Tandis que l’été se profile à l’horizon, que chacun rêve de vacances au soleil et savoure à l’avance cette pause bien méritée : les pollens d’herbacées ne chôment pas.
En France, les pollens d’herbacées s’affairent lors de la période estivale2,3. Fortement allergisants, ces pollens – notamment celui de l’ambroisie4 – sont, pour les personnes allergiques, un véritable fléau5 responsable d’innombrables cas d’allergies respiratoires comme la rhinite et l’asthme allergiques. Ces allergies entraînent des symptômes gênants, fatigants et parfois très handicapants1,6. Rien de tel pour gâcher les vacances !
Alors l’idéal est de prendre une longueur d’avance sur les pollens d’herbacées pour profiter au maximum de cette période. Comment ? En considérant toutes les solutions possibles1 pour lutter contre cette allergie.
Les pollens d’herbacées : quels sont-ils ?
Les herbacées sont des plantes vivaces, composées de plus 400 espèces12, qui prospèrent aussi bien en ville qu’à la campagne, en bordure de route ou de chemin. Leurs pollens, en particulier ceux de l’ambroisie, de l’armoise et de la pariétaire, possèdent un potentiel allergisant très élevé5. La dispersion des herbacés est essentiellement anémophile (pollens dispersés par le vent).
LES POLLENS D’HERBACEES LES PLUS ALLERGISANTS : |
L’AMBROISIE (ASTÉRACÉES) : 6 à 12 % de la population française exposée aux pollens de l’ambroisie est potentiellement allergique13. Originaire des Etats-Unis, elle a été introduite initialement dans la région Rhône-Alpes, mais occupe aujourd’hui un vaste territoire, touchant la Bourgogne, le Centre, la Provence ainsi que les Alpes14. L’ambroisie se caractérise par : – ses feuilles simples et minces, d’un vert uniforme des deux côtés15, – ses fleurs sont regroupées en longs épis au sommet des tiges15, – ses tiges sont velues et ramifiées à la base15, – Saison pollinique : août à octobre2 – Potentiel allergisant : 5/5. Avec un potentiel allergisant de 5, les pollens d’ambroisie obtiennent la note la plus élevée sur l’échelle établie par le RNSA† (de 0 = nul à 5 = très fort)5
L’ambroisie représente un fléau tel, en particulier en région Rhône-Alpes14, que les pouvoirs publics se sont emparés du sujet et ont mis en place des campagnes d’arrachage. Un seul pied peut libérer 2,5 milliards de graines de pollens dans l’air en seulement une journée2 et la durée de germination des graines s’élève à 10 ans dans le sol14.
L’ ARMOISE (ASTERACEES) : l’armoisie est une plante commune dans toutes les régions tempérées d’ Europe et est disséminée dans toute la France3. Elle se caractérise par : – ses feuilles profondément découpées vert fonce au-dessus, duveteuses et argentées au-dessous5, – sa tige est droite, glabre et striée de nervures rougeatres5. „ – Saison pollinique : juillet a octobre3. „ Potentiel allergisant : 4/55 L’impact des pollens de l’armoise sur la maladie allergique dépend fortement des conditions météorologiques. Malgré le potentiel fort de cet allergène, ses conséquences peuvent varier d’une année à l’autre selon l’intensité de pollinisation14.
LA PARIETAIRE OFFICINALE (URTICACEES) On trouve la Pariétaire notamment en Europe méridionale et centrale. En France, elle est très présente dans certaines régions de Corse, absente dans l¡¦ouest et rare dans le Nord3. Elle se caractérise par : – ses feuilles alternes lancéolées de couleur verte3, – sa tige velue, parfois rougeâtre peu ramifiee3. – Saison pollinique : mai a octobre3. „ – Potentiel allergisant : 4/55 Elle pousse le long des murs, des rochers, plus généralement, en hauteur et dans des habitats secs et est connue pour ses vertus médicales. |
Outre, l’ambroisie, la pariétaire et l’armoise, il existe d’autres herbacées possédant un potentiel allergisant : le plantain (3/5), le chénopode (3/5), l’oseille (2/5) ou l’ortie (1/5)5.
Allergie aux pollens d’herbacées : des symptômes très contraignants qui gâchent la vie au quotidien !
DES SYMPTOMES HANDICAPANTS
En cas d’exposition à l’allergène auquel on est sensibilisé, il est assez aisé de reconnaître certains signes de la rhinite allergique. Cette triade de symptômes est composée :
– d’éternuements,
– d’un écoulement nasal clair,
– d’une obstruction ou congestion nasale.
D’autres symptômes peuvent également y être associés comme des céphalées, une asthénie, des troubles de l’odorat, une conjonctivite ou une toux1.
Ces symptômes qui peuvent paraître anodins se révèlent être fréquemment handicapants voire invalidants et ont un impact significatif sur la qualité de vie des personnes allergiques1,6. Le Dr Martine Grosclaude l’explique d’ailleurs très bien : « Il existe aussi des manifestions ophtalmologiques sévères : larmoiements, yeux rouges, démangeaisons, oedème de paupières. Et surtout, comme dans toutes les rhinites allergiques, il y a un retentissement sur la qualité de vie qui est très important : des gens qui dorment très mal et sont fatigués ; qui n’entendent pas bien ; qui ont perdu le goût ou l’odorat ; qui ont des maux de tête et qui véritablement souffrent pendant la période pollinique. »
L’allergie aux pollens d’herbacées ne doit donc pas être banalisée car elle a des conséquences néfastes sur la vie quotidienne. En dehors des troubles de l’humeur et de la gêne à se moucher, les personnes interrogées sur leur rhinite allergique font, en effet, souvent état d’un sommeil perturbé, d’une fatigue chronique, de difficultés de concentration intellectuelle, de nervosité1. L’impact sur la vie personnelle, professionnelle et scolaire peut être très sérieux, avec une perte de journées de travail, une baisse des performances et un retard scolaire pour les plus jeunes6.
Comme l’expérimente le Dr Martine Grosclaude avec ses patients : « Cela peut être très handicapant, encore une fois, avec un retentissement important sur la qualité de vie et donc sur le travail par exemple : arrêts de travail, visites fréquentes chez le médecin. […] Ce n’est pas une pathologie anodine. »
SE PROTEGER
D’emblée, des mesures d’éviction peuvent être mises en place : on se préserve en limitant au maximum l’exposition avec les pollens présents dans l’air. Des traitements symptomatiques (antihistaminiques, corticoïdes, etc.), permettent de soulager les symptômes, mais leur durée d’action est limitée dans le temps. Et dans certains cas, une désensibilisation ou immunothérapie allergénique peut être envisagée : c’est un traitement de seconde intention de la rhinite allergique et/ou conjonctivite allergique modérée à sévère qui est instauré après confirmation de l’allergie par un diagnostic. Elle vise à réduire les symptômes et agit sur la cause de la maladie1,7. C’est le seul traitement dont l’effet peut persister après l’arrêt d’un traitement de trois saisons consécutives1.
QUELQUES CONSEILS D’EVICTION POUR LIMITER SON EXPOSITION AUX POLLENS9,10 : Dans le cas de l’allergie aux pollens d’herbacées, les mesures d’éviction peuvent être : – Reconsidérer les promenades par temps sec, chaud et/ou venteux. En effet, le taux de pollen dans l’air est plus important les jours chauds et ensoleillés, – Fermer les fenêtres en milieu de matinée et en début d’après-midi lorsque la concentration de pollens est plus élevée, – Aérer la maison de préférence le soir en zone rurale et le matin en zone urbaine, – En voiture, rouler les vitres fermées, – Ne pas tondre le gazon soi-même, – Ne pas étendre le linge en plein air,
– Se laver les cheveux après être sorti, le soir avant de se coucher, – Changer de vêtements lorsque l’on rentre chez soi après une sortie.
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LA DESENSIBILISATION (ou immunothérapie allergénique)
La désensibilisation consiste à « rééduquer » le système immunitaire en administrant au patient des doses croissantes de l’allergène auquel il est sensibilisé afin d’induire une tolérance spécifique à long
terme8. Plus les grains de pollens sont petits et légers, plus ils restent dans l’atmosphère et parcourent de grandes distances.
traitement de désensibilisation aux pollens d’herbacées est généralement prescrit en pré- et co-saisonnier, c’est-à-dire qu’il est initié plusieurs mois avant le début de la saison pollinique (idéalement entre février et mars) et poursuivi pendant celle-ci1 (de mars à septembre). Son administration se fait le plus souvent par voie sublinguale1 sous forme de gouttes à déposer sous la langue.
Après plusieurs saisons, la désensibilisation vise à modifier l’évolution naturelle de la maladie et son effet persiste après l’arrêt du traitement. Elle diminuerait le risque de survenue de nouvelles sensibilisations et de survenue d’asthme1 : 30 % des rhinites allergiques non traitées s’associent à de l’asthme11.
Comme l’explique le Dr Martine Grosclaude*, médecin allergologue en Ardèche, qui prend l’exemple d’une désensibilisation aux pollens d’ambroisie: « L’ambroisie est un allergène très puissant provoquant souvent des symptômes sévères. La désensibilisation aux pollens d’ambroisie est une option thérapeutique très intéressante. Je n’hésite pas à proposer à mes patients de faire un bilan diagnostic complet et, quand le diagnostic est confirmé et que les symptômes deviennent handicapants, je leur propose alors une désensibilisation. ». Cependant elle souligne : « Pour qu’une désensibilisation fonctionne, il faut qu’on ait une exigence bipartite (patient/médecin) car la désensibilisation se conduit à deux. Le patient doit être enthousiaste et doit adhérer au traitement pour être observant (pendant 3 à 5 saisons polliniques).»