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Coup de gueule d’une fille Distilbène contre les lobbies pharmaceutiques

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La nouvelle est tombée. Les « filles Distilbène » ou DES*, comme on nous appelle, ont deux fois plus de chance d’avoir un cancer du sein** que les autres. Super ! Génial ! Quelle formidable nouvelle ! Après nous avoir rendu stérile, dans certains cas victime d’un cancer du col de l’utérus ou du vagin, voici une étude qui nous emplit de… Terreur. Mais que fait le gouvernement ? Pourquoi Marisol Touraine refuse les class actions pour nous rendre justice? Et si vous, simples citoyens nous aidiez ?!

La nouvelle est tombée comme une bombe. Après avoir reçu trois communiqués de presse ; deux mails et un papier, je me décide à écrire sur ce sujet. Je ne voulais pas en entendre parler. Trop douloureux. A un tournant de ma vie car sur le point de devenir Maman. Peut-être la fin de la procédure judiciaire vu que le 18 décembre le Tribunal de Nanterre rendra son verdict sur mon « cas ». Je n’y attends pas réparation. Pardon. Excuses. Quoique… Un espoir subsiste vu que cette année deux filles ont obtenu réparation malgré le fait qu’elles n’avaient pas d’ordonnances.

 Faute de preuve

Oui vous savez les ordonnances que nos mères, d’après UCB Pharma et Novartis auraient du garder depuis près de…. 30 ans ! Quelles mauvaises mamans que de ne les avoir guère conservés ! Alors, notre avocate nous a fait une pression pas possible pour qu’on les retrouve. Echéanciers des pharmaciens, appel au gynéco qui a suivi la grossesse de notre mère ou à son remplaçant. Etc., etc. En ce qui me concerne, je n’ai rien trouvé. Du tout.

Un scandale annoncé

En effet, UCB Pharma et Novartis* qui ont commercialisé cette saloperie de 1948 à 1977 alors que dès la synthétisation de l’hormone de synthèse des chercheurs avaient eu de sérieuses suspicions quant aux effets délétères sur la santé des femmes ; qu’en 1953, une petite fille de 8 ans avait déclaré un cancer du vagin à cellules claires typique de la prise in utéro du Distilbène (ou diéthylstilbestrol) et, qu’à la même date, les chercheurs avaient déclaré le DES comme inefficace pour la prévention des avortements spontanés, pire provoquant des malformations génitales chez les enfants nés de ces grossesses, voire des cancers, ceux-ci ont continué sa commercialisation avec de superbes pubs déclarant : « pour avoir un beaux bébé prenez du Distilbène » ! En ce qui me concerne, cette promesse a été tenue. Mais un cancer du col avec récidives, une stérilité en a été accompagnée. Et maintenant, j’apprends que j’ai 50% de chance en plus (oh oui quelle chance !) d’avoir un cancer du sein.

 A quand une reconnaissance?

Alors ras-le bol. Ras le bol de la léthargie du gouvernement qui ne prend pas en compte notre souffrance. Ras-le-bol de ces labos qui, en plus de nous avoir rendus malade dès notre plus jeune âge et avoir atteint à notre féminité nous font subir une inexorable douleur morale. Messieurs de chez UCB Pharma et Novartis reconnaissez une bonne fois pour toute le mal que vous nous avez fait. Que vous avez fait à nos mères. Aux petits-enfants de celles-ci qui, de fait, auront une chance sur deux de passer par ce par quoi nous sommes passées. Et que la quatrième génération risque d’avoir les mêmes séquelles.

 

* Le Distilbène est le nom commercial de La première hormone de synthèse diéthylstilbestrol (DES). Il a été prescrit essentiellement sous les marques Distilbène (produit par le laboratoire UCEPHA racheté par UCB Pharma) et Stilboestrol-Borne produit par le laboratoire Borne, (aujourd’hui Novartis) aux femmes enceintes pour prévenir les fausses couches. Ce n’est qu’en 1971 que l’OMS a déclaré que le Distilbène entrainait des malformations chez les enfants des mères traitées avec ce médicament pendant leur grossesse. Immédiatement interdit aux Etats-Unis, le Distilbène a continué à être prescrit en France jusqu’en 1977, avec des records de consommation entre 1968 et 1973. Au moins 160.000 enfants auraient été exposés au Distilbène en France.

** * Initiée par l’association Réseau D.E.S. France, l’étude a été financée par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM). Cette étude sur le Dislbène a été soutenue par la Mutualité Française.

  Pour en savoir plus sur le Distilbène : http://www.des-france.org

Sophie Madoun

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