Vous avez des enfants et souhaitez les informer du terrible sujet qu’est l’inceste ? Voici comment parler de l’inceste aux enfants tout en délicatesse, en préservant leur innocence et en renforçant leur sécurité.
L’éducation à la sécurité et la protection des enfants est une priorité pour tous les parents et les professionnels de l’enfance. Dans ce monde numérisé où l’information est à portée de main, il est vital de discuter des sujets sensibles, tels que le viol incestueux, de manière appropriée à l’âge. Surtout lorsque l’on sait que 160 000 enfants sont victimes d’inceste chaque année. Alors comment parler d’inceste aux enfants sans tabou mais en toute douceur ?
A savoir :
27 000. C’est le nombre de témoignages qu’a regroupé la Ciivise (Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants) trois ans après le début de son enquête sur l’inceste en France. La Commission dévoile son rapport ce jeudi 21 septembre et les conclusions ne sont pas rassurantes. Seulement 8 % des victimes d’inceste ont bénéficié d’un « soutien social positif ».
Expliquer l’inceste aux enfants : un sujet délicat pour les parents
L’inceste est un sujet profondément sensible et complexe. En tant que parent, il peut être déroutant de savoir comment en parler à vos enfants. Cependant, avec l’augmentation des informations disponibles en ligne et la nécessité d’éduquer nos enfants sur leur propre sécurité, il est crucial de les informer de manière appropriée à leur âge.
Utilisez un langage simple et approprié à leur âge
Lorsque vous abordez le sujet de l’inceste, choisissez vos mots avec soin. Utilisez un langage simple et évitez les détails. Par exemple : « Parfois, certaines personnes de la famille font du mal à d’autres membres de leur famille d’une manière qui n’est pas correcte ou sûre. » Informez votre enfant que l’inceste signifie qu’un membre de la famille fait du mal à un autre membre de la famille d’une manière qui implique les « zones privées ». Assurez-vous de clarifier que cela n’est jamais de la faute de l’enfant, qu’il s’agit de maltraitance et que ces mauvais traitements sont punis par la Loi grâce au Juge des enfants.
Choisir le bon moment
Trouvez un moment calme où vous et votre enfant pouvez parler sans distractions. Assurez-vous que l’environnement est confortable et sécurisant.
Commencer par une introduction générale sur les droits des enfants :
Dans la vie, tout le monde a des droits, et les enfants ont des droits spéciaux pour s’assurer qu’ils sont toujours en sécurité et bien traités.
Comment parler de l’inceste aux enfants en soulignant l’importance du consentement ?
Le pouvoir du « non »
Il est crucial d’enseigner à votre enfant qu’il a toujours le droit de dire « non », même à des membres de la famille ou à des personnes de confiance. Son apprendre à écouter, son intuition et à exprimer leur inconfort est essentiel.
Vous pouvez lui dire que « parfois, certaines personnes, même au sein de la famille, peuvent essayer de toucher un enfant d’une manière inappropriée. C’est mal et cela s’appelle l’inceste. »
Encouragez la communication bienveillante
Créez un environnement où votre enfant se sent libre de poser toutes les questions possibles, sans tabou pour exprimer ses préoccupations et/ou ses peurs. S’il vous pose des questions difficiles, répondez aussi honnêtement que possible tout en respectant son âge et sa maturité.
Dites-lui : « Tu peux toujours me parler, peu importe ce qui se passe. Même si quelqu’un te dit de garder un secret, si ce secret te fait du mal ou te met mal à l’aise, tu dois le dire. »
Éviter le blâme et la honte
Il est essentiel que votre enfant sache que s’il vit une expérience d’inceste ou de toute autre forme d’abus, cela n’est jamais de sa faute. Il doit comprendre que la responsabilité incombe toujours à l’agresseur. Vous pouvez lui dire, par exemple : « Un de tes droits les plus importants est que ton corps t’appartient. Personne, que tu connaisses la personne ou non, n’a le droit de te toucher d’une manière qui te met mal à l’aise ou te fait du mal. »
Renforcez l’importance de la confiance en soi
Apprenez à votre enfants à faire confiance à ses sentiments. Lui seul peut savoir si quelque chose ou quelqu’un est « bizarre » ou pas. Et dites-lui encore et encore que s’il trouve que quelqu’un (même si c’est son Papa ou sa Maman) a une attitude étrange à son égard, il doit en parler avec une personne en qui il a confiance. Il n’a pas avoir peut, bien au contraire. Il n’a rien fait. C’est juste une victime. Il a le droit de parler de tous ses ressentis : c’est sa force !
Dites-lui, par exemple : « Si jamais quelqu’un essaie de te faire quelque chose que tu n’aimes pas, ce n’est jamais de ta faute. Tu as le droit de dire non, de te protéger et de parler à quelqu’un en qui tu as confiance. »
Apprenez-lui qu’il peut téléphoner au 119
Rappelons que le 119 est le numéro d’appel pour l’enfance en danger en France. Il est destiné aux enfants, adolescents mais aussi aux adultes qui sont témoins d’une situation préoccupante comme les abus sexuels commises sur les mineurs, les agressions physiques ou psychologiques. L’appel est gratuit, confidentiel, et accessible 24/24h.
Expliquer son rôle : dites-lui que c’est un numéro spécial pour les enfants qui se sentent en danger ou qui ont des inquiétudes à propos de quelque chose qui s’est passé.
Rassurez-le : faites-lui savoir que les personnes au bout du fil sont là pour les aider et les protéger.
Répétez-lui le numéro d’urgence : faites un jeu où il compose le 119 sur le téléphone (sans appuyer sur l’appel) pour s’assurer qu’ils se souviennent du numéro.
Affichez-le : gardez le numéro 119 à un endroit visible, comme sur le réfrigérateur ou à côté du téléphone fixe de la maison.
Armer nos enfants avec des informations et des ressources est l’une des meilleures manières de les protéger. En leur faisant savoir qu’ils ont le droit de protéger leur corps et en leur fournissant des outils comme le numéro 119 qui est le numéro de la protection de l’enfance, nous faisons un pas de plus vers la protection de leur bien-être et de leur avenir.
Rassurez-le à nouveau :
Insistez en disant à votre enfant : « Je suis là pour te protéger et m’assurer que tu es en sécurité. Rappelle-toi toujours que tu as des droits et que personne ne devrait les violer. »
Terminez la conversation en offrant à votre enfant la possibilité de poser des questions et assurez-vous qu’il a bien compris. La clé est d’aborder ce sujet délicat avec sensibilité, clarté et bienveillance pour que l’enfant se sente informé et protégé.
Sophie Madoun