La décarbonation du transport maritime est en marche. Découvrez les solutions concrètes mises en œuvre par la France pour verdir le secteur naval.
Décarbonation transport maritime : ce terme encore technique il y a quelques années est désormais au cœur des préoccupations climatiques mondiales. Pourquoi ? Parce que le secteur maritime, essentiel à 90 % des échanges commerciaux internationaux, est aussi l’un des plus dépendants aux énergies fossiles.
Chaque année, les navires émettent environ 3 % des gaz à effet de serre mondiaux, soit plus que la totalité de certains pays industrialisés. Et si rien n’est fait, ces émissions pourraient exploser d’ici 2050. Autrement dit, le bateau tangue déjà sérieusement sur le plan environnemental.
Mais cette transition n’est pas qu’une contrainte : elle représente aussi une formidable opportunité industrielle pour la France. Innovation, propulsion propre, carburants alternatifs, infrastructures portuaires repensées… tout un écosystème est en train de basculer vers un modèle plus durable.
À travers un plan stratégique ambitieux, la France entend devenir un leader de la transition écologique maritime. L’intégration du secteur au marché carbone européen (ETS), le développement de navires zéro émission ou encore la propulsion vélique témoignent de cette dynamique.
Dans cet article, nous vous proposons un tour d’horizon complet, clair et documenté pour comprendre comment se met en place la décarbonation du transport maritime, quels sont les freins, les leviers technologiques, les enjeux financiers… et pourquoi cette mutation est devenue incontournable.
Pourquoi faut-il décarboner le transport maritime ?
Aujourd’hui, le transport maritime représente 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Si aucune action n’est engagée, ces émissions pourraient bondir de 130 % d’ici 2050.
« C’est une nécessité pour le climat, un impératif pour notre souveraineté, et une opportunité industrielle pour la France. »
— Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique
Au niveau mondial, l’Organisation maritime internationale (OMI) s’est engagée en 2023 à réduire les émissions de 20 % dès 2030 et à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
L’Union européenne montre l’exemple : depuis janvier 2024, le secteur maritime est intégré au marché carbone européen (ETS). Résultat : les compagnies doivent désormais payer pour leurs émissions de CO₂. Ce mécanisme pourrait générer jusqu’à 12 milliards d’euros par an.
Comment décarboner le maritime ? Trois leviers majeurs
1. Améliorer l’efficacité énergétique
Il s’agit ici d’optimiser ce qui existe : formes de coques plus performantes, maintenance régulière, routage météo, et surtout réduction volontaire de la vitesse. Une baisse de 30 % des émissions est possible sur certains trajets.
2. Utiliser de nouveaux carburants
Deux grandes familles de carburants décarbonés sont à l’étude :
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Biocarburants, comme le biométhanol : compatibles avec les moteurs actuels, mais encore coûteux et limités en quantité.
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E-carburants, comme le e-méthanol ou le e-ammoniac : produits à partir d’électricité bas carbone. Ils sont prometteurs mais pas encore industrialisés à grande échelle.
Et si on naviguait… au vent ?
La propulsion vélique, c’est l’utilisation des voiles modernes ou ailes rigides. Cette énergie gratuite et propre pourrait réduire jusqu’à 30 % des émissions. Le navire français Canopée, qui transporte la fusée Ariane 6, en est un exemple concret.
3. Repenser tout l’écosystème maritime
Changer de carburant impose une refonte complète de la chaîne logistique :
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Ports avec stations de recharge ou de ravitaillement spécifiques
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Navires à propulsion hybride ou électrique
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Formations adaptées pour les équipages et les personnels portuaires
Décarbonation transport maritime : quels sont les freins actuels ?
La transition maritime est complexe et coûteuse :
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Les carburants bas carbone coûtent 2 à 5 fois plus cher que le fioul.
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Les navires adaptés sont 30 à 50 % plus chers à l’achat.
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Moins de 1 % de la flotte mondiale peut aujourd’hui fonctionner avec ces carburants.
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Les infrastructures portuaires ne sont pas encore prêtes.
Un chiffre clé : un navire de fret circule en moyenne 25 ans. Cela signifie que les décisions prises aujourd’hui auront un impact direct sur l’année 2050.
Qui finance la décarbonation du transport maritime ?
Le chantier est immense, et les besoins colossaux :
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Selon l’OMI, il faudra jusqu’à 28 milliards $/an pour renouveler la flotte
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Et jusqu’à 90 milliards $/an pour les carburants et les infrastructures
Face à cela, la France a lancé un fonds d’investissement de 1,5 milliard d’euros, annoncé par Emmanuel Macron, pour soutenir la transition maritime. Une partie de ce fonds — 500 millions d’euros — est issue de l’argent généré par le marché carbone ETS.
« Le fléchage des recettes ETS constitue un levier essentiel pour accélérer cette transformation. »
— Philippe Tabarot, ministre chargé des Transports
Le 26 mai 2025, le gouvernement a décidé de réinvestir l’intégralité des recettes ETS du secteur maritime dans sa décarbonation. Pour 2026, 90 millions d’euros seront mobilisés.
La décarbonation du transport maritime n’est pas une option, c’est une obligation. La France a commencé à manœuvrer, mais la route est longue : il faudra transformer les navires, les ports, les formations, tout en tenant compte des coûts élevés et des contraintes logistiques.
En jeu ? Non seulement le climat, mais aussi la souveraineté industrielle, la compétitivité économique et l’image de la France dans le monde.
À nous, collectivement, de ne pas laisser passer le vent du changement.
Décarbonation transport maritime – En résumé
- Pourquoi décarboner ? Pour protéger le climat et transformer un secteur stratégique.
- Comment faire ? En combinant sobriété, technologies vertes et propulsion naturelle.
- Quels moyens ? Un cadre international, un soutien financier fort et une innovation 100 % française.
Glossaire express
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ETS (Emission Trading System) : marché du carbone européen, où les entreprises paient selon leurs émissions de gaz à effet de serre.
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OMI : Organisation maritime internationale.
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E-carburants : carburants fabriqués à partir d’électricité et de CO₂ capté.
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Propulsion vélique : système de propulsion utilisant le vent (voiles modernes, ailes rigides, kites).