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Temps de récupération du cerveau après la dépendance à l’alcool

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Combien de temps faut-il pour que le cerveau se rétablisse de la dépendance à l’alcool ?  Des chercheurs apportent une nouvelle encourageante : les dommages cérébraux causés par l’abus d’alcool ne sont, heureusement, pas irréversibles.

Voici une excellente nouvelle pour les personnes luttant contre la dépendance à l’alcool, que ce soit dans une démarche de sevrage ou pour celles qui ont déjà réussi à s’en libérer : les dommages cérébraux causés par une consommation excessive et chronique d’alcool ne sont pas irréversibles. Une étude récente, publiée dans la revue spécialisée Alcohol, révèle le temps nécessaire au cerveau pour se régénérer après un sevrage lié à des troubles de la consommation d’alcool.

Effets délétères de l’alcool

L’alcool, consommé par de nombreux buveurs à travers le monde, exerce un impact significatif sur le système nerveux. Lorsqu’il est consommé en excès, il peut conduire à une dépendance, transformant certains consommateurs en dépendants. Les effets neurologiques de cette drogue sont vastes et complexes, impliquant une variété de récepteurs dans le cerveau.

Cette interaction avec les récepteurs cérébraux peut mener à un syndrome de dépendance psychique, où la personne ressent un besoin irrépressible de consommer de l’alcool pour ressentir du plaisir ou pour éviter le malaise. Parallèlement, une dépendance physique peut se développer, caractérisée par une tolérance accrue à l’alcool et des symptômes de sevrage en son absence.

Chez les alcooliques, une multitude de problèmes de santé peuvent survenir, affectant divers aspects de leur bien-être physique et mental. L’alcoolisme a tendance à impacter sévèrement le foie, organe crucial pour le métabolisme et l’élimination des toxines, pouvant conduire à des conditions telles que le coma éthylique, l’encéphalopathie, la stéatose hépatique, l’hépatite alcoolique et la cirrhose. Le système digestif est également vulnérable, avec des risques accrus de gastrite, d’ulcères et de cancers du tube digestif.

Sur le plan cardiovasculaire, la consommation excessive d’alcool peut entraîner de l’hypertension, des arythmies cardiaques et une cardiomyopathie. Le cerveau n’est pas épargné, l’alcool pouvant causer des dommages neurologiques à long terme, se manifestant par des troubles de la mémoire, l’éthylisme chronique, une diminution des capacités cognitives et un risque accru de démence.

De plus, le système immunitaire est affaibli chez les alcooliques, les rendant plus susceptibles aux infections et aux maladies. Sur le plan psychologique, la dépression, l’anxiété et d’autres troubles de l’humeur sont fréquemment observés, exacerbant souvent la dépendance à l’alcool.

Comment le cerveau devient-il dépendant a l’alcool ?

Le cerveau devient dépendant à l’alcool à travers un processus complexe qui implique à la fois des changements biochimiques et physiologiques. Voici comment cela se produit :

Modification de la chimie cérébrale : l’alcool affecte le système de récompense du cerveau, notamment en augmentant la libération de dopamine, un neurotransmetteur associé au plaisir et à la récompense. Cette libération de dopamine crée une sensation de bien-être et d’euphorie, encourageant la répétition de la consommation d’alcool pour retrouver ces sensations agréables.

Adaptation : avec une prise régulière et prolongée, le cerveau s’adapte à la présence de l’alcool. Cette adaptation se traduit par une tolérance accrue, ce qui signifie que des quantités de plus en plus importantes d’alcool sont nécessaires pour obtenir les mêmes effets.

Dépendance physiologique : à mesure que le corps s’habitue à des niveaux élevés d’alcool, il commence à dépendre de cette substance pour fonctionner normalement. Lorsque la consommation d’alcool est réduite ou arrêtée, le cerveau réagit en provoquant des symptômes de sevrage, comme l’anxiété, les tremblements, l’insomnie et, dans les cas graves, des convulsions.

Altération du Fonctionnement Neuronal : l’alcool perturbe l’équilibre des neurotransmetteurs autres que la dopamine, comme le GABA (acide gamma-aminobutyrique) et le glutamate, qui sont impliqués dans la régulation de l’excitation et de l’inhibition dans le cerveau. Ce qui affecte le jugement, la coordination, et la prise de décision.

Changements structurels dans le cerveau : la consommation chronique d’alcool entraîne des changements structurels dans différentes régions du cerveau, affectant des fonctions telles que la mémoire, la prise de décision, et le comportement.

Réactions psychologiques et émotionnelles : avec le temps, comme toute drogue, l’alcool devient un mécanisme d’adaptation pour faire face aux émotions négatives ou au stress, renforçant la dépendance psychologique.

Une récupération significative

Des chercheurs américains ont découvert que, après environ 7,3 mois d’abstinence, les cerveaux des participants montraient des améliorations notables dans leur structure. Ils ont observé une augmentation de l’épaisseur du cortex – la couche externe du cerveau qui tend à s’amincir en cas d’alcoolisme. Au bout de ces 7,3 mois sans alcool, les participants avaient retrouvé une épaisseur corticale quasi identique à celle de personnes témoins non dépendantes à l’alcool, dans 24 des 34 régions cérébrales examinées.

L’impact de la durée et de la quantité de consommation

L’étude a suivi 88 personnes souffrant de troubles liés à une prise excessive d’alcool. Ces participants ont subi des examens d’imagerie par résonance magnétique (IRM) une semaine, un mois, et 7,3 mois après avoir cessé de consommer de l’alcool. Leurs résultats ont été comparés à ceux de 45 personnes témoins, non-fumeuses et sans troubles liés à l’alcool.

Les hommes participant à l’étude avaient consommé plus de 150 boissons alcoolisées par mois pendant au moins huit ans, tandis que les femmes avaient consommé plus de 80 boissons par mois pendant au moins six ans. Les chercheurs ont constaté que ceux ayant une consommation d’alcool plus importante dans l’année précédant l’étude montraient une récupération moindre de l’épaisseur corticale. Ce constat suggère que la quantité et la durée de la consommation d’alcool peuvent influencer la vitesse de récupération du cerveau.

Un impact moindre chez les fumeurs

L’étude a également mis en lumière une récupération moins efficace chez les personnes fumeuses. Il apparaît que l’augmentation du nombre de paquets-années fumés (où un paquet-année représente la consommation de 20 cigarettes par jour pendant un an) est directement liée à une moindre régénération de l’épaisseur corticale dans 11 régions cérébrales. Ce constat renforce l’idée qu’arrêter à la fois l’alcool et le tabac pourrait significativement améliorer la santé.

Facteurs influant sur la récupération du cerveau à l’alcool

Le sevrage alcoolique, processus nécessaire pour surmonter l’addiction à l’alcool, peut être une période difficile, marquée par des symptômes physiques et psychologiques intenses. La gestion de cette addiction par les personnes alcooliques nécessite une prise en charge globale, incluant à la fois des traitements médicaux (Baclofène, benzodiazépine, anxiolytiques, antidépresseurs) par un médecin spécialisé en addictologie et un soutien psychologique. Le soutien social, les thérapies comportementales, la médication sont essentiels pour se libérer de cette drogue. De plus, une hospitalisation en addictologie ou en psychiatrie est souvent recommandée pour bien gérer la période de sevrage, éviter le delirium (qui arrive lors d’un sevrage sévère de l’alcool ou chez des personnes ayant eu une consommation excessive d’alcool et qui cessent brusquement ou réduisent considérablement leur consommation) et tous risques de rechute. Un environnement positif et un réseau de soutien solide sont cruciaux pour un rétablissement réussi de l’alcoolo-dépendant. En somme, l’alcoolisme est une condition complexe qui exige une attention médicale et thérapeutique soutenue pour adresser ses multiples conséquences sur la santé.

Symptômes d’un delirium tremens

Les symptômes du delirium tremens comment dans les 48 à 72 heures à l’arrêt de l’alcool et incluent des tremblements sévères (d’où le terme « tremens »), de la confusion, des hallucinations (visuelles, auditives ou tactiles), une agitation extrême, de la fièvre, une transpiration excessive, et une augmentation du rythme cardiaque et de la pression artérielle. Ces symptômes peuvent être très stressants et désorientants pour la personne qui en souffre. Ils durent en 48 et 72 heures

Limites de l’étude à prendre en compte

Malgré ses découvertes prometteuses, cette étude présente certaines limites, soulignées par les chercheurs eux-mêmes. Parmi celles-ci, la taille réduite de l’échantillon et le manque de diversité ethnique des participants sont à noter. Il est donc nécessaire que de futures recherches viennent confirmer et approfondir ces résultats. Ces nouvelles études devraient aussi explorer les liens entre les améliorations de l’épaisseur corticale, les troubles et symptômes psychiatriques, ainsi que les mesures de la fonction cognitive et de la qualité de vie.

 

Sources :

Timothy C. Durazzo, Lauren H. Stephens, Dieter J. Meyerhoff,

Regional cortical thickness recovery with extended abstinence after treatment in those with alcohol use disorder, Alcohol, 2023, ISSN 0741-8329,

https://doi.org/10.1016/j.alcohol.2023.08.011

 

Sophie Madoun

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