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Stop à la grossophobie !

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Ce vendredi 4 mars, c’est la journée mondiale de l’obésité. Alors qu’une nouvelle étude révèle l’ampleur des préjugés envers les personnes en surpoids et obèses, ces dernières se divisent sur les réseaux sociaux.  En plus des nombreuses moqueries et discriminations de la part des personnes « normales », elles subissent désormais les injonctions des militants anti-grossophobie les plus puristes et radicaux : les obèses se sentent pris(es) en étau.

Ce vendredi 4 mars, c’est la journée mondiale de l’obésité. Alors qu’une nouvelle étude révèle l’ampleur des préjugés envers les personnes en surpoids et obèses, ces dernières se divisent sur les réseaux sociaux.  En plus des nombreuses moqueries et discriminations de la part des personnes « normales », elles subissent désormais les injonctions des militants anti-grossophobie les plus puristes et radicaux : les obèses se sentent pris(es) en étau.

Le poids des jugements au sein de la « grossosphère »

Sur les réseaux sociaux, dans ce que l’on nomme désormais la « grossosphère », les militants les plus radicaux, adeptes du « wokisme » et des luttes intersectionnelles (féministe, antiraciste, LGBTQIA2+…) sont le fer de lance de la lutte contre la grossophobie systémique.

Un militantisme utile à bien des égards mais qui pèche par ses excès. Au point de s’en prendre parfois aux personnes en surpoids qui osent tenter de maigrir. « Tu es grossophobe envers toi-même » peut-on lire sur les réseaux sociaux. Les attaques peuvent être encore plus violentes pour celles qui affichent trop fièrement leur perte de poids en photos avec un « avant / après » : elles sont accusées de ne pas s’accepter et de s’être soumises aux exigences du système patriarcal.

« Guerre des gros » ou guerre d’égos ?

Pour les personnes obèses souffrant souvent de solitude, s’instaure alors une auto-censure, de peur de se faire « cancel » de certaines communautés de soutien par les leaders plus radicaux. 

« C’est un phénomène qu’on observe sur les réseaux sociaux mais beaucoup moins dans des groupes de soutien plus discrets et à taille humaine. » constate Maïwen Janovet.

La jeune femme, ancienne obèse (130 kg), a créé l’association des Obèses Anonymes, des groupes de parole qui s’inspirent de la méthode des Alcooliques Anonymes, privilégiant le soutien et l’accompagnement psychologique. Pour développer l’approche à plus grande échelle, elle a ensuite fondé Fedmind, une solution en ligne pour proposer un accompagnement global, psychologique et une communauté bienveillante aux personnes en surpoids ou obèses.

Selon elle, sur les réseaux sociaux, cette « guerre des gros » cacherait avant tout une guerre d’égos, chacun étant prompt à afficher le plus de pureté et de radicalité dans le combat contre la grossophobie.

Se rajouterait aussi une fracture sociologique. Les classes populaires des territoires sont généralement plus représentées parmi les obèses tandis que les militantes féministes anti-grossophobie et intersectionnelles vivent davantage au cœur des grandes métropoles.

Si les personnes obèses ont besoin des forces militantes, même les plus radicales, pour faire avancer leurs causes, ces divisions s’avèrent contre-productives face à l’ampleur du combat à mener.

L’enquête qui révèle l’ampleur de la grossophobie

Une nouvelle enquête initiée par la startup Fedmind montre à quel point les Français jugent sévèrement les personnes obèses. Ces chiffres sont même encore plus cruels chez les hommes. Et la crise du Covid ne semble pas avoir permis aux Français de mieux comprendre cette maladie.

2 Français sur 3 considèrent que l’obésité est avant tout un manque de volonté (chiffre qui monte à 3 sur 4 chez les hommes). Une idée reçue à la source de tous les maux (grossophobie, culpabilité,…) et que la science réfute : une étude britannique dénombre plus de 110 facteurs à l’origine de l’obésité (cf. encadré plus bas « la véritable lutte intersectionnelle contre l’obésité »).

Plus d’1 Français sur 3 estime que donner une visibilité plus juste aux personnes en surpoids (dans les médias, la publicité, les séries, le cinéma…), c’est aggraver l’obésité en la banalisant (chiffre qui monte à 44% chez les hommes). Une réalité bien ressentie sur les réseaux sociaux par les personnes obèses : lorsqu’elles osent enfin s’assumer et s’accepter, on leur reproche de faire l’apologie de l’obésité.

Pire encore, 1 Français sur 5 (près de 1 sur 4 chez les hommes) pense que la grossophobie peut contribuer à faire perdre du poids aux obèses (car cela les motiverait à ne plus la subir). Dit autrement, pour illustrer ce clivage avec une expression dans l’air du temps, certains seraient prêts à « emmerder jusqu’au bout » les obèses… mais pour leur bien !

La véritable « lutte intersectionnelle » contre l’obésité

Face à une vraie pathologie, la science balaye les idées reçues et les injonctions simplistes contre l’obésité telles que « il suffit de manger moins et de faire du sport ».

Sociologiques, psychologiques, physiologiques, nutritionnelles, sportives, sociétales… une étude britannique détaille plus de 110 variables influençant le développement systémique de l’obésité chez l’individu et dans nos sociétés. Les personnes obèses ont donc elles aussi leur propre « lutte intersectionnelle » à mener.

 

 

(*) Étude menée entre le 24 et le 25 février auprès de 1002 individus âgés de 18 ans et plus, extraits du panel de Yougov Direct. Résultats redressés afin d’être représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus selon les critères socio-démographiques (sexe, âge, PCS individu, catégorie d’agglomération, région d’habitation du foyer).

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