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Boissons énergisantes : des dangers avérés

Les ventes de boissons énergisantes progressent rapidement avec une augmentation de 30% entre 2009 et 2011. L’ANSES a étudié 257 cas. Résultats.

 

Qu’est-ce que les boissons énergisantes ?

Les boissons dites énergisantes sont des sodas enrichis en substances déjà présentes dans l’alimentation (caféine, taurine, vitamines,…) et qui ont essentiellement en commun leur teneur en caféine (équivalente en moyenne à deux expressos). Cette composition en fait des boissons « excitantes » qui peuvent lorsqu’elles sont associées à certains modes de consommation (alcool, sport,…) générer des accidents cardiaques graves chez les consommateurs porteurs de prédispositions génétiques fréquentes (1 individu sur 1000) et généralement non diagnostiquées. L’Anses recommande donc d’éviter la consommation de boissons dites énergisantes en association avec de l’alcool ou lors d’un exercice physique. Elle appelle aussi, compte tenu des pratiques de consommation constatées, à la mise en oeuvre de mesures visant à encadrer la promotion de ces boissons envers les publics sensibles (enfants et adolescents) et dans des contextes de consommation à risques (festifs, sportifs, …). Par ailleurs l’Agence appelle l’ensemble de la population à modérer sa consommation de boissons caféinées, et plus particulièrement les enfants, adolescents, les femmes enceintes et allaitantes.

Le terme « boisson énergisante » est un terme commercial qui ne fait pas référence à un encadrement réglementaire spécifique. Les boissons dites énergisantes (BDE) sont des sodas enrichis en diverses substances déjà présentes dans l’alimentation (caféine, guarana, taurine, vitamines, ginseng,…). L’Anses a recensé plus d’une centaine de ces boissons sur le marché français. Elles ont une composition relativement hétérogène sauf en matière de caféine, présente quasi-systématiquement dans ces boissons. La consommation d’une canette standard (250 ml) de boissons dites énergisantes apporte en moyenne l’équivalent en caféine de deux cafés « expressos » (50 ml) ou de plus de deux canettes de sodas au cola (330 ml).

La question de la sécurité des boissons dites énergisantes est suivie par l’Anses depuis plusieurs années. L’Agence recueille à ce titre, dans le cadre du dispositif de nutrivigilance, les effets indésirables suspectés d’être liés à la consommation de ces produits. L’Anses, par voie de communiqué de presse, a invité en juin 2012 les professionnels de santé à lui faire remonter un maximum de déclarations. Plus de 200 cas lui ont ainsi été signalés, portant au final à 257 le nombre de cas rapportés dont 212 suffisamment renseignés pour être analysés dans le cadre de l’évaluation des risques liée à la consommation des boissons dites énergisantes publiée ce jour.

Des effets délétères sur la santé

L’imputabilité de la consommation de boissons dites énergisantes dans la survenue de ces évènements indésirables a été jugée, selon les critères de la nutrivigilance, très vraisemblable ou vraisemblable pour 25 cas, soit 12 % des signalements. Les principaux symptômes observés parmi ces derniers sont essentiellement :

         cardiovasculaires (sensations d’oppression ou de douleurs thoraciques, tachycardie, hypertension, troubles du rythme allant jusqu’à l’arrêt cardiaque…),

         psycho-comportementaux ou neurologiques (irritabilité, nervosité, anxiété, voire crises de panique, hallucinations, épilepsie).

L’Anses considère que les arrêts cardiaques signalés dans le dispositif de nutrivigilance et ceux rapportés dans la littérature surviennent très vraisemblablement chez des sujets génétiquement prédisposés. Ces prédispositions fréquentes (canalopathies) sont la plupart du temps asymptomatiques et généralement non diagnostiquées. Elles peuvent toucher environ 1 individu sur 1000. Les arrêts cardiaques chez ces sujets résulteraient de la consommation de boissons dites énergisantes associée à certains facteurs de risque supplémentaires comme l’exercice physique (sport, danse,…), une forte consommation d’alcool, l’hypokaliémie, certains médicaments ou une sensibilité individuelle à la caféine.

Les autres effets étudiés (cardiovasculaires, psycho-comportementaux ou neurologiques) correspondent à des effets indésirables couramment observés après une prise de caféine en quantité élevée. A l’issue de l’analyse des cas de nutrivigilance et des données bibliographiques, la caféine de ces boissons a été considérée comme le facteur explicatif majeur.

La caféine, molécule naturellement présente dans plus de 60 plantes (café, thé, kola, guarana, maté,…), est bien connue pour ses effets « excitants » et ses effets indésirables nombreux : anxiété, tachycardie, troubles du sommeil, risques chez l’enfant de développement ultérieur de conduites addictives. Il existe dans la population générale une très grande variabilité de la sensibilité aux effets de la caféine. En se basant sur les différents seuils faisant référence internationalement, on peut constater qu’une fraction non négligeable de la population française dépasse les niveaux de caféine conseillés :

– environ 30 % de la population adulte est en dépassement pour le seuil retenu comme générateur d’anxiété (correspondant pour un adulte à l’apport en caféine d’environ 6 expressos) ;

– près de 7 % de la population adulte excède le seuil au-delà duquel une toxicité chronique plus générale est suspectée (santé osseuse et cardiovasculaire, cancer, fertilité masculine,…) ;

11 % des 3 à 10 ans et 7 % des 11 à 14 ans dépassent le seuil de développement d’une tolérance à la caféine et du déclenchement de symptômes de sevrage (atteint à moins d’une demi-canette standard de boissons dites énergisantes ou d’une canette de soda au cola pour un enfant de 35 kg).

Une dangerosité avérée

Même si la caféine a un usage très ancien dans le monde entier, sa présentation sous forme de boissons dites énergisantes, phénomène nouveau et en forte expansion, fait évoluer les modalités de consommation, qui :

– touchent des consommateurs jusque là peu exposés à la caféine, notamment les enfants et les adolescents qui, au niveau européen, sont respectivement 3 et 8 % à consommer des boissons dites énergisantes plus de 4 à 5 fois par semaine ;

– ont parfois lieu dans des quantités élevées : 25 % des consommateurs français de boissons dites énergisantes consomment plus de 500 ml sur une même journée ;

– surviennent dans de nouveaux contextes d’exposition : en France, environ 32 % des consommateurs de boissons dites énergisantes les consomment lors d’occasions festives (bars, discothèques, concerts, etc.), 41 % en lien avec une activité sportive, 16 % en mélange avec de l’alcool.

L’Agence recommande donc aux consommateurs :

1. d’éviter la consommation de boissons dites énergisantes en association avec l’alcool ou lors d’un exercice physique ;

2. d’être particulièrement vigilants vis-à-vis des apports en caféine, notamment via les boissons dites énergisantes, pour certains consommateurs, en particulier : l

– les femmes enceintes et allaitantes,

– les enfants et adolescents,

– les personnes sensibles aux effets de la caféine ou présentant certaines pathologies notamment certains troubles cardio-vasculaires, psychiatriques et neurologiques, insuffisance rénale, maladies hépatiques sévères ;

3. et d’une façon générale, pour l’ensemble des consommateurs, de modérer la consommation de boissons caféinées.

 

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