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Conflits d’intérêt : un réseau de l’industrie veut arrêter une nouvelle politique plus stricte sur les multi-résidus alimentaires de pesticides!

pesticides

Un rapport choc et exclusif de PAN Europe1: un réseau de l’industrie a essayé d’arrêter la nouvelle politique sur les normes alimentaires pour les mélanges de pesticides. Grande première : la Commission européenne riposte !

52% des experts de l’EFSA et 73% de l’OMS en lien avec l’industrie !

Une nouvelle recherche de PAN Europe révèle une opération de lobby secrète orchestrée par l’industrie pour arrêter la politique adoptée pour protéger les personnes contre les méfaits de la consommation quotidienne des mélanges de pesticides. Un réseau d’experts lié à l’industrie a infiltré des groupes scientifiques à tous des niveaux clés. 52 % des experts travaillant pour l’Autorité alimentaire européenne (EFSA) sur les effets des mélanges de pesticides dans les aliments semblent avoir des liens avec l’industrie et 73 % des experts travaillant pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur le même sujet ont de forts liens avec l’industrie. Ce réseau de l’industrie ce retrouve aussi dans l’Acropolis, un programme financé par l’UE, pour développer des outils supplémentaires pour affaiblir les règles. Après que de nombreuses années aient été gaspillées, une intervention de la DG SANCO a finalement forcé l’EFSA à faire machine arrière.

Un retard important de la Directive européenne

La recherche de PAN Europe a été motivée par le retard sans précédent (plus de 8 ans) de l’EFSA pour commencer à mettre en oeuvre la directive européenne sur les résidus de pesticides de 2005. Les citoyens de l’UE sont exposés chaque jour à des dizaines de mélanges de pesticides dans les produits alimentaires [ 1 ] et l’EFSA devait présenter des méthodes pour mettre en œuvre la protection décidée politiquement. Il semble maintenant que l’infiltration des Agences par le réseau de l’industrie soit l’une des principales raisons de ce retard et que l’infiltration a eu lieu non seulement à l’EFSA, mais à tous les niveaux pertinents, de l’OMS, de l’OCDE, de l’EFSA et de la recherche de l’UE .

Une OMS gangrénée ?

L’OMS pourrait être totalement dominée par l’industrie, et 5 des auteurs du document cadre de l’OMS sur 6 avaient de forts liens avec l’industrie. Les experts de l’industrie ont développé une méthodologie qui laissait à penser qu’aucune toxicité liée aux mélanges n’aurait lieu dans la pratique. Ils ont trouvé un terrain fertile pour leurs idées chez plusieurs fonctionnaires présents dans le panneau de l’EFSA qui considéraient également la toxicité des mélanges comme non pertinente. Ceci est en fort contraste avec la littérature scientifique académique qui offre une abondance de preuves des effets des mélanges [ 2 ] .

La DG SANCO veut du changement

C’est seulement après l’intervention de la DG SANCO en 2011, que l’EFSA a dû changer de cap. Néanmoins le panel d’experts des pesticides de l’EFSA a résisté, et en 2012, la direction de l’EFSA a décidé de retirer le mandat du panel. Alors que plus de 6 années ont été gaspillées avec des avis de l’EFSA inutiles, l’EFSA change maintenant de direction pour une approche qui prend les effets indésirables courants en compte. Pourtant le résultat final est incertain. L’industrie ne renonce pas et a développé de nouveaux outils pour porter atteinte à la protection sanitaire dans un programme-cadre de recherche de l’UE appelé Acropolis. L’idée de l’industrie est de permettre un certain degré de dommage pour pouvoir garder les normes alimentaires actuelles en place… et ne pas protéger les gens pleinement.

PAN Europe et Générations Futures pensent que  ce qui s’est passé est une honte. Les décisions politiques sont inversées par des fonctionnaires et des agents infiltrés de l’industrie. L’OMS et l’EFSA doivent donc à la fois renforcer leur politique de prévention des conflits d’intérêt. Ils doivent également créer une unité avec un «responsable de l’intégrité scientifique», tout comme l’US-EPA, pour empêcher les infiltrations et les pressions injustes de quelque côté que ce soit et créer dans le personnel et les panels de l’EFSA / OMS une culture de l’intégrité scientifique et de la professionnalisation.

« Il est absolument inacceptable que des experts ayant de forts liens avec l’industrie aient pu infiltrer l’EFSA et l’OMS pour bloquer tout progrès sur la prise en compte des mélanges de résidus de pesticide alimentaires. » déclare F. Veillerette porte-parole de GF et Président de PAN-Europe. « Il faut que cette situation cesse immédiatement par la mise en œuvre d’une véritable politique de prévention des conflits d’intérêts. Cela doit permettre de prendre en compte, grâce au travail d’experts réellement indépendant, la nécessité d’agir sur les cocktails de résidus de pesticides alimentaires, et sur les perturbateurs endocriniens.» conclut-il.

Sources :

1 Le Pesticides Action Network Europe dont Générations Futures est la branche française

1. http://www.efsa.europa.eu/en/efsajournal/pub/3130.htm, 2010-monitoring report, page 110: 26,6% of all fruit and vegetables consumed

in Europe contain more than 1 pesticide residue

2. Nissanka Rajapakse, Elisabete Silva, and Andreas Kortenkamp, Combining Xenoestrogens at Levels below Individual No-Observed-Effect Concentrations Dramatically Enhances Steroid Hormone Action, Environmental Health Perspectives, VOLUME 110, NUMBER 9, September 2002

Le rapport de PAN Europe (en anglais) :A Poisonous Injection

Site de PAN Europe : http://www.pan-europe.info/News/PR/140204.html

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