Après le retrait de Benjamin Griveaux de la course de la mairie de Paris, CAM4 et la rédaction de Hot Vidéo ont souhaité mesurer, en tant qu’observateurs attentifs des diverses formes de sexualités numériques, l’état de l’opinion publique sur cette affaire et, plus largement sur l’ampleur de pratiques comme le revenge porn (« pornodivulgation ») ou les dick pic (« photos de pénis ») qui ont pris de l’ampleur ces dernières années avec la généralisation de l’usage des smartphones et d’applications (ex : Snapchat, AirDrop…) favorisant l’échange d’images personnelles à caractère sexuel. Alors, que pensent les français du revenge porn? Réponses.

Avec « l’affaire Griveaux » c’est tout le monde politique et notre société qui est destabilisée. Va-t-on vers un puritanisme à l’anglo saxonne à outrance? Notre protection des données est à nouveau mise à rude épreuve, nous incitant à ne rien publier d’intime sur internet. Cette société de délation nous rappelle, également,  les heures sombres de notre histoire. Alors, que pensent les français du revenge porn?

 Génération « Griveaux », génération « dick pic » ?

Les jeux sexuels virtuels auxquels se serait livré celui qui était alors porte-parole du gouvernement sont loin d’être exceptionnels pour des hommes de sa génération.

1 – En effet, si l’excitation entre partenaires via SMS, photos, vidéos ou webcam est une pratique minoritaire chez l’ensemble des Français (22%), elle s’avère beaucoup plus courante chez les jeunes de moins de 30 ans (46%) et notamment chez les hommes de cette génération où ce genre de jeux sexuels est une pratique majoritaire (53%). Il faut dire qu’en une demi-douzaine d’années, la proportion d’adeptes de ce genre de sexualité virtuelle a littéralement explosé chez les plus jeunes : 44% des jeunes de moins de 25 ans déclarent s’être déjà excités virtuellement avec un partenaire, soit quatre fois plus que ce que l’Ifop pouvait observer en 2014 (10%).

 

2 –  Parmi ces jeux virtuels, la diffusion d’images intimes auquel se serait adonné le candidat macroniste constitue elle aussi une pratique avant tout en vogue chez les jeunes : 35% des moins de 30 ans, contre 16% chez l’ensemble des Français, ont déjà envoyé à quelqu’un une image d’eux à connotation sexuelle (ex : photo, vidéo, live via webcam). Mais parmi ces pratiques à risque, l’envoi de photos ou de vidéos de soi-même nu ou dénudé (« nude ») s’avère beaucoup plus répandue (30% chez les moins de 30 ans) que celle à laquelle se serait livré Benjamin Griveaux, à savoir la diffusion de photo de son sexe (« dick pic ») sous forme de photo (15%) ou de live via webcam (11%).

3 – Chez l’ensemble de la population, la diffusion de dick pic (« photos de son sexe ») au sens strict reste en revanche une pratique marginale (9%), à forte dominante masculine (13% des hommes s’y sont adonnés contre 5% des femmes) et homosexuelle (38% chez les gays et les bis). De même, l’exhibition sexuelle devant une webcam attribuée à cet ex strauss-kahnien reste une pratique confidentielle : seuls 7% des Français ont déjà exhibé leurs organes sexuels devant une webcam.

Le « revenge porn », une cyber violence qui effraye une grande partie des jeunes

4 – Que pensent les français du revenge porn? Dans ce contexte, la crainte d’être à son tour victime de ce genre de cyberviolence sexuelle s’est emparée d’une grande partie des jeunes et, plus largement, de ceux qui se sont déjà adonnés à une forme de « sexting » ou de « sextape ». Ainsi, un jeune sur deux de moins de 25 ans (46%) admet avoir peur d’être victime un jour de revenge porn (30%) sur Internet ou les réseaux sociaux et cette crainte est naturellement plus forte dans les rangs des Français ayant déjà envoyé la photo de leur sexe à quelqu’un : 53% des personnes ayant déjà envoyé un nude, un dick pic ou ayant exhibé leur sexe devant une webcam craignent de voir un jour publier une image d’eux à caractère sexuel sans leur consentement.

5 – Rares sont toutefois les Français à admettre s’être déjà livrés à cette pratique qui consiste à publier une image ou une vidéo à caractère sexuel d’une personne sans son consentement : 4% des Français âgés de 18 à 69 ans avouent avoir déjà contribué à la diffusion non consentie de vidéos et photos à caractère sexuel, soit une proportion qui a doublé en une demi-douzaine d’année (2% en 2014). Et cette pratique – vivement condamnée par la loi – reste toujours une pratique essentiellement masculine chez l’ensemble des Français (5% des hommes, contre 1% des femmes) comme chez les jeunes de moins de 25 ans (8% des garçons, contre 3% des filles).

L’affaire Griveaux, une campagne locale au retentissement national

6 – Alors même qu’elle ne concerne qu’un candidat à une campagne locale – celle pour les élections municipales à Paris -, l’affaire Griveaux a eu un retentissement national important : les trois quarts des Français (74%) ont entendu parler de la publication d’une vidéo à caractère sexuel impliquant le candidat à Paris de la République en Marche Benjamin Griveaux.

7 – Signe de l’impact que peuvent avoir aujourd’hui les réseaux sociaux, plusieurs millions de Français ont vu au moins un bout de la vidéo montrant les organes sexuels attribués à l’ancien secrétaire d’État : 8% déclarent avoir vu au moins un extrait de cette vidéo, ce qui correspond à environ 4 millions de personnes si l’on extrapole les résultats à partir des données du dernier recensement.

Le retrait « Griveaux », un indice d’un retour de l’ordre moral ?

8 – Le retrait de la candidature de Benjamin Griveaux comme tête de liste de la République en Marche aux élections municipales à Paris est soutenu par une majorité des Français (57%), y compris chez les sympathisants de son propre parti (51% chez les sympathisants de la LaRem). Mais c’est surtout une logique politique qui semble pousser à son retrait dans la mesure où c’est dans les électorats les plus « anti-système » que l’on trouve le plus de personnes favorables à son retrait (66% des sympathisants RN et 62% des sympathisants LFI approuvent son retrait contre).

9 – Ce retrait est-il la marque d’une forme de puritanisme à l’anglo-saxonne reposant sur une exigence de transparence et de concordance entre sa vie publique et sa vie privée ? Il est difficile de l’affirmer mais au regard des résultats de cette enquête, force est de constater que le retrait de Benjamin Griveaux n’est pas plus soutenu par les personnes sous l’influence morale religieuse (55% chez les catholiques pratiquants) que chez ceux qui en sont totalement détachés (ex : 57% chez les athées). De même, son retrait est approuvé par une majorité de Français dans des catégories les plus libérales sexuellement comme peuvent l’être les personnes ayant déjà envoyé une image d’elles dénudées (52%) ou celles affirmant une part d’homosexualité (51%), signe que le jugement des Français sur cette affaire semble plus de nature politique que morale.

LE POINT DE VUE DE CAM4 SUR L’ENQUÊTE

Le site CAM4 leader mondial des webcams amateurs et le magazine Hotvideo leader de la presse pour adulte en France, s’associent pour montrer l’importance et les dangers des sextapes, nude, dick pics, et plus généralement du sexe virtuel. 11 % des jeunes ont déjà exhibé leur sexe devant une webcam. Ce type de contenu dans de mauvaises mains peut être utilisé sur les réseaux sociaux dans le cadre d’une publication comme les revenge porn. La liberté sexuelle et le plaisir de s’exhiber ne doivent pas être utilisées à des fins destructrices. On doit tous appliquer une règle simple : ne jamais publier un contenu sur autrui qui dépasse la porte de sa chambre à coucher !

CAM4 , depuis 2007, s’attache tout particulièrement à préserver la confidentialité des diffusions sur son site ou rien n’est enregistré. En sus, CAM4 procure une aide légale aux diffuseurs dans le cas où quelqu’un essaye d’enregistrer par quelconque moyen que ce soit ces diffusions confidentielles

 

 

Que pensent les français du revenge porn? Étude réalisée auprès d’un échantillon national représentatif de 1 000 Français, cette enquête montre notamment que les jeux sexuels virtuels auxquels se serait livré celui qui était alors porte-parole du gouvernement sont loin d’être exceptionnels pour des hommes de sa génération et que la crainte d’être à son tour victime de ce genre de cyberviolence sexuelle s’est emparée de la majorité de ceux qui se sont déjà adonnés à une forme de « sexting » ou de « sextape ».

 

Source : Etude Ifop pour CAM4 et Hot Vidéo réalisé par questionnaire auto-administré en ligne du 14 au 17 février 2020 auprès d’un échantillon de 1 002 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

François Kraus, directeur du pôle genre, sexualités et santé sexuelle