La commission d’enquête du Sénat vient d’être rendue. Les sénateurs révèlent que la direction générale de la santé a fait « modifier un rapport scientifique a posteriori pour justifier sa décision ». Ce jeudi 10 décembre, le premier ministre Jean Caste devrait donner des explications et une nouvelle feuille de route.
Constituée le jeudi 2 juillet 2020, la commission d’enquête pour l’évaluation des politiques publiques face aux grandes pandémies à la lumière de la crise sanitaire de la Covid‑19 et de sa gestion a adopté, le mardi 8 décembre 2020, le rapport de Mme Catherine Deroche (LR – Maine-et-Loire), M. Bernard Jomier (SER – Paris) et Mme Sylvie Vermeillet (UC – Jura), rapporteurs.
Dans la réponse à l’épidémie, elle fait le triple constat d’un défaut de préparation, d’un défaut de stratégie ou plutôt de constance dans la stratégie et d’un défaut de communication adaptée.
La France n’était pas prête. Aucun pays européen d’ailleurs ne l’était vraiment. Cependant, la triste saga des masques restera le symbole d’une impréparation lourde de conséquences dans la lutte initiale contre l’épidémie, alimentant le désarroi voire la colère des soignants. Les pays qui ont le mieux répondu à la crise sont ceux qui ont conservé dans leur mémoire collective récente les marques de l’épreuve d’un événement comparable.
Devant ce constat de l’impréparation, la stratégie a donné le sentiment, face à un phénomène totalement nouveau, de négliger l’arsenal disponible (plan pandémie grippale, cellule interministérielle de crise, organismes d’expertise sanitaire, circuits d’approvisionnement et de distribution des équipements…). En l’absence de traitements ou de vaccin et devant beaucoup d’incertitudes, la réponse des autorités sous la forme du triptyque « tester, tracer, isoler », appliquée avec une certaine efficacité au tout début de la crise a connu ensuite des fluctuations et des difficultés de mise en œuvre qui ont considérablement altéré ses effets.
Dans un climat général de défiance envers la parole publique qui s’accompagne désormais d’une défiance envers la parole médicale et scientifique, le discours gouvernemental a oscillé devant l’épidémie entre le « lutter contre » et le « vivre avec » le virus, entre un discours de prescription et un discours de valeurs, entre la mobilisation de la « patrie en danger » et la promotion de la santé publique.
Pour un nouveau départ
Sur tous ces aspects, les rapporteurs appellent à un nouveau départ, une « année zéro » de la santé publique, qui suppose autant une réforme des structures que de la façon dont elles sont mobilisées, articulées et confrontées à la démocratie sanitaire.
Car, pour les rapporteurs « la crise de la covid-19 aura in fine confirmé que ce ne sont pas seulement notre organisation et notre gouvernance en santé publique qui sont interrogées mais tout autant notre culture commune, celle de responsables publics qui ont depuis tant d’années beaucoup concentré leurs efforts sur la construction d’un système de soins et beaucoup moins sur une culture partagée de santé publique« .