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Pourquoi certaines musiques nous donnent-elles plus envie de danser que d’autres ?

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Pourquoi certaines musiques nous déclenchent une irrésistible envie de danser ? Des chercheurs nous éclairent.

La musique a le pouvoir de nous faire bouger, de nous transporter et parfois même nous faire perdre la notion du temps sur une piste de danse. Mais avez-vous déjà remarqué que certaines musiques semblent avoir un « groove » particulier qui nous invite irrésistiblement à danser, tandis que d’autres laissent nos pieds étonnamment immobiles ? Une étude menée par une équipe de recherche de l’Inserm et de l’ Université Aix-Marseille  apporte un éclairage sur ce phénomène.

La clé du « groove » réside dans la complexité rythmique

Les chercheurs ont exploré ce qui déclenche notre envie de danser en examinant l’activité cérébrale de 30 participants écoutant des musiques aux rythmes variés. Ils ont découvert que la sensation de groove (l’envie spontanée de danser en musique) atteint son apogée pour un rythme d’une complexité moyenne. Plus précisément, un rythme ni trop simple ni trop complexe semble être la recette magique pour nous faire bouger.

L’étude révèle également que notre désir de bouger en écoutant de la musique est lié à notre capacité à anticiper le tempo de celle-ci. C’est le cortex sensori-moteur gauche de notre cerveau qui joue un rôle crucial dans cette coordination entre la perception auditive (ce que nous entendons) et la réponse motrice (nos mouvements). C’est un un phénomène connu sous le nom de couplage action-perception.

Le rôle du système moteur dans la danse

Il est bien connu que le système nerveux moteur, qui comprend le cortex moteur et d’autres structures cérébrales responsables du mouvement et de la danse (le cervelet, qui affine la coordination, la précision et le timing des mouvements; les ganglions de la base, essentiels à l’initiation des mouvements et à la régulation de la motricité; et le cortex sensorimoteur, qui intègre les informations sensorielles et motrices, facilitant ainsi les réponses corporelles adaptées à la musique lors de la danse. Ces régions travaillent ensemble pour permettre la fluidité, la synchronisation et l’expression à travers le mouvement.).

Cette étude apporte une compréhension plus profonde de comment notre cerveau traite les rythmes musicaux et se prépare à la danse. Les rythmes qui imitent le tempo naturel des mouvements humains ou qui s’alignent bien avec nos capacités de synchronisation motrice tendent à nous motiver davantage à danser. Cela est essentiel pour nous permettre de bouger en rythme avec la musique.

Qu’est-ce qui nous donne envie de danser ?

Pour mener à bien leur recherche, l’équipe a composé 12 mélodies avec un rythme de base de 120 battements par minute, chacune étant modifiée pour offrir différents niveaux de syncope (en solfège, la syncope représente une interruption dans le flux régulier du rythme, conférant au morceau une imprévisibilité accrue).

Les participants ont écouté ces musiques tout en ayant leur activité cérébrale enregistrée par magnéto-encéphalographie (MEG). Ils ont ensuite évalué leur sensation de groove, leur envie de danger, qui a été corrélée par les chercheurs au degré de syncope de chaque musique. Un équilibre entre prévisibilité et surprise dans le rythme  stimule notre envie de bouger. Un rythme trop prévisible peut être ennuyeux, tandis qu’un rythme trop complexe (comme le free jazz, par exemple) peut être difficile à suivre, réduisant ainsi notre envie de danser.

« Ces résultats montrent que l’engagement moteur lié au groove se matérialise par une anticipation temporelle du tempo. Celle-ci repose au niveau cérébral sur un équilibre dynamique entre la prévisibilité temporelle du rythme (moins le rythme est complexe, meilleure elle est) et les erreurs de prédiction temporelle de l’auditeur (plus le rythme est complexe, plus elles sont nombreuses) », précise Arnaud Zalta, premier auteur de l’étude et post-doctorant à l’ENS-PSL.

Cette recherche souligne le rôle du cortex sensorimoteur gauche dans la coordination des réponses auditive et motrice, réaffirmant son importance dans notre capacité à anticiper le rythme musical et à coordonner nos mouvements en conséquence.

« L’aire cérébrale où se situe le cortex sensorimoteur gauche est actuellement considérée comme la potentielle clé de voûte de l’intégration sensorimotrice, essentielle à la fois pour la perception de la musique et de la parole. Le fait qu’il apparaisse dans notre étude comme nécessaire à la “coopération” entre les systèmes auditif et moteur vient renforcer cette hypothèse, d’autant plus que nous utilisons ici des stimuli naturels », conclut Benjamin Morillon.

 

Sources :

Neural dynamics of predictive timing and motor engagement in music listening

 

Arnaud Zalta, Edward W. Large, Daniele Schön and Benjamin Morillon

Science Advances, 6 mars 2024

 

Inserm

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