur. Car cette pratique est totalement illégale. C’est ainsi que l’agroalimentaire profite du Covid-19 pour modifier leurs recettes. Les premières informations arrivent enfin et soulèvent de nombreuses questions sur les pratiques de l’industrie agroalimentaire et de la grande distribution en cette période exceptionnelle.  Qui profite des arrangements avec les recettes sans l’indiquer sur l’étiquette ?

Les enseignent prétendent privilégier la filière française ce qui est faux et changent leurs recettes!

Le discours des distributeurs et de certaines marques prétendant privilégier les filières françaises, ce qui est totalement faux! En effet :

Foodwatch note sur la première liste obtenue après insistance auprès de la Répression des fraudes que les grandes marques semblent jouer le jeu en expliquant la nature de la modification. Les chaînes de supermarché, elles, se contentent d’une lapidaire explication selon le site des autorités : « Indication non conforme de l’origine et de la liste des ingrédients » et ne semblent pas renseigner ces modifications non plus sur leurs sites marchands. Un flou inacceptable pour l’ONG qui lance aujourd’hui une pétition pour exiger la totale transparence de la part des grands distributeurs en magasins et sur leurs sites : quelles modifications sont apportées aux produits commercialisés sans modifications des étiquettes, et pour quelles raisons liées à la crise ?

L’agroalimentaire profite du Covid-19 pour modifier leurs recettes. Mais qui profite des arrangements avec les recettes sans l’indiquer sur l’étiquette ?

Il a fallu plus de cinq semaines d’insistance de foodwatch auprès de la Répression des fraudes pour obtenir l’information et les premiers détails commencent enfin à tomber. Les règles ont été très assouplies pour les fabricants agroalimentaires en cette période de Covid-19 qui a perturbé les chaînes d’approvisionnement. Les recettes des aliments peuvent ainsi changer sans que cela ne soit indiqué sur l’étiquette. Ces exceptions peuvent être compréhensibles dans une certaine mesure mais foodwatch réclamait la transparence sur ces modifications. Sur la liste enfin publiée le 12 mai par la DGCCRF figurent des marques (Lesieur, Prosain, Lait d’ici, etc.) et plusieurs distributeurs : Auchan, Casino, Intermarché, E.Leclerc, Lidl.

« C’est un vrai jeu de piste pour le consommateur sur le site de la Répression des fraudes pour trouver l’information sur les aliments concernés par ces changements de recettes. Quant à la grande distribution, il est inacceptable que les enseignes n’informent pas clairement sur les modifications opérées sur les produits qu’ils vendent. On s’étonne de découvrir par exemple qu’ils s’approvisionnent désormais à l’étranger pour certains ingrédients, alors qu’ils sont nombreux à communiquer sur le fait de privilégier les producteurs français. Nous voulons savoir précisément pourquoi et souhaitons aussi savoir ce qu’en pensent les filières agricoles viande porcine, légumes, œufs notamment. Les distributeurs doivent informer clairement et justifier toutes les modifications de recettes opérées pendant cette période », explique Camille Dorioz, responsable de campagnes chez foodwatch.

Au rayon viande, foodwatch note qu’Intermarché et Auchan se fournissent en filet mignon de porc désormais en Allemagne ou en Espagne. Pour le « Pâté de campagne à l’andouille de Guéméné » de E. Leclerc (Nos régions ont du talent), l’indication de l’origine est désormais « non conforme », de même que la liste des ingrédients. Idem en ce qui concerne la Mortella di Bologna ou le saucisson Fuet catalan vendus chez Leclerc. Mais à ce stade impossible pour les consommateurs de savoir en quoi consiste la modification de la recette. D’où la pétition lancée par foodwatch.

Si l’on peut comprendre qu’un fabricant de bocaux de sauces comme Prosain peine à se fournir actuellement en courgettes et aubergines origine France et se tourne vers l’Espagne ou l’Italie, foodwatch s’étonne que le fabricant s’arroge le droit de changer ses recettes jusqu’à fin juillet. Pourquoi ? Les bocaux seront ensuite vendus avec une date de durabilité minimale (DDM) de… trois ans. Picard, pour son ail, s’est lui aussi tourné vers l’Espagne alors que son produit est toujours indiqué comme d’origine France.

Pour plusieurs huiles produites par le groupe Lesieur – Isio 4, Isio  4 Olive, Lesieur Frial, Lesieur 3 – « la disponibilité de l’huile de tournesol origine France ne permet plus de répondre aux besoins ». Les étiquettes mentionnent donc une origine France pour des produits contenant des huiles de tournesol issues de graines d’origine UE et non UE.

Des œufs étiquetés « en plein air » de Pierre Schmidt – Aspics ne le sont pas nécessairement. Chez Auchan, d’ailleurs un mystère entoure l’origine des œufs qui composent notamment son « Flan aux œufs », son « Ile flottante » ou sa « Crème aux œufs, noix de coco, caramel ».

On trouve désormais de la lécithine de soja au lieu de la lécithine de tournesol dans les « Briochettes aux pépites de chocolat » de Casino. Or, la réglementation qui prévoit une information transparente notamment à destination des personnes allergiques, prévoit que « si la recette d’une denrée met en œuvre de la lécithine issue de soja en tant qu’émulsifiant, celle-ci devra être mentionnée en tant que telle dans la liste des ingrédients « émulsifiant : lécithine de soja ». Une première vérification en ligne n’a pas permis de constater que la modification de recette était renseignée sur les sites des supermarchés. Casino annonce toutefois qu’il prend la liberté de modifier cette recette jusqu’en septembre.

Enfin, foodwatch dénonce le fait qu’un grand groupe comme Lactalis laisse sur le marché des produits qui comportent des informations (à valeur légale) nutritionnelles erronées en s’abritant derrière le souci actuel de recevoir des nouveaux emballages. Il ne s’agit pas ici d’un changement de recettes. Le tableau nutritionnel du lait infantile Célia (Lactel) 2e âge nature en format 1 litre exprime des valeurs en grammes au lieu des milligrammes.

« Nous exigeons des explications beaucoup plus transparentes de la part des distributeurs : quelles modifications précises sur quels produits, pour quelle durée, et surtout quelles justifications liées à la crise pour ces modifications, avec quel impact sur le prix. Nous militons pour un modèle inspiré par exemple de ce qui se fait en Suisse : une pastille rouge apposée visiblement sur les produits qui renvoie vers une page Web où toute l’information est disponible. Les détails des changements de recette doivent également être accessibles sur les sites de vente en ligne », insiste Camille Dorioz de foodwatch.

Suite aux nombreuses sollicitations de consommateurs, foodwatch a mis en ligne la pétition intitulée « Recettes modifiées, étiquettes inchangées : la crise ne justifie pas le manque de transparence ! » le 13 mai 2020.

Sources :

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