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Identification d’une première cause génétique pour le syndrome de l’homme-arbre

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Vivien Béziat, qui dirige une équipe au sein du laboratoire de Génétique Humaine des Maladies Infectieuses dirigé par les Pr Jean-Laurent Casanova et Laurent Abel*, à l’Institut Imagine (AP-HP, Inserm, Université de Paris), situé au sein de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, et à l’Université Rockefeller à New York, a mis en évidence pour la première fois une cause génétique du syndrome de l’homme-arbre, dans le cadre d’une collaboration internationale. Cette découverte a fait l’objet d’une publication le 1er juillet 2021 dans la revue Cell.

Vivien Béziat, qui dirige une équipe au sein du laboratoire de Génétique Humaine des Maladies Infectieuses dirigé par les Pr Jean-Laurent Casanova et Laurent Abel*, à l’Institut Imagine (AP-HP, Inserm, Université de Paris), situé au sein de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP, et à l’Université Rockefeller à New York, a mis en évidence pour la première fois une cause génétique du  syndrome de l’homme-arbre, dans le cadre d’une collaboration internationale. Cette découverte a fait l’objet d’une publication le 1er juillet 2021 dans la revue Cell.

Une grande partie de la population est porteuse de papillomavirus humains (HPVs), et notamment de papillomavirus cutanés, qui provoquent en général des verrues ou des lésions locales et bénignes. Pourtant, de très rares patients dans le monde développent des formes sévères de ces maladies virales, dont le syndrome de « l’homme-arbre ». Cette maladie très handicapante se manifeste par une poussée anarchique de cornes cutanées pour lesquelles une chirurgie n’est pas efficace.

Une mutation génétique rend plus sensible aux papillomavirus cutanés

Il existe plus de 200 papillomavirus (HPVs). Certains sont à l’origine de lésions cutanées bénignes telles que les verrues vulgaires ou plantaires, d’autres peuvent entraîner des cancers du col de l’utérus. Le laboratoire de Génétique Humaine des Maladies Infectieuses s’est concentré sur les HPVs cutanés, et s’attache depuis plusieurs années à comprendre pourquoi quelques très rares cas développent une forme sévère de ces infections généralement sans gravité.

Dans une publication dans la revue Cell, l’équipe du chercheur Vivien Béziat dans le laboratoire de Génétique Humaine des Maladies Infectieuses[1] a rapporté un patient iranien atteint du syndrome de l’homme-arbre, et deux membres de sa famille qui présentent une forme sévère d’infection par un HPV cutané avec un nombre important de verrues sur les mains et les pieds, mais sans avoir développé ce syndrome. Un point commun a été retrouvé chez ces trois patients : une mutation du gène CD28. Celui-ci joue en temps normal un rôle majeur dans l’activation des lymphocytes T, cellules de l’immunité qui détruisent les cellules infectées par un virus.

Chez ces patients, la mutation du gène CD28 empêche le système immunitaire de reconnaitre le virus et de déclencher une réponse appropriée. Le virus prolifère alors dans les kératinocytes, les cellules qui constituent l’épiderme de la peau, et provoque une multiplication anarchique de verrues et/ou de cornes cutanées. C’est la première fois qu’une cause génétique du syndrome de « l’homme arbre » est mise au jour.

Le gène CD28, central pour la résistance à certains papillomavirus cutanés, mais pas pour le système immunitaire

Mais en analysant la mutation CD28, c’est une autre découverte qui a été faite par ces chercheurs. Le gène CD28, jusqu’ici considéré comme un pilier dans le fonctionnement du système immunitaire et la réponse des lymphocytes T, ne semble pas avoir un rôle si majeur. En effet, les trois patients étudiés ont été exposés dans leur histoire médicale à plusieurs types de HPVs et à de très nombreux autres pathogènes. Or, ils n’ont développé de réactions sévères qu’au HPV2 pour le patient atteint du syndrome de l’homme-arbre, et au HPV4 pour les deux membres de la famille.

« Ces patients n’ont montré une sensibilité anormalement élevée qu’à certains papillomavirus du genre gamma-HPV et alpha-HPV. Sur la base des travaux menés au cours des trente dernières années, nous pensions au contraire qu’un dysfonctionnement du gène CD28 rendrait les patients sensibles à de nombreux agents infectieux. Or, même si leur réponse immunitaire est affaiblie, les patients se défendent bien contre les autres pathogènes », explique Vivien Béziat, premier auteur de l’étude. Cette découverte apporte donc à la fois de nouvelles perspectives sur la compréhension de la susceptibilité génétique aux HPVs, et remet en cause les dogmes de réponse immunitaire par les lymphocytes T.

Aujourd’hui, aucun traitement n’a montré d’efficacité contre le syndrome de « l’homme-arbre ». Une greffe de cellules souches hématopoïétiques afin de remplacer le système immunitaire du patient est envisagée. Ce traitement lourd et coûteux n’est cependant pas facilement accessible aux populations vivant dans des pays moins développés et qui vont évoluer vers des formes très sévères, notamment par manque d’accès aux soins. En faisant progresser la recherche, l’équipe espère pouvoir accélérer l’accès au traitement pour ces patients.

Sources

Humans with Inherited T cell CD28 deficiency are susceptible to Skin papillomaviruses but are otherwise healthy

Vivien Béziat et al.

Cell, 1er juillet 2021

 

[1] Le laboratoire international de Génétique Humaine des Maladies Infectieuses est dirigé par les Pr Jean-Laurent Casanova et Laurent Abel. Jean-Laurent Casanova dirige la génétique et l’immunologie expérimentale dans les deux branches (Paris et New York), tandis que Laurent Abel dirige la génétique et l’épidémiologie mathématique dans les deux branches.

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