La maladie d’Alzheimer est-elle contagieuse ? C’est ce que des chercheurs viennent de découvrir. Explications.
La maladie d’Alzheimer, une pathologie neurodégénérative marquée par une détérioration cognitive et, parfois, la perte de mémoire, intrigue depuis longtemps la communauté scientifique. Une récente étude publiée dans la revue Nature Medicine jette un nouveau regard sur les origines potentielles de cette maladie, suggérant une voie de transmission jamais envisagée auparavant. Cet article explore les implications de ces découvertes, leur contexte, et ce qu’elles signifient pour l’avenir de la recherche sur les malades atteints d’Alzheimer.
La maladie d’Alzheimer est-elle contagieuse ?
Les découvertes clés de l’étude publiée le 20 janvier 2024 dans la revue Nature Medicine apportent un nouvel éclairage sur les possibles origines de la maladie d’Alzheimer et soulèvent des questions importantes sur la transmission des maladies neurodégénératives.
Voici les points principaux :
Lien entre le traitement à base d’hormone de croissance humaine et la démence précoce
l »étude a trouvé un lien potentiel entre les symptômes de démence précoce chez cinq adultes et un traitement passé à base d’hormone de croissance humaine (HGH) dérivée de cadavres. Ces personnes atteintes d’Alzheimer (mais avec juste les premiers symptômes de la maladie) avaient reçu ce traitement dans leur enfance pour traiter un déficit en hormone de croissance.
Transmission de la protéine amyloïde bêta
Les chercheurs suggèrent que la cause de ces symptômes cognitifs et du système nerveux pourrait être la transmission de la protéine amyloïde bêta, une composante clé de la maladie d’Alzheimer lorsqu’elle se dépose sous forme de plaques dans le cerveau. Cette découverte fournit la première preuve rapportée d’Alzheimer médicalement acquis chez des personnes vivantes. De fait la maladie d’Alzheimer serait contagieuse.
Contamination par des prions et amyloïde bêta
L’étude indique que l’exposition répétée à des traitements avec de l’HGH dérivée de cadavres (hormone de croissance), contaminée par des prions associés à la maladie de Creutzfeldt-Jakob ainsi que par des semences d’amyloïde bêta, pourrait avoir facilité la transmission de la maladie d’Alzheimer. Les prions (las maladies à prions ou encéphalopathies subaiguës spongiformes transmissibles (ESST)) sont des protéines qui peuvent agir comme agents transmissibles de maladies neurodégénératives.
Alzheimer et maladies à prions
Bien que la maladie d’Alzheimer ne soit pas classée parmi les maladies à prions, l’étude soulève la possibilité que les protéines amyloïde bêta et tau, qui caractérisent l’Alzheimer, puissent se comporter de manière similaire aux prions. Cette similarité suggère des voies de transmission et des mécanismes de maladie qui pourraient être communs entre ces conditions.
Importance de la révision des procédures médicales
Les chercheurs mettent en avant la nécessité de réviser les procédures médicales pour minimiser le risque de transmission accidentelle de la maladie d’Alzheimer et d’autres maladies neurodégénératives ( maladie de Parkinson ou sclérose latérale amyotrophique (SLA)). Cela souligne l’importance de la stérilisation et de la décontamination des instruments médicaux.
Rare mais significatif
Il est souligné que ces cas de transmission sont très rares et liés à des procédures médicales spécifiques qui ne sont plus utilisées aujourd’hui. Néanmoins, ces découvertes ouvrent de nouvelles voies de recherche sur la maladie d’Alzheimer et sur les mécanismes sous-jacents à d’autres maladies neurodégénératives.
Des questions en suspend
La question de savoir si d’autres formes de transmission sont possibles au-delà de celles identifiées dans cette étude spécifique est cruciale, tout comme la nécessité de comprendre comment ces découvertes pourraient s’appliquer à d’autres protéines impliquées dans diverses maladies neurodégénératives. Cela appelle à une révision des protocoles médicaux pour garantir que des transmissions similaires ne se produisent pas à l’avenir avec d’autres traitements ou procédures.
La recherche future devra explorer davantage la transmission de la maladie d’Alzheimer et d’autres maladies neurodégénératives, nécessitant une approche multidisciplinaire pour approfondir notre compréhension et améliorer la prévention et le traitement.
Enfin, les conséquences éthiques et sociales de ces découvertes, notamment en termes de responsabilité pour les effets secondaires à long terme des traitements médicaux, doivent être considérées, soulignant la complexité de la gestion des maladies neurodégénératives dans un contexte médical et social en évolution.