Quatre ans après son ouverture à l’Hôpital Beaujon (AP-HP), le Centre HOPE qui permet de diagnostiquer en un jour des tumeurs du foie et pancréas créé par les Professeurs Valérie Vilgrain et Alain Sauvanet confirme son utilité.
Diagnostiquer en un jour des tumeurs du foie et du pancréas est une innovation née de la volonté des professeurs Valérie Vilgrain (Imagerie médicale) et Alain Sauvanet (Pôle des maladies du système digestif), cette initiative au sein d’un hôpital hautement spécialisé dans les maladies de l’appareil digestif, s’inscrivait déjà dans les recommandations européennes et internationales pour une prise en charge précoce, dans un centre d’expertise assurant une activité importante et par une équipe pluridisciplinaire.
Comme le souligne Valérie Vilgrain, « Cette approche vient d’être confirmée par le Président de la République dans sa récente allocution sur la stratégie nationale décennale de lutte contre le cancer. Il annonçait en effet le 4 février dernier, parmi les objectifs prioritaires, le recul de la mortalité des 7 cancers les plus létaux, insistant notamment sur l’importance du dépistage et du diagnostic précoce. Le Plan européen pour vaincre le cancer met lui aussi l’accent sur l’importance d’une détection précoce, poursuit-elle ». Et le Pr Vilgrain d’ajouter : « 4 ans après l’ouverture de HOPE, la réussite de cette initiative pionnière devrait, je l’espère, encourager nos collègues à développer des centres comparables. »
Lors des trois dernières années, les équipes pluridisciplinaires de HOPE ont permis à près de 400 patients d’être pleinement accompagnés et souvent rassurés, quel que soit le résultat de cette journée rythmée par le dialogue avec des professionnels hautement spécialisés et les examens successifs réalisés dans une unité de lieu.
Le concept de HOPE permet de rassurer ceux qui repartent à la fin de cette journée avec un diagnostic de lésion bénigne, qui nécessitera soit un traitement, soit une surveillance, soit aucune conduite particulière. Au cours de ces 3 dernières années c’est la grande majorité d’entre eux, soit 270 patients, qui ont pu repartir le jour même l’esprit tranquille.
Mais HOPE c’est aussi apaiser l’inquiétude des patients dont la lésion a été diagnostiquée comme maligne, soit 98 patients concernés, car cette journée aura permis de poser un diagnostic clair grâce à une discussion collégiale au vu des examens les plus pertinents. Elle aura aussi permis de confier au patient une feuille de route sur les traitements appropriés pour une prise en charge rapide, structurée et organisée dès le premier jour. Seules les situations les plus complexes peuvent nécessiter des examens plus poussés réalisés dans le cadre d’une hospitalisation programmée alors au plus vite. Baliser clairement et rapidement le parcours de soins qui attend le patient atténue les questionnements, les incertitudes, les errements si anxiogènes qui accompagnent un diagnostic de cancer : quels traitements m’attendent, à quelle équipe faire confiance, quels délais d’attente pour un rendez-vous, vais-je devoir consulter plusieurs structures…autant de questions qui amplifient inquiétude et stress de l’annonce.
Des patients témoignent
- B : « À toute l’équipe,
Je suis venue le 8 février afin d’avoir un diagnostic concernant mon foie, je tenais à tous vous remercier pour votre professionnalisme, votre écoute et toute cette bienveillance.
J’ai eu cette chance de repartir le cœur léger.
Surtout, nous patients avons besoin de services tels que le vôtre. »
M.H : « J’estime que la création de ce centre est à la fois remarquable et unique par son organisation. La personne la plus exigeante ne peut qu’admirer la rapidité de la prestation »
M.C.G : « Le diagnostic a été fourni en réunion pluridisciplinaire dès la fin d’après-midi. Le diagnostic des experts de HOPE a invalidé celui d’un cancer du pancréas posé par deux autres équipes auparavant. »
N.J : « J’ai été accueillie par Julie, infirmière du service.
J’étais particulièrement angoissée. Julie s’est montrée très attentionnée et rassurante du début à la fin. Elle m’a tout de suite identifiée dans la salle d’attente, s’est présentée, m’a informée de l’organisation de la matinée, rassurée sur les examens et leur protocole.
On n’imagine pas comme ces qualités sont précieuses lorsqu’on parle de santé.
J’ai par ailleurs été rapidement prise en charge et très bien accueillie à l’IRM. L’interprétation de mes résultats a été rapide et claire, avec une attention particulière pour chacune de mes questions.
Aussi, je m’estime très chanceuse d’avoir été aussi bien accompagnée. Avec tous mes sincères remerciements »
Concrètement, comment se déroule une journée pour diagnostiquer en un jour des tumeurs du foie et du pancréas
Il s’agit d’offrir au patient, en un même lieu et une seule journée, l’expertise d’une équipe multidisciplinaire constituée d’hépatogastroentérologues, de chirurgiens et radiologues spécialisés dans les maladies du foie et du pancréas (lire l’encadré sur le parcours spécial pancréas), de médecins nucléaires, de biologistes et d’anatomopathologistes. Ensemble, ils intègrent symptômes, données de l’examen clinique, examens d’imagerie déjà réalisés pour compléter en un seul jour les investigations et poser un diagnostic précis.
Les patients sont adressés à HOPE par leur médecin avec un bilan minimal d’imagerie (Scanner, IRM) et un courrier destiné aux médecins du centre HOPE. Le rendez-vous peut être pris par téléphone avec un numéro direct : 01 40 87 58 88 ou par email : accueil-hope.beaujon@aphp.fr
Dans un espace dédié, confortable et agréable, au sein de l’hôpital Beaujon, les patients sont d’abord accueillis par une infirmière, puis reçus en consultation médicale multidisciplinaire. Habitués généralement au colloque singulier patient-médecin, ils s’entretiennent cette fois avec une équipe multidisciplinaire de spécialistes avant d’être invités à des examens complémentaires – analyses biologiques, imagerie médicale comme le scanner et l’IRM, accessibles au même étage. Puis ils revoient les médecins spécialistes pour une synthèse de leur situation. Ils repartent le jour même avec un compte rendu des examens et de la consultation ainsi qu’une prise en charge clairement définie, si nécessaire. Ce compte rendu est bien sûr adressé à leur médecin.
Des données épidémiologiques qui encouragent la création de telles structures
Si les diverses recommandations nationales et internationales incitent à imaginer ce genre d’approche, l’épidémiologie elle-même des tumeurs du foie et du pancréas devrait, elle aussi, encourager des créations du même type :
- Les tumeurs du foie sont en effet très fréquentes. Certaines tumeurs bénignes s’observent dans 5 à 10% de la population. Les kystes ou angiomes, s’ils sont le plus souvent faciles à reconnaître, peuvent aussi avoir des présentations plus complexes nécessitant une grande expertise des équipes ainsi que des examens biologiques et d’imagerie sophistiqués. Il peut aussi s’agir de tumeurs bénignes plus rares, de diagnostic plus difficile. Quant aux tumeurs malignes du foie, elles sont en C’est ainsi que le plus fréquent des cancers primitifs hépatiques, le carcinome hépatocellulaire, est devenu La 2ème cause de mortalité par cancer dans le monde. Et selon
l’Agence internationale de recherche sur le cancer (Organisation Mondiale de la Santé) les projections sont à la hausse, avec une forte augmentation des nouveaux cas de cancers du foie entre 2020 et 2040 : l’incidence de ces tumeurs pourrait ainsi passer de 0,91 par million d’habitants à 1,39, soit une progression de 53,8% en 20 ans.
- Les tumeurs du pancréas comprennent les tumeurs solides et les tumeurs kystiques. Le cancer primitif le plus fréquent (adénocarcinome) est en augmentation en France et dans tous les pays occidentaux et, malgré les progrès des 20 dernières années, son pronostic reste sombre, en raison, notamment, d’un diagnostic souvent tardif. Selon la Société savante des maladies et cancers de l’appareil digestif, 50% des tumeurs sont découvertes à un stade métastatique, 30% à un stade avancé. Responsables de 5790 décès par an en France, elles touchent autant les femmes que les hommes. L’ensemble de ces tumeurs constituent un large spectre d’affections au pronostic très variable, nécessitant des conduites thérapeutiques diverses.