Le plus puissant ordinateur quantique du monde, conçu par Quandela et installé au CEA, ouvre une nouvelle ère pour la science, l’industrie et l’énergie.

 

Le plus puissant ordinateur quantique au monde vient d’être installé en France, au Très Grand Centre de Calcul (TGCC) du CEA. Conçu par la start-up française Quandela, cet ordinateur photonique calcule avec la lumière et ouvre une nouvelle ère pour la science, l’industrie, la santé et l’énergie.

L’ordinateur quantique le plus puissant du monde : quand la lumière dépasse les supercalculateurs

Nos ordinateurs classiques, même les superordinateurs ou les calculateurs intensifs dotés de milliers de processeurs CPU et GPU, restent limités par la vitesse de leurs transistors et leur refroidissement.
Un ordinateur quantique, lui, exploite les lois de la physique quantique et des algorithmes massivement parallèles.
Ses qubits peuvent représenter plusieurs états à la fois (0 et 1 simultanément), ce qui permet d’effectuer des millions d’opérations par seconde de manière totalement nouvelle.

Lucy, installé au  Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) s’appuie sur une technologie unique : des qubits photoniques.
Ces puces quantiques utilisent des particules de lumière pour réaliser des calculs complexes de simulation numérique, dépassant les limites de la loi de Moore qui freine les processeurs classiques.
Avec cette capacité de calcul inédite, la France entre dans une nouvelle ère du calcul intensif et de l’informatique quantique.

Nos ordinateurs ordinaires utilisent des bits — des 0 et des 1 — pour faire tourner nos logiciels.
Un ordinateur quantique, lui, fonctionne avec des qubits, capables d’être 0 et 1 en même temps. Cette propriété, appelée superposition, permet d’explorer des millions de possibilités en parallèle.

L’ordinateur quantique le plus puissant du monde, une prouesse européenne

Cet ordinateur quantique photonique, assemblé à Massy par Quandela en partenariat avec attocube systems AG (Allemagne), a été livré au TGCC du CEA — un site déjà réputé pour ses clusters de calcul intensif.
Financé par EuroHPC et le GENCI, ce projet s’inscrit dans la continuité des calculateurs haute performance européens comme ceux d’Atos ou HPE.

« La livraison de Lucy n’est pas seulement une nouvelle étape – c’est un élément clé pour l’avenir du calcul hybride européen », explique Niccolo Somaschi, co-fondateur et CEO de Quandela.
« En la couplant au supercalculateur Joliot-Curie, nous permettons de véritables flux de travail hybrides HPC-quantique, pour explorer de nouveaux horizons en simulation, optimisation et apprentissage automatique. »

Lucy vient donc compléter la puissance informatique du CEA et du CNRS, en apportant une approche massivement parallèle basée sur la lumière.
Elle ouvre la voie à des simulations scientifiques d’une précision jamais atteinte, comparables à celles utilisées par la NASA ou les grands centres de recherche internationaux.

 

À quoi servira l’ordinateur quantique le plus puissant du monde ?

Le nouvel ordinateur quantique ne sert pas à naviguer sur Internet, mais à résoudre des problèmes concrets d’une complexité colossale.
Parmi les premiers domaines concernés :

  • Énergie et climat : modéliser les réseaux électriques, anticiper la demande et mieux intégrer les énergies renouvelables.

  • Santé et chimie : simuler des molécules pour accélérer la mise au point de nouveaux médicaments.

  • Finance : optimiser les portefeuilles et anticiper les risques de marché.

  • Industrie et logistique : concevoir des chaînes d’approvisionnement plus efficaces et moins polluantes.

  • Aéronautique et spatial : calculer des trajectoires complexes et inventer des matériaux plus légers.

Cet ordinateur ne remplace pas les supercalculateurs : il travaille avec eux, chacun dans son domaine d’excellence.

L’ordinateur quantique le plus puissant du monde bientôt accessible en Europe

Installé au Très Grand Centre de Calcul (TGCC) du CEA, ce processeur photonique est actuellement en phase de test.
Il sera accessible aux chercheurs européens dès début 2026, via le portail eDARI du GENCI, la plateforme officielle qui permet de demander des ressources de calcul haute performance sur les supercalculateurs français et européens.
Des formations et webinaires sont déjà proposés pour apprendre à programmer sur cet ordinateur quantique le plus puissant au monde, grâce aux environnements Perceval et MerLin, spécialement conçus pour le machine learning quantique et la recherche en intelligence artificielle.

« Dans la course mondiale vers l’ordinateur quantique, cette livraison constitue une étape majeure de l’ambition française et européenne », souligne Philippe Lavocat, PDG de GENCI.
« Cette technologie souveraine, bientôt connectée au supercalculateur Joliot-Curie puis à Alice Recoque (Exascale), servira à la fois la recherche et l’industrie. »

Le rôle du CEA dans le déploiement de l’ordinateur quantique le plus puissant du monde

Au Très Grand Centre de Calcul (TGCC) du CEA, la puissance de calcul atteint déjà des niveaux parmi les plus élevés au monde. C’est là que le nouveau ordinateur quantique photonique vient désormais s’intégrer, non pas pour remplacer les superordinateurs classiques, mais pour travailler avec eux.

Ce mariage entre calcul intensif et informatique quantique marque une étape majeure : les Qubits photoniques dialoguent désormais avec les processeurs CPU et GPU traditionnels au sein d’un même cluster de calcul.
Cette hybridation multiplie la capacité de calcul des ordinateurs par plusieurs ordres de grandeur, en combinant la précision du quantique et la vitesse du calcul massivement parallèle.

« Cette étape illustre les progrès de la plateforme HQI et la maturité croissante des qubits photoniques », souligne Jean-Philippe Verger, directeur du CEA DAM Île-de-France.
« Nous sommes fiers d’accueillir cette technologie et de soutenir les start-ups françaises de pointe dans leur développement. »

Grâce à cette approche hybride, la France entre dans une nouvelle phase de révolution informatique.
Le CEA, accompagné du CNRS et de l’Inria, fait évoluer ses architectures de calcul scientifique pour accueillir les futurs ordinateurs quantiques, capables d’exécuter des algorithmes aujourd’hui hors de portée des machines en silicium.
Cette synergie prépare la recherche européenne à une puissance de calcul exponentielle, au service du Big Data, de la modélisation du vivant et des technologies de demain.

Ce qu’il faut retenir sur l’ordinateur quantique le plus puissant du monde

 

Nom Lucy (ordinateur quantique photonique)
Lieu TGCC du CEA, Saclay
Concepteur Quandela (France) + attocube AG (Allemagne)
Technologie 12 qubits photoniques
Mise à disposition Début 2026
Applications Énergie, santé, finance, industrie, spatial
Spécificité Calcule avec la lumière

Cet ordinateur quantique photonique n’est pas qu’un exploit technique : c’est une porte ouverte vers le futur du calcul.
Il annonce un monde où les ordinateurs classiques et quantiques travailleront ensemble pour relever les défis du siècle : énergie, santé, climat, innovation.
Et cette révolution, déjà en marche, se joue en France.

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Sophie Madoun