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Les maladies ont bel et bien un sexe

Les-maladies-ont-bel-et-bien-un-sexe-santecoolLes hommes et les femmes ne sont pas égaux devant l a maladie et doivent donc être traités différemment. Plusieurs pays européens ont déjà adapté en conséquence leur recherche scientifique et leurs stratégies thérapeutiques, prenant ainsi au moins dix ans d’avance par rapport à la France, où sous prétexte de parité, on évite de reconnaître les différences entre les hommes et les femmes, au mépris des évidences scientifiques et de l’intérêt même de la santé des femmes… et des hommes. La primauté donnée au genre sur les réalités du sexe risque de créer une injustice de plus, dont il est du devoir des scientifiques et des médecins de prendre conscience pour alerter et agir.

 

LE SEXE INFLUENCE LE GENRE ET LE GENRE INFLUENCE LE SEXE

Notre sexe est déterminé initialement et uniquement de manière biologique. Dès la conception, les chromosomes XX déterminent le sexe féminin et les chromosomes XY le sexe masculin, puis, plus tard, la différenciation gonadique se produit avec l’apparition des hormones sexuelles.
Les différences génétiques interviennent donc très précocement au cours du développement, avant la différenciation des gonades ; ce n’est que 7 à 8 semaines plus tard que cette différenciation se poursuit, au cours de fenêtres développementales différentes, sous l’influence des hormones sexuelles. Ces différences génétiques puis hormonales aboutissent, par des mécanismes différents, avec des différences d’expression de gènes et des différences cellulaires, à des différences anatomiques (cœur et vaisseaux sanguins), et, entre autres, à un système immunitaire différent.
Il est reconnu que les différences liées au sexe déterminent effectivement la prévalence, l’âge d’apparition, la sévérité et l’évolution de nombreuses maladies, le métabolisme, la réponse aux médicaments ou aux régimes, et les comportements.
Ainsi, certaines maladies touchent majoritairement les femmes :
– anorexie,
– dépression,
– troubles alimentaires,
– maladies auto immunes (maladies thyroïdiennes Hasimoto, Basedow- sclérose en plaque, lupus etc.),
– certains cancers (thyroïde).
Inversement, les hommes sont plus fréquemment atteints
– d’autisme,
– de tumeurs du cerveau et du pancréas,
d’AVC ischémique;
– ils sont aussi plus enclins aux conduites à risque (alcool, drogues) et à la violence. On sait aussi que les milliards de bactéries qui constituent notre microbiote, sont en proportions différentes, de sorte qu’elles confèrent des susceptibilités différentes à leurs hôtes masculins ou féminins
Notre genre se constitue seulement à partir de la naissance.
Il évolue tout au long de la vie, du fait d’un formatage socioculturel progressif lié à la perception et aux implications sociales de notre sexe, avec des
stéréotypes difficiles à éradiquer même s’ils sont erronés et avec des occupations différentes au cours desqueslles, pour des raisons socio-culturelles, hommes et femmes peuvent être soumis à des expositions spécifiques différentes aux virus, bactéries et polluants.

LES DIFFÉRENCES LIÉES AU SEXE ONT UN IMPACT INDIFFÉRENT AU GENRE

La vision actuelle sur la différenciation du sexe est obsolète
Le gène SRY (de l’anglais Sex-determining Region of Y chromosome) n’est plus dominant par rapport au sexe féminin tel qu’il était défini par défaut. En effet, si la ressemblance du génome, en termes de séquence, entre 2 hommes ou 2 femmes est de 99,9%, la ressemblance entre un homme et une femme n’est que de 98,5%, du même ordre de grandeur qu’entre un humain et un chimpanzé, de même sexe… De même, les différences liées au sexe dépassent largement celles uniquement liées à la reproduction dans une vision limitée aux gonades et aux hormones.
Des marques épigénétiques spécifiques du sexe modulent l’expression des gènes. Alors que le génome dont nous héritons de nos parents est stable, définitif, et identique dans chacune de nos cellules, nos quelque 23 000 gènes s’expriment différemment dans tous les organes, comme le foie, le rein
ou le cerveau selon le sexe ou l’âge, parce que des marques épigénétiques du sexe modulent l’expression des gènes, comme une sorte de mémoire pour se « souvenir » de son sexe, dès le début de la vie. Ces différences existent dans tous les tissus, incluant les gonades et le cerveau, et dans chacune des 60 000 milliards de cellules qui les composent.
Ces marques épigénétiques sont à la base des différences au niveau des réseaux de gènes impliqués chez l’homme et la femme, et dans leurs réponses à court ou long terme.

RECHERCHE BIOMÉDICALE ET MÉDECINE DOIVENT ÊTRE SEXUELLEMENT PERSONNALISÉES

Mieux comprendre les mécanismes de régulation spécifiques du sexe, aussi bien physiologiques que liés à la maladie, est indispensable pour mieux adapter la prévention, le diagnostic et les traitements.
L’incidence et la progression de nombreuses maladies diffèrent d’un sexe à l’autre, de sorte que le sexe peut à lui seul être un facteur protecteur, parfois plus important que les traitements existants, et que l’efficacité des stratégies thérapeutiques ou préventives dépend en grande partie du sexe.
On sait, par exemple, aujourd’hui que, globalement, les femmes font une fois et demi à deux fois plus d’accidents secondaires liés aux médicaments que les hommes, ce qui représente un coût humain et financier exorbitant et…évitable ; inversement, les hommes sont moins bien traités que les femmes pour les maladies plus féminines (ostéoporose).
Or, cette dimension n’est actuellement pas prise en compte, par négligence, ignorance et surtout parce que la plupart des mécanismes permettant d’aboutir à ces conclusions n’ont pas été élucidés.

C’est pourquoi, dans l’intérêt de tous les patients, hommes et femmes, l’Académie nationale de médecine recommande de :

1. réviser fondamentalement les principes établis de la recherche fondamentale et clinique jusqu’à la pratique médicale et la vie de tous les jours en essayant de faire la part des choses entre les différences biologiques liées au sexe et les contraintes social
es liées au genre ;
2. concevoir et/ou interpréter les études sur l’Homme ou l’animal en tenant compte du sexe : l’étude d’un seul sexe ou le regroupement d’échantillons des 2 sexes risquent de ne pas permettre d’identifier une proportion importante de gènes ou les réseaux qui contribuent différemment pour l’homme et la femme au développement de maladies ou de comportements complexes.
En effet, même si les réponses sont équivalentes, la cellule, selon qu’elle est mâle ou femelle, réagit souvent différemment ;
3. intégrer dans la formation des médecins et des professionnels de santé les différences liées au sexe autres que celles seulement liées à la reproduction;
4. passer enfin d’une médecine indifférenciée à une médecine sexuée ;
5. veiller à ne pas céder à la tentation de hiérarchiser ces mécanismes complexes au risque d’induire des discriminations sans justification scientifique ni médicale ;
6. faire un effort d’information et de pédagogie pour que cette médecine différenciée soit comprise comme un plus pour la santé à la fois des femmes et des hommes.
Source : Académie Nationale de Médecine
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