Le Docteur Alain Lafeuillade, médecin spécialiste en Maladies Infectieuses, alerte contre les conflits d’intérêt entre les médecins, les pharmaciens et l’industrie pharmaceutique et le manque de moyens que ceux-ci empêchent d’octroyer à la recherche.
Le Dr Alain Lafeuillade est Chef de Service des Maladies Infectieuses au Centre Hospitalier de Toulon, Var, et organisateur du congrès ISHEID, congrès international sur les Maladies Infectieuses qui se tient tous les 2 ans au Parc Chanot de Marseille (www.isheid.com), Bouches du Rhône.
Des conflits d’intérêts inadmissible des l’industrie pharmaceutique
« L’industrie pharmaceutique nous dit aujourd’hui ne plus avoir les moyens financiers nécessaires pour investir dans la Recherche », déclare le Dr Lafeuillade, « mais les faits montrent qu’ils préfèrent investir dans le « marketing » plutôt que dans la découverte de nouveaux traitements », poursuit-il.
Ce type de conflit d’intérêt est, à priori, largement contrôlé de nos jours grâce aux lois françaises votées ces dernières années: “Loi Xavier Bertrand”et récemment ”Shunshine Act ” mis au point par Mme la Ministre de la Santé.
Le résultat de ces lois est que, par exemple, « Un médecin invité à déjeuner pour plus de 10 euros par un délégué médical de l’industrie pharmaceutique doit signer un document destiné à être publié sur internet afin de déclarer cela comme un « avantage en nature », rappelle le Dr Lafeuillade.
Mais la réalité de terrain est bien différente :
Pour exemple, la réunion récemment organisée par un laboratoire pharmaceutique dans le plus luxueux hôtel de Marseille (5 étoiles), qui a eu lieu malgré cette législation.
Or, les lois françaises et l’Ordre des Médecins proscrivent totalement toute réunion dite « Scientifique » qui est réalisée dans des conditions de luxe et de coût ostentatoires.
« De nos jours, si on demande à un laboratoire pharmaceutique quelques milliers d’euros pour la Recherche Médicale, ils nous répondent que ce n’est plus possible », déclare le Dr Lafeuillade, « mais, en parallèle, les mêmes personnes vont investir des dizaines de milliers d’euros de façon insidieuse, dans des opérations qui sont purement du « marketing » destinées à tenter d’acheter les prescriptions des médecins » précise-t-il.
Le Dr Lafeuillade en appelle donc à une plus grande vigilance afin que la recherche et les actions de terrain soient privilégiées par rapport à la publicité pour les médicaments, lesquels ne sont pas des produits de consommation !
« Tout cet argent dilapidé en publicité dite « médicale », pourrait être réorienté pour sauver des vies », conclue le spécialiste.