Les travaux d’une équipe française reconnue, publiée en octobre 2018 dans une revue internationale, avec la conclusion que la consommation d’une alimentation « bio » réduisait le risque d’incidence de certains cancers (1) ont été largement relayés. Et si manger bio ne préserverai pas des cancers?
Et si manger bio ne préserverai pas des cancers?, Cette étude est intéressante et les auteurs ont réalisé un important travail. Cependant il existe un certain nombre de biais méthodologiques qui ne permettent pas de soutenir les conclusions des auteurs. L’académie nationale de médecine avait exposé la complexité des méthodes épidémiologiques et les critères de qualité qui les sous-tendent dans un rapport publié en 2011 (2).
En effet les deux groupes de personnes évaluées diffèrent non seulement par le fait que les uns consomment une alimentation « bio », mais également par d’autres facteurs : le sexe, l’âge de la première grossesse, facteur déterminant pour le risque de cancer du sein, la consommation de fruits et légumes, le niveau socio-économique, l’activité physique… tous facteurs susceptibles d’expliquer à eux seuls une différence. De plus les sujets inclus dans l’étude devaient dire s’ils consommaient une alimentation « bio » de temps en temps, sans précision ni sur la quantité ni sur la durée de cette consommation. Enfin la survenue de cancers n’était appréciée que sur une période de 4,5 ans ce qui est très court pour la genèse d’un cancer par exposition à des produits.
Et si manger bio ne préserverai pas des cancers?
Ainsi même si cette étude met en évidence un « signal » entre alimentation « bio » et la moindre survenue d’un cancer, l’Académie nationale de médecine considère qu’à ce jour, au vu de cette seule étude, le lien de causalité entre alimentation « bio » et cancer ne peut être affirmé et invite à la prudence dans l’interprétation trop rapide de ces résultats.
Sources :
- Association of Frequency of Organic Food Consumption with Cancer Risk: Findings from the NutriNet-Santé Prospective Cohort Study.
Baudry J, Assmann KE, Touvier M, Allès B, Seconda L, Latino-Martel P, Ezzedine K, Galan P, Hercberg S, Lairon D, Kesse-Guyot E.
JAMA Intern Med. 2018 Dec 1;178(12):1597-1606.
- Rapport ANM 2011 http://www.academie-medecine.fr/wp-content/uploads/2014/01/RapportEpidemiologieANM_FlahaultSpira_04nov2011.pdf
*organic food consumption = alimentation “bio” : sans utilisation d’engrais synthétiques, pesticides, modifications génétiques, et médicaments vétérinaires pour les animaux.