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Congé menstruel : un pas en avant pour la santé et le bien-être des femmes

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Le congé menstruel suscite actuellement une vive controverse en France. La question se pose : une femme peut-elle prétendre à un congé rémunéré lorsqu’elle est confrontée à des menstruations douloureuses ? Quels pourraient être les avantages tangibles et anticipés de cette pause bien nécessaire ? Existe-t-il une possibilité pour les Françaises de bénéficier d’un congé menstruel ? Quels sont les pays où cette mesure est déjà en vigueur ? Et pourquoi certaines voix s’élèvent-elles contre cette proposition ? Nous explorons ces questions délicates pour vous offrir un aperçu éclairé de cette mesure en cours de discussion.

Qu’est-ce que le Congé Menstruel ?

Le congé menstruel, aussi appelé congé de règles, est un type de congé de santé spécifiquement destiné aux femmes qui souffrent de douleurs menstruelles sévères, connues sous le nom de dysménorrhée. Ce concept vise à reconnaître et à accueillir les différences biologiques et à promouvoir l’équité sur le lieu de travail.

Quels sont les pays ou existe le congé menstruel ?

Plusieurs pays ont mis en place des politiques de congé menstruel pour leurs travailleurs. Voici quelques exemples :

  1. Japon : Le Japon a été l’un des premiers pays à instaurer un congé menstruel. En 1947, le pays a adopté une loi autorisant les femmes à prendre un congé si elles souffrent de douleurs menstruelles sévères.
  2. Indonésie : En Indonésie, la loi stipule que les femmes ont droit à deux jours de congé menstruel par mois, bien que cette loi soit souvent ignorée.
  3. Corée du Sud : La Corée du Sud offre également un congé menstruel aux travailleuses. Les femmes ont droit à un jour de congé par mois et peuvent recevoir une indemnité si elles choisissent de ne pas le prendre.
  4. Taïwan : Taïwan a adopté une législation similaire en 2013, donnant aux femmes le droit de prendre un jour de congé pour douleurs menstruelles.
  5. Zambie : En Zambie, la loi « Mother’s Day » permet aux femmes de prendre un jour de congé par mois en raison de douleurs menstruelles sévères.

Il convient de noter que l’application et l’acceptation de ces politiques varient d’un pays à l’autre et même d’une entreprise à l’autre. Dans certains pays, il existe une stigmatisation autour de l’utilisation du congé menstruel, et certaines femmes choisissent de ne pas l’utiliser pour cette raison.

« Chaque mois, je redoute cette période. Les douleurs sont si intenses qu’elles m’empêchent parfois de me concentrer sur mon travail. Je me sens souvent coupable de ne pas être à 100% productive pendant ces jours. Un congé menstruel pourrait m’aider à gérer ces moments sans me sentir coupable ou stressée. »

Laura, 28 ans, architecte

Les femmes sont favorables au congé menstruelle

Selon plusieurs études, de nombreuses personnes approuvent l’idée d’un congé menstruel : un sondage Ifop paru en mars 2021 et mené auprès d’un échantillon de 1009 femmes, âgées de 15 à 49 ans, révélait que 68 % des femmes seraient plutôt ou tout à fait favorables à la mise en place de ce congé-règles.
C’est aussi le constat d’une récente enquête menée par Womanizer auprès de son panel de 470 personnes menstruées venues de 26 pays différents (la MasturbaTEAM) : « Près de 72 % des répondants affirment que cette mesure est appropriée et juste. » Pourtant, toujours selon cette enquête, si deux personnes sur trois ont déjà voulu ne pas aller travailler à cause des douleurs menstruelles, seul un tiers l’a fait.
Selon une étude YouGov pour Le HuffPost en 2019, les jeunes sont plus ouverts que leurs ainés sur cette question puisque 73 % des 18-24 ans sont favorables au congé menstruel.

« Travailler dans le milieu médical est stressant et exigeant. Ajoutez à cela des douleurs menstruelles sévères et vous obtenez une situation presque insupportable. Je serais vraiment soulagée si un congé menstruel était mis en place, cela me permettrait de mieux gérer ma santé sans compromettre mon travail. »

Léa, 26 ans, infirmière

Une mise en place qui reste complexe et controversée

Ce congé n’est pas réellement accepté dans l’opinion publique ou la sphère professionnelle : un tiers des personnes ayant leurs règles et interrogées dans le cadre de l’enquête Womanizer estiment qu’il ne s’agit pas d’une raison légitime pour s’arrêter de travailler. Est-ce à dire que les femmes doivent continuer de bafouer leur corps pour sortir de la misère inégalitaire ? Si l’on en croit l’exemple du Japon, oui : seules 0,09 femmes auraient osé prendre ces congés en 2016, contre 26 % en 1965. En Indonésie (qui avait reconnu le congé en 1948), la modification de la loi en 2003 ne contraint plus l’employeur à rémunérer ces congés (idem au Japon), et les femmes qui le demandent doivent par ailleurs passer un examen médical qui prouve qu’elles ont leurs règles… En Corée du Sud : si une salariée ne prend pas ces congés, elle reçoit une prime. Et là encore, peu d’entre elles semblent en bénéficier vraiment.

Selon l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), le Japon, l’Indonésie, et la Corée comptent parmi les pays qui affichent les plus grandes inégalités salariales entre hommes et femmes. Ces dernières essaient donc sans doute plutôt de faire oublier leur condition de femme pour être réellement reconnues par le monde du travail.

Avantages du Congé Menstruel

Le congé menstruel a le potentiel de transformer la vie de nombreuses femmes et le droit des travailleuses. En offrant une solution à celles qui souffrent de douleurs menstruelles intenses avec de terribles crampes dans le bas ventre, les employeurs peuvent contribuer à améliorer la productivité, le moral et le bien-être général des employées. Et oui, le bien-être au travail et la qualité de vie au travail sont une nécessité absolue. En outre, cela peut aider à réduire l’absentéisme professionnel et à favoriser un environnement de travail plus inclusif et respectueux.

Implications pour les Employeurs et les Employées

Pour les employeurs, la mise en place d’une politique de congé menstruel peut sembler complexe. Cependant, avec une communication ouverte et une planification soignée, cela peut être bénéfique pour tous. Les employés qui se sentent soutenus et compris sont plus susceptibles de se montrer loyaux et engagés.

Pour les employées, la possibilité de prendre un congé menstruel en légiférant le droit du travail sans stigmatisation ou peur de répercussions peut être libératrice. Cela peut également aider à briser le tabou autour des menstruations et à encourager une conversation plus ouverte sur la santé des femmes.

« Mes règles douloureuses ont souvent un impact sur mon travail. J’ai parfois du mal à me concentrer, et j’ai l’impression que je ne suis pas aussi efficace que je le devrais. Le congé menstruel pourrait être une solution pour soulager la pression et me permettre de me reposer pendant cette période difficile. »

Mélanie, 31 ans, ingénieure

Congé menstruel : vers une reconnaissance et une meilleure gestion des troubles pathologiques des règles ?

La proposition de loi visant à établir un congé menstruel envoie un message fort en faveur de la reconnaissance des troubles pathologiques des règles pouvant causer une incapacité temporaire.

La dysménorrhée, qui se manifeste par des douleurs pendant les règles, peut devenir très handicapante lorsqu’elle est sévère, affectant la qualité de vie des femmes : absence à l’école, impact sur la performance professionnelle.

L’instauration d’un congé menstruel serait une reconnaissance de la souffrance de ces femmes, une prise de conscience que la dysménorrhée peut avoir des répercussions significatives.

Cependant, selon le FNCGM (Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale) ce congé menstruel n’aurait de véritable valeur que si la dysménorrhée est traitée dans son ensemble : consultations spécialisées, examens, traitement médicamenteux adapté, le tout dans le but d’améliorer la qualité de vie.

L’idée d’un congé capable de s’adapter à un besoin physiologique représente donc un progrès indéniable. Espérons que sa mise en œuvre ne rencontrera pas trop de résistance, que ce soit de la part des employeurs ou des femmes elles-mêmes, par crainte de discrimination.

Pour conclure, le congé menstruel est une avancée prometteuse vers une meilleure compréhension et reconnaissance des besoins spécifiques des femmes. Il est temps de changer la perception de la menstruation et de la dysménorrhée, de passer de quelque chose de caché et de honteux à un aspect normal et accepté de la vie des femmes. En mettant en place des politiques de congé menstruel, nous pouvons contribuer à un monde du travail plus équitable et inclusif.

 

 

Sophie Madoun

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