Cancers pédiatriques : 1 enfant sur 5 ne guérira pas et 1 jeune patient sur 2 vit avec des séquelles plus ou moins graves à long terme.
Des progrès considérables ont été réalisés au cours des cinquante dernières années et le taux de survie des enfants et adolescents atteints d’un cancer dépasse désormais 80 % à 5 ans. Pourtant, avec près de 1800 nouveaux cas par an en France, les cancers n’en demeurent pas moins la première cause de mortalité par maladie chez les moins de 15 ans.
Aujourd’hui, de nombreux programmes de recherche sont en cours (microenvironnement tumoral, immunologie, génomique…) pour réussir à proposer de nouvelles stratégies thérapeutiques. Or les enjeux sont cruciaux : Comment réduire les séquelles pour offrir une meilleure qualité de vie aux enfants guéris ? Comment combattre les échecs thérapeutiques et les résistances aux traitements dans les cancers pédiatriques ? Au total, 1 enfant sur 5 ne guérira pas et 1 jeune patient guéri sur 2 reste avec des conséquences à long terme plus ou moins importantes liées à la maladie ou aux traitements. À l’occasion de la Journée Internationale du Cancer de l’Enfant le 15 février 2019, l’Institut Curie, centre de référence internationale pour les cancers pédiatriques, met l’accent sur la nécessité d’intensifier la recherche pour progresser plus rapidement. Intensifier la recherche onco-pédiatrique : financer des projets innovants pour guérir plus et limiter les séquellesUn des problèmes face à ces tumeurs pédiatriques aussi différentes est que leur évolution varie énormément et donc les chances de survie. Par exemple, le neuroblastome, qui est un des cancers fréquents du jeune enfant, se caractérise par une extrême variabilité clinique et évolutive, allant de la régression spontanée sans traitement à la progression potentiellement rapidement fatale. Les chances de survie à 5 ans peuvent varier de 40 % à 95 % pour cette maladie. De plus, les traitements administrés à cette population jeune sont souvent lourds et possiblement pourvoyeurs de séquelles. « Les enjeux de la recherche en onco-pédiatrie aujourd’hui sont donc de guérir plus et de traiter mieux. Aussi, les travaux de recherche sur de nouvelles stratégiques thérapeutiques (cibles, médicaments, approches, combinaisons…) doivent s’intensifier pour améliorer le pronostic des cancers pédiatriques tout en limitant les séquelles », explique le Dr Olivier Delattre, directeur de recherche Inserm, directeur du centre SIREDO1 de l’Institut Curie. A l’Institut Curie, 4 programmes scientifiques2 s’intéressent aux résistances et échecs des traitements. Ils visent à mieux comprendre pourquoi certaines maladies rechutent ou ne répondent pas bien aux traitements classiques, en analysant le microenvironnement tumoral et son rôle dans la réponse thérapeutique des patients. Les travaux de recherche qui visent à mieux comprendre le micro-environnement tumoral pourraient permettre de passer ce cap des 80%, pour aller à 90 % voire plus. De nombreux autres travaux sont en cours en immunothérapie entre autres, du plus fondamental jusqu’aux essais cliniques. Les espoirs de l’immunothérapie sont importants, même si actuellement cette approche thérapeutique n’a pas fait la preuve de son efficacité dans la majorité des cancers pédiatriques. Il faut donc poursuivre les travaux fondamentaux pour comprendre comme activer le système immunitaire chez les jeunes patients alors que leur croissance n’est pas terminée et que leur immunité est en « construction ». Parallèlement, la limitation des séquelles est un enjeu majeur pour les jeunes patients : environ 40% d’entre eux restent plus ou moins invalidés suite à la maladie et aux traitements souvent agressifs qui leur sont administrés. « Séquelles visuelles ou neurologiques dans les cancers de la rétine et du cerveau, toxicité des radiothérapies dans les zones sensibles, retards de croissance, mobilité réduite suite à des chirurgies osseuses… les séquelles sont très variées et parfois très invalidantes, souligne le Dr Daniel Orbach, directeur adjoint clinique du centre SIREDO de l’Institut Curie. Nous devons absolument progresser dans l’administration et la précision des traitements et faire de la désescalade thérapeutique lorsque cela est possible. » « Dans le cadre du centre SIREDO nous disposons à l’Institut Curie des forces vives en recherche et en soins pour progresser plus vite. Nous y menons de nombreux projets d’envergure en recherche fondamentale, translationnelle et clinique en collaboration avec les plus grands centres de cancérologie pédiatrique du monde. Et nous attendons beaucoup des analyses des données générées « big data » et l’utilisation de l’outil de l’intelligence artificielle qui vont révolutionner la recherche et la prise en charge des maladies rares comme les cancers pédiatriques », souligne le Dr Olivier Delattre. Voir l’interview en vidéo du Dr Olivier Delattre
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