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Rupture du frein : plus de peur que de mal

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Fréquente, banale, sans danger, la rupture du frein est néanmoins souvent impressionnante en raison des saignements qui l'accompagnent. Elle affecte en priorité les hommes jeunes, au début de leur vie sexuelle.

Fréquente, banale, sans danger, la rupture du frein est néanmoins souvent impressionnante en raison des saignements qui l’accompagnent. Elle affecte en priorité les hommes jeunes, au début de leur vie sexuelle.

Il n’a l’air de rien ce petit bout de peau qui protège le gland de l’homme. D’ailleurs des centaines de milliers d’hommes sur la planète en font l’exérèse pour des motifs religieux ou pour des raisons d’hygiène (circoncision). Chez l’homme non-circoncis le prépuce glisse le long de la verge pendant l’érection pour laisser apparaître le gland (décalottage). Il se remet ensuite en place lorsque le sexe redevient flaccide. Le frein, cette petite attache qui relie le prépuce au gland, lui permet de se repositionner correctement à la fin de l’érection. Mais que faire face à une rupture du frein ?

Rupture du frein, rupture amoureuse

Une douleur suivie d’un saignement de la verge, c’est ainsi que se manifeste la rupture du frein. L’accident, relativement fréquent, survient de façon prioritaire chez des hommes jeunes, lors des premiers rapports sexuels. La rupture du frein peut également advenir à l’occasion d’acte d’autoérotisme. Sous l’effet du décalottage, d’une érection très rigide qui tire sur le prépuce, et du fait des frottements répétés de l’acte sexuel ou de la stimulation manuelle, le frein cède. En se rompant, il lèse une artériole et provoque une petite hémorragie.

« Il n’est pas usuel d’avoir mal et de saigner au cours d’un rapport, les hommes sont en général assez inquiets voire paniqués« , note le Dr Charlotte Methorst, chirurgien urologue.

Et ce d’autant plus qu’ils sont en début de leur vie sexuelle… Qu’ils soient rassurés : si l’accident paraît impressionnant, il est en revanche sans gravité. Les saignements cessent après une compression locale et la détumescence, ce qui est en général assez rapide dans de telles circonstances.

Freiner court

La rupture du frein est favorisée par certaines caractéristiques anatomiques : plus le frein est court, plus l’érection risque de le mettre en tension et donc de le fragiliser. Un frein très court entraîne en général une courbure du gland vers le bas lors de l’érection, « comme le nez du Concorde« , explique le Dr Methorst. Cette déformation s’accompagne, pour certains hommes, de sensations de tiraillement, voire de petites douleurs. Si ces symptômes se manifestent pendant l’érection, il est important de consulter. L’urologue pourra proposer une action préventive pour allonger ce frein et éviter qu’il rompe de façon inopinée.

Pour certains hommes, l’accident surviendra un peu plus tard dans la vie sexuelle : au fil des relations sexuelles, la tension exercée sur le frein entraîne des « subruptures » (micro lésions). Progressivement, le frein s’altère, devient fibreux et se raccourcit. De plus en plus court, il finit par rompre.

Que faire en cas de rupture du frein ?

Face à une hémorragie survenant lors de l’acte sexuel, la première urgence consiste à comprimer le gland avec un mouchoir ou un tissu pour arrêter le saignement. Une fois que celle-ci a cessé, un nettoyage à l’eau et au savon est nécessaire, accompagné, si possible, d’une petite désinfection à l’aide d’un produit doux sans alcool (bétadine…). Dans les jours qui suivront, l’application d’une crème cicatrisante est recommandée. Le rôle du ou de la partenaire est essentiel lorsque la victime panique devant l’accident, pour calmer, rassurer, voire prendre soin de la lésion.

Et après ?

Une consultation avec un urologue est importante afin que ce dernier vérifie que la cicatrisation évolue bien. « Souvent la cicatrisation se fait de façon un peu fibreuse », note Charlotte Methorst. Résultat : une bride rétractile se forme, qui accentue la mise en tension du frein pendant l’érection.  Le chirurgien peut alors proposer une plastie du frein. Il réalise une petite incision transversale sous anesthésie locale ou générale, puis suture avec du fil résorbable. L’intervention est simple, rapide, mais elle doit préserver l’artériole qui irrigue le frein et le petit nerf adjacent afin de conserver à cette zone ses caractéristiques érogènes. Pendant les 10 à 15 jours suivant l’intervention, il faudra s’astreindre à une bonne hygiène locale et éviter les rapports sexuels ainsi que la piscine.

Frein ou starter ?

Dans le domaine de la sexualité, le frein est ce qu’on appelle une trigger zone, une zone gâchette, qui joue un rôle important dans la stimulation sexuelle, le plaisir et le déclenchement de l’éjaculation. Un des traitements proposés aux éjaculateurs précoces, le squeezing, consiste à pincer le frein pour retarder l’émission de sperme et allonger la durée de l’érection.

 

À retenir :
– La rupture du frein est un accident fréquent.
– Elle survient principalement chez des hommes jeunes, lors des premières relations sexuelles.
– Des signes précurseurs peuvent alerter.
– Impressionnant, cet accident est néanmoins bénin.
– Une chirurgie simple, préventive ou réparatrice, permet de résoudre le problème.

 

 

Dr Charlotte Methorst, chirurgien urologue, membre du comité d’andrologie et de médecine sexuelle de l’AFU

 

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