Alors qu’Emmanuel Macron a décidé que tous les enfants devaient revenir en classe et que les règles sanitaires ont été assouplies, j’ai décidé de revenir sur mon expérience d' »instit ». De professeur des écoles. De maitresse. Alors avant de vous compter mon expérience qui m’a laissée sur le carreau et à bout de nerfs je peux vous crier déjà haut et fort comme le titre l’indique : J’ai testé l’école à la maison… l’horreur!

Pour commencer faisons un petit retour en arrière. Rappelez-vous, le 12 mars dernier Monsieur Emmanuel Macron a déclaré qu’à cause du coronavirus : « Dès lundi et jusqu’à nouvel ordre, les crèches, les écoles, les collèges, les lycées et universités fermés. » J’écoutais le Président et lorsqu’il a prononcé ces mots je suis restée bouche bée. Ébahie. Sidérée. Comment ça, les écoles vont fermer??? Et moi dans tout ça, je fais comment (oui, je sais c’est assez égoïste mais je pense que dans ces cas là, on ne pense pas trop aux autres… Non vraiment pas du tout!). Et puis, il faut d’emblée que je vous dise : je ne suis pas pédagogue pour un sou. Bon, c’est vrai, j’ai fais de gros progrès au contact de ma fille. J’avoue : j’adore lui apprendre et lui faire découvrir de nouvelles choses. Mais de là à devenir maitresse, non merci! Parce que comme je ne cesse de le répéter : J’ai testé l’école à la maison… l’horreur!

École à la maison, une organisation quasi militaire

Pour ne pas déstabiliser ma fille adorée, j’ai décidé que l’on garderait les mêmes horaires qu’à l’école. A quelques minutes prêts. C’était pour elle, et, j’ai vite compris que cette discipline valait tout autant pour moi : et bien oui, ok je travaille beaucoup de chez moi, mais je travaille!!! Et puis je suis une Maman solo : donc aucune aide possible d’un Papa trop vite parti au ciel…

Bon alors, réveil à 8 heures maxi, petit-déjeuner, toilette, bain pour moi, habillage et travail Boubou! Oui mais quel travail? Pendant 15 jours on n’avait pas de devoirs envoyés par la maitresse, pas encore les émissions de Lumni, pas d’accès au serveur d’école virtuelle. Heureusement que j’avais eu la bonne idée d’acheter le Bescherelle du CE1 au CM2 et le fabuleux  manuel des éditions Nathan : Je comprends tout en CE1! J’avais ainsi tout le programme et des astuces pour faire comprendre la grammaire à mon bébé chéri : et oui, elle commence tout juste, comme vous l’avez compris elle n’est qu’en CE1.

J’ai repris ce que font ses maitresses (oui, elle en a 2 qui sont en attente de titularisation) à savoir : 1/4 d’heure de lecture dès le début des mes « cours » (ah mon Dieu, rien qu’à l’écrire, j’ai des palpitations!!!), puis « moulinette de la mort » (j’ai réinventé les expressions des maitresses, histoire de mettre un peu plus de fun dans tout cela…) à savoir calcul mental hyper rapide, dictée, math. Voilà… Et en attendant, je n’avais toujours pas commencé à travailler et l’heure du déjeuner était arrivé. Super!!! Je me suis rattrapée tard le soir. Mais pas top pour les news qui tombaient non stop. Et oui, comme vous devez le savoir je suis journaliste et pire que ça en cette période spécialisée santé.

Ce que j’ai pris pour du soulagement : les devoirs des maitresses et Lumni

Ah que j’ai été contente quand les maitresses de ma fille nous ont écris pour nous informer qu’elle nous enverrai un plan de travail! Je me suis dis ouf, je serai moins perdue. Et quelle heureuse surprise de savoir que France 4 lançait des émissions pédagogiques par niveau. Hélas, j’ai vite déchanté. Premièrement parce que je n’avais pas d’imprimante pour les devoirs et ai été obligée de tout recopier malgré le fait que ma fille lisait ses exercices sur l’IPad et secondo, parce que je travaillais sur un vieil ordinateur de mon père car j’avais eu la super idée de nettoyer le mien avec du vinaigre blanc et qu’il a été HS. Vive les produits écolos quand on se sait pas s’en servir!!!

Alors, après avoir préparé les devoirs et mis la télé à 10h; l’heure des CE1; j’ai naïvement pensé que j’allais pouvoir travailler tranquillement. Mais pauvre de moi, je n’avais pas réalisé qu’à 7 ans 1/2 ma fille était encore toute petite et donc incapable de travailler seule. Au secours!!! Et j’ai entendu non stop, des « Maman, je ne comprends pas », »Maman tu m’aides », sans oublier le fait que les enfants de cet âge là parlent tout le temps. Et quand je dis tout le temps c’est vraiment non stop. Ils parlent à la télé, ils parlent à leurs livres, etc, etc vous connaissez, c’est sûr! Bref, ça a été pire!!!

L’effet miroir avec ma fille

Il faut dire aussi que durant cette période ultra stressante et épuisante qui m’obligeait, bien souvent, à me lever hyper tôt le matin ou à me coucher à pas d’heure pour boucler mes papiers, je me suis rendue compte que j’étais hyper exigeante avec mon bébé chéri. Quel scoop! Je suis ultra perfectionniste, hyper rigoureuse, toujours speed. Et ce depuis… Toujours. Ou presque. Car j’ai l’impression que ça s’aggrave avec l’âge. Mais on ne peut pas demander une enfant de primaire de comprendre tout dans la seconde (même nous, il nous faut du temps!), de réussir soustractions, multiplications, additions, dictées, j’en passe et des pires sous prétexte qu’on leur a expliqué juste avant. Et puis, je veux toujours que ma fille soit la meilleure. Meilleure de quoi? C’est stupide! L’important c’est qu’elle soit heureuse. Point barre. Mais non, j’en fais toujours trop et lui ai mis une pression de dingue. Tout comme je le fais depuis avec-moi-même depuis que je suis étudiante. Résultat au fil du temps il y avait des pleurs de part et d’autres. Jusqu’à il y a une quinzaine de jours où littéralement épuisée, j’ai craqué et appelé un service d’écoute et une copine. Suite à cela, j’ai complètement changé mon fusil d’épaule et suis devenue plus zen… Enfin presque.

L’absence de soutien de mes amis et de ma mère

Alors que je m’enfonçais petit à petit et que je stressais mon bébé, j’ai commencé à en parler autour de moi. Ai demandé de l’aide. « Allez, le déconfinement étant mis en place, j’ai espéré que des copines ou ma mère sortent un peu ma fille, histoire que je souffle un peu. Et que je puisse travailler plus sereinement. J’ai eu des tas de promesses : « je vais l’emmener au bois », « ce serai bien qu’elle faille du vélo au Parc de Sceau », « et si je l’amenais en Normandie »,… Ah des engagements verbaux, j’en ai eu. Mais rien d’effectif. Et puis mes chères copines aimaient à me rappeler que je n’avais pas à me plaindre : je n’avais qu’un enfant!!! Don’t act.

Voilà, j’ai testé l’école à la maison… l’horreur!

Bon, maintenant et durant les quinze prochains jours, ma fille va aller à l’école. Le ouf de soulagement est immense!!! Mais je suis peinée de ne pas avoir été à la hauteur (allez ça y est, je culpabilise à nouveau!). En tout cas, s’il y a une deuxième vague, j’espère avoir appris de mes erreurs!

Pardon ma Chérie. Tu es le plus Grand Amour de Maman.

 

Sophie Madoun