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Ce qui a changé pour les femmes en 30 ans

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A l’occasion de son 30ème anniversaire, Femme Actuelle a souhaité dresser un panorama des principaux changements survenus dans la vie des femmes dans différents domaines (conjugal, sexuel, professionnel…). Confirmant les grandes évolutions sociologiques observées au cours des trois dernières décennies, les résultats de cette grande enquête réalisée par l’Ifop montrent combien les femmes ont gagné en liberté et en indépendance depuis le milieu des années 80

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Le besoin d’avoir une vie en dehors du foyer Interrogées à une trentaine d’années d’intervalle sur les éléments qui contribuent le plus à leur bonheur, les Françaises mettent beaucoup plus en avant des éléments relatifs à leur vie sociale, professionnelle et sexuelle que dans les années 80.

1) Une plus grande valorisation de la vie sociale et professionnelle

Si les Françaises voient toujours dans les enfants (58%) et la vie de couple (43%) les deux critères essentiels à leur épanouissement, elles attribuent beaucoup plus d’importance qu’il y a trente ans à leur vie sociale. Elles sont en effet deux fois plus nombreuses à citer la vie sociale comme un facteur constitutif du bonheur des femmes en 2014 (34%) qu’en 1980 (17%), les filles de moins de 25 ans étant même plus attachées à leur vie sociale (48%) qu’à leur vie de couple (43%).  Cette tendance se retrouve mais de manière moins forte en ce qui concerne leur métier, sensiblement plus important à leurs yeux (31%) qu’il y a trente ans (25%).

2) Une désacralisation du mariage et du rôle de maîtresse de maison

Ce besoin d’avoir une vie en dehors du foyer transparaît aussi dans la baisse de l’importance qu’elles donnent au rôle de maîtresse de maison, trois fois moins cité par les femmes d’aujourd’hui (6%) que par celles des années 80 (18%). Les résultats du sondage confirment aussi le déclin du mariage observé aussi bien en nombre d’unions conclues devant le maire (300 000 mariages en 1983, 238 000 en 2013) que de proportion de Françaises vivant mariées (58,1% en 1983, 43,4% en 2013) : cette forme traditionnelle de vie en couple étant cinq fois moins citée comme un élément du bonheur (4%) qu’en 1980 (22%).

 

3) Une plus grande importance accordée à la sexualité

 

L’enquête montre aussi que la sexualité est constitutive du bonheur pour de plus en plus de Françaises : 13% d’entre elles citent leur vie sexuelle comme un facteur important de leur épanouissement personnel, soit deux fois plus qu’en 1980 (7%). Toutefois, il est intéressant de relever que cette importance est largement surestimée par les hommes : la proportion de personnes considérant que la vie sexuelle est un des deux éléments les plus importants au bonheur des femmes est deux fois plus élevée dans la gent masculine (21%) que féminine (13%).

Un plus grand équilibre au sein du couple

Le domaine dans lequel on observe les changements les plus importants au cours des trente dernières années a trait à la vie de famille et plus particulièrement à l’équilibre hommes/femmes au sein du couple.

 

4) Une vision plus égalitaire du partage des rôles au sein de la famille

La vision de la famille a profondément évolué au cours des trente dernières années si l’on en juge par la baisse du nombre de Français exprimant leur penchant pour un modèle familial où la femme s’occupe plus de la maison et des enfants : 26% en 2014, soit deux fois moins qu’il y a trente ans (55% en 1983). A l’inverse, l’idéal d’une famille où les deux conjoints travaillent autant et partagent à égalité les tâches ménagères et les soins donnés aux enfants s’est imposé auprès d’une majorité de Français (65% en 2014, contre 40% en 1983) et ceci aussi bien dans la gent masculine (61%) que féminine (67%).

 

5) Une forte gêne à l’idée d’être dépendante financièrement de leur mari

Alors qu’il y a encore une vingtaine d’années (1991), la majorité des Françaises (52%) n’étaient pas gênées à l’idée de se retrouver dépendantes financièrement de leur mari, elles sont aujourd’hui peu nombreuses (19%) à juger ce type de situation admissible. Signe que la dépendance à l’égard du conjoint ne fait plus partie des normes, les trois quarts des femmes de moins de 50 ans (78%) se sentiraient mal à l’aise si elles se retrouvaient dans cette situation, sachant que les plus gênées se situent dans les rangs  des jeunes de moins de 25 ans (89%) et des catégories les plus aisées et les plus diplômées de la gent féminine.

 

6) Pas d’équilibre personnel sans réelle indépendance financière

De manière plus générale, on se doit de relever l’importance de cette question pour les femmes des années 2010 : l’indépendance financière étant désormais le facteur qui contribue le plus à l’équilibre personnel d’une femme (38%), à égalité avec la famille et les enfants (37%) mais loin devant la vie amoureuse (17%) ou les succès professionnels (5%). L’autonomie constitue donc un élément essentiel, notamment pour les plus de 35 ans qui, fortes de leurs expériences, placent leur indépendance financière au-dessus de tout (41%), même des enfants (36%).

Une plus grande autonomie en matière de sexualité

Ce rééquilibrage des rapports au sein du couple se retrouve dans l’intimité où les femmes s’avèrent moins soumises aux besoins de leurs compagnons ou aux freins à leur entrée dans la sexualité.

7) Les femmes se sentent moins obligées de céder aux pulsions sexuelles de leur compagnon…

L’accomplissement du « devoir conjugal » est moins répandu qu’il y a trente ans si l’on en juge par la proportion de femmes déclarant avoir déjà fait l’amour sans envie : 50% en 2014 contre 76% en mars 1981. La proportion de Françaises n’ayant jamais eu de rapports sexuels sans en avoir envie a d’ailleurs doublé entre 1981 (21%) et 2014 (38%), atteignant un niveau proche de celui observé chez les hommes (40%). Signe d’un plus grand équilibre dans le couple, l’acte sexuel est donc moins une contrainte pour les femmes même si on note que 15% d’entre elles font encore « souvent » l’amour sans en avoir envie.

8) Une entrée dans la vie sexuelle plus précoce qu’au début des années 80

En moyenne, les Françaises évaluent à 17 ans et demi l’âge auquel une femme peut avoir une première expérience sexuelle. Dans l’esprit des femmes, l’âge moyen du premier rapport sexuel s’est donc abaissé d’un an et demi en l’espace de trente ans – il était situé à 19 ans en 1981 –, s’alignant ainsi sur la réalité observée chez les jeunes filles aujourd’hui[1]. La perception de l’âge auquel une femme doit se marier a aussi suivi l’évolution des mœurs, passant de 22 ans en 1981 à 25 ans en 2000 pour monter à 27 ans en 2014, soit quelques années en deçà de l’âge moyen au premier mariage (30 ans en 2012).

9) La fidélité dans le couple reste une valeur partagée par une large majorité de Françaises

Bien que la pratique de l’infidélité se soit largement banalisée au cours des trente dernières années (37% en janvier 2014 [2], contre 13% en août 1983[3]), plus des deux tiers des Françaises (69%) croient encore possible de rester fidèle toute une vie à la même personne. La proportion de femmes croyant au principe d’une fidélité éternelle a toutefois sensiblement baissé depuis le début des années 80, passant de 82% en 1983 à 69% en 2014. De même, il est important de noter que cette croyance s’affaiblit fortement avec l’âge, passant de 86% chez les jeunes de moins de 25 ans à peine 56% dans les rangs des femmes âgées de 75 ans et plus.

 

Sur le plan professionnel, les changements sont plus perceptibles dans les mentalités que dans la réalité

 

Si les résultats de ce sondage attestent bien des changements perçus par les Françaises dans la sphère privée, ils montrent en revanche que peu de choses ont évolué dans le monde du travail.

10) La situation des femmes ne semble pas s’être beaucoup améliorée sur le plan professionnel

En matière de salaire par exemple, huit femmes sur dix (80%) considèrent que leur situation est moins bonne que celle des hommes, soit la même proportion qu’il y a quarante ans (79% en 1974). Elles sont à peu près autant  – 70%, soit autant qu’en 1979 (68%) – à penser que la situation des femmes est moins favorable en matière de possibilités de promotion. Elles jugent également leur situation moins favorable que celle des hommes en matière de sécurité de l’emploi (48%), de possibilité de trouver un travail (50%) et de conditions de travail (38%), sachant qu’il est vrai qu’elles occupent plus de postes à temps partiel ou précaires.

11) L’idée selon laquelle une femme obligerait son mari à changer de métier est toutefois mieux acceptée…

Autre illustration de changement de perception du rôle de la femme, seules trois Françaises sur dix (29%) jugent anormal qu’une « femme oblige son mari à changer de métier parce qu’on lui propose à elle une situation plus intéressante et mieux payée dans une autre région ». A titre de comparaison, les trois quarts d’entre elles ne jugeaient pas cette situation normale il y a quarante ans (75%) et elles étaient encore plus d’une sur trois (38%) à partager cette idée il y a quinzaine d’années (2000).

12) Même si l’inversion des rôles traditionnels passe encore mal dans certains milieux

Certes, ce type de configuration est encore marginal mais il a le mérite de mettre les personnes interrogées dans une situation où les rôles traditionnels sont inversés. Or, on observe dans le détail des résultats que les femmes les plus choquées par cette idée sont surreprésentées dans les rangs des jeunes de moins de 25 ans (43%), les minorités religieuses (36%) et les catégories les moins diplômées (34% chez les personnes ayant un niveau d’éducation inférieur au BAC) et les moins aisées (40% dans les catégories de revenus pauvres) de la gent féminine.

Le point de vue d’Elisabeth Badinter

Cette étude m’a redonné le moral ! La tendance du couple égalitaire s’affirme nettement comme le modèle de référence d’aujourd’hui. […] Quel que soit le milieu social, l’égalité est un fait dès lors que la femme contribue, à parité par son salaire, à toutes les dépenses du foyer. Ce qui m’enchante également, c’est de constater que la vie sociale progresse fortement. Le fait d’exercer un métier est également plus important pour les femmes que pour les hommes. On sort de la solitude maternelle. Le fait de rester à la maison à s’occuper des enfants n’est plus un idéal. Les femmes n’investissent plus la maternité comme il y a trente ans. Surtout, elles ne se définissent pas plus uniquement par le fait d’être mère. Elles veulent l’être, mais pas uniquement…

Extrait de l’interview d’Elisabeth Badinter dans Femme Actuelle (numéro spécial du 24 novembre).

Méthodologie

Étude réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 10 au 13 octobre 2014 auprès d’un échantillon de 1 809 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, au sein duquel ont été interrogées 940 femmes

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