Les cellules immunitaires du cerveau, appelées CAMs, jouent un rôle crucial dans la protection contre les dommages post-AVC. Des chercheurs viennent de comprendre les mécanismes de défense du cerveau après un AVC ischémique.

 

Aujourd’hui, on va plonger dans une histoire fascinante qui se passe dans notre cerveau. On va découvrir comment des cellules immunitaires, appelées CAMs (Macrophages Associés au Système Nerveux Central), jouent un rôle crucial dans la protection de notre cerveau après un AVC (Accident Vasculaire Cérébral). Prêts pour un voyage dans le microcosme de notre cerveau ? C’est parti !

Comprendre les AVC

Un AVC, c’est quoi exactement ? Il s’agit d’une interruption soudaine de l’apport sanguin à une partie du cerveau. Le type le plus fréquent d’AVC est l’AVC ischémique, qui survient lorsque qu’un caillot sanguin bloque une artère cérébrale. Imaginez un embouteillage monstre sur une autoroute importante du cerveau, empêchant l’oxygène et les nutriments d’atteindre les cellules cérébrales. Sans oxygène, ces cellules commencent à mourir rapidement, entraînant des dommages neurologiques parfois irréversibles.

Facteurs de risque : Le vieillissement est l’un des principaux facteurs de risque d’AVC. Dès l’âge de 55 ans, le risque d’AVC ischémique double tous les dix ans. Cela signifie que plus on vieillit, plus on est susceptible de subir un AVC.

L’inflammation post-AVC : un enjeu crucial

Après un AVC ischémique, le cerveau subit une inflammation intense, aggravant les dommages. C’est ici que nos super-héros, les CAMs, entrent en jeu. Ces cellules immunitaires jouent un rôle clé à la frontière entre le sang et le cerveau, surveillant et régulant les réactions inflammatoires pour protéger les neurones.

Les CAMs : les gardiens de la barrière cérébrale

La barrière hémato-encéphalique est une structure complexe qui sépare les vaisseaux sanguins cérébraux du parenchyme cérébral, le tissu fonctionnel du cerveau. Elle agit comme un bouclier ultra-sélectif, laissant passer les nutriments essentiels tout en bloquant les agents pathogènes, les toxines et les cellules immunitaires non désirées.

Les CAMs résident au sein de cette barrière. En temps normal, leur rôle est de :

  • Surveiller l’environnement pour détecter les débris et les molécules étrangères.
  • Nettoyer ces débris pour maintenir un environnement cérébral sain.
  • Signaler aux autres cellules immunitaires la présence de pathogènes.

Grâce à leur position stratégique, les CAMs sont parfaitement placés pour réagir rapidement aux signaux inflammatoires.

Vieillissement et CAMs : une évolution nécessaire

Une équipe de chercheurs de l’Inserm, du CHU Caen Normandie et de l’université de Caen Normandie, dirigée par Marina Rubio et Denis Vivien, s’est penchée sur les CAMs et leur évolution au cours du vieillissement.

Observations clés :

Nombre constant, fonctions évolutives : Le nombre de CAMs ne change pas avec l’âge, mais leurs fonctions évoluent. Avec l’âge, ces cellules expriment davantage de récepteurs MHC II, essentiels pour la communication intercellulaire.

Porosité accrue de la barrière : En vieillissant, la barrière hémato-encéphalique devient plus poreuse, laissant passer plus facilement les cellules immunitaires du sang vers le cerveau.

Pourquoi est-ce important ? Ces changements permettent aux CAMs de mieux coordonner la réponse immunitaire, en particulier après un AVC, pour éviter une inflammation excessive qui pourrait aggraver les dommages cérébraux.

Expérimentations et découvertes du vieillissement et et de l’évolution des CAMs

Une équipe de recherche du laboratoire Physiopathologie et imagerie des maladies neurologiques (Inserm/Université de Caen Normandie), menée par Marina Rubio, chercheuse Inserm, et Denis Vivien, professeur et praticien hospitalier à l’université de Caen et au CHU Caen Normandie et responsable du laboratoireont découvert que les CAMs, bien que constants en nombre, évoluent en fonction de l’âge. En vieillissant, les CAMs expriment davantage de récepteurs MHC II, améliorant ainsi leur communication avec d’autres cellules immunitaires et renforçant leur capacité à réguler la réponse immunitaire. Ils ont mené des expériences sur des souris et des tissus cérébraux humains pour mieux comprendre le rôle des CAMs après un AVC. Ils ont comparé :

  1. Un cerveau vieillissant normal de souris.
  2. Un cerveau sans CAMs.
  3. Un cerveau avec CAMs mais avec le récepteur MHC II inhibé.

 

« Ces observations suggèrent que les CAMs seraient capables d’adapter leur activité en fonction du stade de la vie, de l’état de santé de la personne et de la région du cerveau où ils se trouvent », explique Marina Rubio.

 

Résultats :

Augmentation de la perméabilité de la barrière : Dans les cerveaux sans CAMs ou avec récepteur MHC II inhibé, la barrière hémato-encéphalique était plus perméable, permettant à plus de cellules immunitaires de traverser.

Réponse immunitaire exacerbée : Une augmentation significative des cellules immunitaires dans le cerveau entraînait une réponse inflammatoire plus intense et des dommages neurologiques plus graves.

Ces résultats montrent que les CAMs, avec leur récepteur MHC II, jouent un rôle crucial dans la régulation de la réponse immunitaire et la protection du cerveau après un AVC.

 

« Ces résultats suggèrent que les CAMs acquièrent, au cours du vieillissement, un rôle central dans l’orchestration du trafic des cellules immunitaires après un AVC ischémique, explique Denis Vivien. Grâce à leur capacité d’adaptation, ils assureraient un contrôle étroit continu de l’intégrité de la barrière hémato-encéphalique et de l’intensité de la réponse inflammatoire ».

 

Les perspectives futures

Les chercheurs ne s’arrêtent pas là. L’objectif futur est de comprendre en détail les mécanismes moléculaires de communication entre les CAMs et les cellules de la barrière hémato-encéphalique. En identifiant ces mécanismes, ils espèrent développer de nouvelles cibles thérapeutiques pour moduler la réponse immunitaire cérébrale après un AVC, adaptant ainsi les traitements aux besoins spécifiques de chaque patient.

Les CAMs sont des cellules immunitaires incroyablement adaptatives qui jouent un rôle clé dans la protection de notre cerveau, surtout en vieillissant. Leur capacité à réguler la réponse immunitaire et à maintenir l’intégrité de la barrière hémato-encéphalique fait d’elles de véritables gardiens microscopiques de notre santé neurologique.

« L’objectif sera, à terme, d’identifier et de développer de nouvelles cibles thérapeutiques qui pourraient permettre de moduler la réponse immunitaire cérébrale de manière adaptée à chaque patient après un AVC », conclut Marina Rubio.

Alors, la prochaine fois que vous entendrez parler d’un AVC, souvenez-vous de ces petits héros qui travaillent sans relâche pour protéger notre cerveau des dégâts ! La science avance à grands pas, et avec elle, l’espoir de nouveaux traitements plus efficaces pour les victimes d’AVC.

 

Sources :

 

Central nervous system-associated macrophages modulate the immune response following stroke in aged mice.

  • Étude publiée dans Nature Neuroscience
  • Inserm, CHU Caen Normandie, Université de Caen Normandie

 

Nature Neuroscience, 3 juillet 2024
DOI : https://doi.org/10.1038/s41593-024-01695-3