Aujourd’hui en France, 11 millions de personnes sont des proches aidants et parmi eux, plus de 50% sont actifs(2). Le vieillissement de la population et l’allongement de la durée de travail laissent entendre que plus de 20% des actifs joueront un rôle d’aidant dans les années à venir. Une situation difficile à vivre, puisqu’ils sont plus de 1 sur 5 à préférer taire leur situation auprès de leur employeur (1). Qui sont les aidants? Quels sont leurs droits? Réponses.
La JNA (journée nationale des aidants) se déroulera le 6 octobre, sous le haut marrainage de Madame Pascale Boistard, Secrétaire d’État auprès de la Ministre des Affaires Sociales et de la Santé, chargée des personnes âgées et de l’autonomie. De nombreuses actions à Paris, au sein des entreprises et dans toute la France permettront aux Français de s’informer sur leurs droits, les aides existantes et les démarches à effectuer pour faciliter leur quotidien.
Un impact conséquent sur la vie professionnelle et un bouleversement de la structure familiale
Être aidant a un impact sur les conditions de travail. Pour 33%, la situation d’aidant a un impact négatif sur la vie professionnelle (2) et 58 % déclarent avoir du mal à concilier travail et obligations familiales (1). Le salarié aidant ressent une charge importante «il a des contraintes temporelles lourdes, s’ajoute à cela la charge psychique, même au travail il pense à son proche…» commente Clémentine Scherer, psychologue clinicienne, responsable du pôle de soutien psychologique, Ressources Mutuelles Assistance.
Profil des aidants (2) :
53% sont actifs, dont 42% sont salariés
56% sont des femmes
55% ont 50 ans et +
Paradoxalement, exercer une activité professionnelle lui permet de maintenir un lien social. « Aller travailler permet à l’aidant d’avoir un sas de décompression, échanger avec ses collègues lui permet de se changer les idées. Le lieu de travail est alors un endroit préservé, hors de la sphère de l’aidant » ajoute Clémentine Scherer.
74 % des salariés aidants se déclarent satisfaits par leur travail (1)
Ce sont principalement les femmes qui assurent le rôle d’aidant, notamment lorsque les contraintes sont telles qu’elles nécessitent une réduction du temps de travail voire une cessation de l’activité professionnelle. «La femme aidante a en charge une famille. Se pose alors la question de son rôle de femme mais aussi en tant que fille, dans le cas où elle s’occupe de son parent. Un important remaniement de la structure familiale s’opère alors » précise-t-elle. « Aider une personne handicapée devient avec le temps un acte naturel et à la longue, on ne s’en rend plus compte. Concilier travail professionnel et travail d’aidant est aussi fatiguant et parfois on aimerait de l’aide » témoigne une aidante.
Un temps de repos sacrifié par méconnaissance des dispositifs légaux Les salariés aidants ont des difficultés à connaître l’ensemble des aides et des ressources mis à leur disposition, qu’il s’agisse d’aides financières, humaines ou techniques. Ils sont en effet 73% à ne pas connaître ces dispositifs (1). C’est une des raisons pour lesquelles, ils s’arrangent, trouvent des solutions. La loi de 2016 relative à « l’adaptation de la société au vieillissement » permet à présent de faciliter les conditions pour que les salariés aidants puissent prendre un congé, appelé «congé de proche-aidant» de trois mois renouvelables, avec la possibilité de négocier un temps partiel avec l’employeur.
La loi prévoit également le droit au répit pour permettre aux proches aidants de se reposer ou de s’accorder du temps libre.
Une situation passée sous silence pour 1 salarié aidant sur 5
Plus de 21% des salariés aidants n’informent pas leur employeur de leur situation(1). «Les aidants ont le sentiment qu’ils vont perdre leurs reconnaissances professionnelles s’ils parlent de leur situation, auquel s’ajoute la peur d’une perte desalaire» précise Clémentine Scherer. L’aidant ne se tourne pas naturellement vers les aides. «Pour l’aidant, cela ne va pas de soi de demander de l’aide, car l’aidant n’a pas conscience qu’il est aidant. Il estime que c’est naturellement son devoir d’aider un proche» explique Franck Guichet, sociologue.
Si aucune aide n’est apportée, certains aidants arrivent à une situation d’épuisement, qui peut mener à un arrêt maladie. « Ils taisent leur situation au travail, développent des stratégies d’adaptation, qui peuvent conduire à l’épuisement», conclut Clémentine Scherer.
A l’ère du bien-être au travail, une préoccupation grandissante pour l’entreprise
Face à ce nombre croissant de salariés aidants et pour limiter le recours aux arrêts maladie, les entreprises intègrent de plus en plus cette situation à la RSE, plus particulièrement les grandes entreprises. Pour Clémentine Scherer, une des premières actions à mener est de faire de l’information et surtout de la prévention en entreprise sur les aides existantes. « Plus les entreprises mettent à disposition un environnement de travail favorable aux salariés qui leur permet de concilier travail et vie familiale, plus les salariés y trouveront une forme d’épanouissement» conclut Franck Guichet.
6 OCTOBRE 2016 : JOURNÉE NATIONALE DES AIDANTS, une journée pour dire JE T’AIDE
Informer les entreprises, sensibiliser les salariés et tous les actifs aux aides existantes, mais aussi mobiliser tous les acteurs du soutien aux
aidants, telle est la mission que s’est donnée l’Association pour la Journée Nationale des Aidants pour cette 7ème édition.
Informations sur : lajourneedesaidants.fr
1- Enquête Macif-Unaf : Etre aidant et travailler auprès de 371 salariés aidants sur la période entre février et juillet 2015.
2-Baromètre Aidants, réalisé par BVA pour la Fondation April. Sondage réalisé sur un échantillon de 1997 personnes, représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus. Juin 2015.
3- Enquête nationale conduite par Sociovision auprès d’un échantillon de 3500 salariés du secteur privé pour le groupe de protection sociale Malakoff- Médéric.