18 labels alimentaires passés au crible

Santecool

il y a 3 ans

“La boussole des labels” est un guide pratique qui passe 18 labels alimentaires passés au crible selon 30 critères. Téléchargeable gratuitement à partir du 18 mai, il a été conçu par trois ONG aux domaines d’expertise complémentaires : ActionAid France, Bio Consom’acteurs et FAIR[e] un monde équitable. Un outil indispensable pour une consommation éclairée et engagée.

« Dans le contexte de crise que nous traversons, 73% des Français souhaitent avoir une consommation plus responsable¹. Pour les y aider, les labels peuvent être un bon repère, mais à condition de savoir ce qu’ils garantissent ! » explique Julie Potier, de l’association Bio Consom’acteurs et qui a participé 18 labels alimentaires passés au crible.

Comparer les labels en un clin d’œil

“La Boussole des labels” a été conçue pour permettre à tous les consommateurs de connaître et comparer les exigences des principaux labels alimentaires. Tous les critères économiques, sociaux, environnementaux ont été analysés. Pour les décrypter, ActionAid France, Bio Consom’acteurs et FAIR[e] se sont appuyés sur leurs expertises complémentaires, sur des entretiens avec des chercheurs, ainsi que des rapports et études de terrain. Le résultat a été synthétisé dans ce guide de 9 pages, avec des tableaux comparatifs qui permettent de se repérer en un clin d’œil, ainsi que des articles sur les diﬀérentes démarches (bio, équitable, durable) et les initiatives des marques et des distributeurs.

« Nous proposons aux consommateurs de devenir expert·e·s de leur consommation, en leur donnant un outil pour faire le tri entre ce qui relève du marketing et les réels engagements. C’est un exercice d’éducation à la consommation », explique Estelle Dubreuil, coordinatrice de FAIR[e] un monde équitable.

Lutter contre les dérives commerciales

Les marques ont de plus en plus tendance à communiquer sur les qualités sociales et environnementales de leurs produits, mais ces annonces ne sont pas toujours accompagnées de changements de leurs pratiques. Dans un tel contexte, associations et mouvements de consommateurs doivent se mobiliser pour permettre aux consommateurs de faire un choix éclairé.

« Il s’agit pour nous d’envoyer aux labels et aux marques le signal qu’il faut mettre en cohérence le dire et le faire. L’aﬃchage cache trop souvent des conditions de travail indignes et de production irresponsables », souligne Alexia Delfosse, d’ActionAid France.

Mieux connaître les conditions de production et les filières : les labels pour s’orienter

Quelques règles existent sur les modes de production et d’approvisionnement des fabricants et des magasins. Elles ne sont malheureusement pas assez contraignantes.

Des labels cherchent donc à répondre au besoin de traçabilité et de transparence. Fondés sur le respect de critères inscrits dans un cahier des charges et sur la réalisation de contrôles, pouvant être utilisés par une diversité d’entreprises et étant indépendants de celles-ci, les labels utilisent des logos qui servent de repères aux consommateurs et les aident à choisir.

Cependant, tous les labels n’offrent pas les mêmes garanties économiques, sociales ou environnementales. Certains sont publics, d’autres privés. Parfois, des logos se rajoutent sur nos produits, sans être des labels… Difficile de s’y retrouver ! Il semblerait donc que Rainforest et d’autres certifications comme Global GAP, ne permettent toujours pas de garantir le respect des droits fondamentaux du travail, comme la liberté syndicale, ou le paiement d’un salaire minimum. Dans certaines plantations, l’épandage de pesticides a lieu. En 2016, un rapport d’ActionAid France dénonçait les conditions de travail déplorables dans des plantations de bananes au Costa Rica et d’ananas en Équateur, certifiées Rainforest Alliance. Malheureusement, 5 ans plus tard, rien n’a changé.

Des labels durables pas si durables ?

En 2019, les bananes vendues par Rainforest Alliance représentaient 9% des bananes exportées dans le monde 5. Cependant, les bananes affichant fièrement le logo de la grenouille comme garantie du respect des droits humains ne sont pas si exemplaires. En 2021 Maricela Guzman, coordinatrice technique d’un des principaux syndicats agricoles équatoriens 6, dénonçait encore les méthodes de contrôle de la Rainforest Alliance. Selon elle, celles-ci ne permettent pas de mettre en évidence les violations des droits fondamentaux (sécurité sociale, liberté syndicale…). Elle expliquait que les contrôleurs « préviennent de leur visite avant de passer. Par exemple, les producteurs peuvent s’arranger pour que des travailleurs avec une sécurité sociale remplacent des travailleur·se·s sans sécurité sociale le jour de la visite, en contactant des plantations voisines » que les travailleur·se·s se trouvent dans les champs, ce qui est très nocif pour leur santé.

Face au marketing débridé, l’urgence de réguler

Si le nombre de logos a explosé, c’est bien parce que certaines marques y voient l’opportunité de se montrer plus vertes, plus justes, plus durables… sans rien changer à leurs pratiques. Certains logos deviennent alors un simple outil de com’. Ils servent à la fois à séduire des consommateurs de plus en plus exigeants, et convaincre les pouvoirs publics que ces entreprises sont de plus en plus vertueuses et n’ont pas besoin d’être régulées. C’est ce que révèle le rapport Big Corpo 8, qui décortique la manière dont les grandes entreprises utilisent la Responsabilité sociale des entreprises (RSE) pour défendre leurs intérêts particuliers et influencer les politiques.

Si le nombre de logos a explosé, c’est bien parce que certaines marques y voient l’opportunité de se montrer plus vertes, plus justes, plus durables… sans rien changer à leurs pratiques. Certains logos deviennent alors un simple outil de com’. Ils servent à la fois à séduire des consommateurs de plus en plus exigeant∙e∙s, et convaincre les pouvoirs publics que ces entreprises sont de plus en plus vertueuses et n’ont pas besoin d’être régulées. C’est ce que révèle le rapport Big Corpo 8, qui décortique la manière dont les grandes entreprises utilisent la Responsabilité sociale des entreprises (RSE) pour défendre leurs intérêts particuliers et influencer les politiques.

COMMENT A ÉTÉ RÉALISÉ CE GUIDE ?

ActionAid France et FAIR[e] un monde équitable ont sorti en 2017 une première édition de “La Boussole des labels”. Elle analysait 7 labels alimentaires sur les seuls critères du commerce équitable, oﬀrant un décryptage qui avait alors été très apprécié des consommateurs comme de nombreux acteurs de la distribution.

Bio Consom’acteurs a rejoint les deux ONG à l’origine du projet pour la deuxième édition de “La Boussole des labels” qui paraît le 18 mai 2021 et le champs d’expertise du guide a été étendu aux critères de l’agriculture biologique. Les 18 labels alimentaires que l’on retrouve le plus souvent dans les rayons ont ainsi pu être passés au crible. Aux labels bio et/ou équitables (AB, Fairtrade, Demeter…), s’ajoutent également des labels, marques et mentions qui affichent des démarches responsables ou de qualité mais dont les exigences en termes économiques, sociales et environnementales sont plus ﬂoues ou mal connues des consommateurs (Label Rouge, Bleu Blanc Cœur, HVE…).

Pour réaliser “La Boussole des labels”, ActionAid France, Bio Consom’acteurs et FAIR[e] un monde équitable se sont appuyés sur leurs expertises complémentaires ainsi que sur de nombreuses sources et entretiens.

Notamment :

Pour les critères équitables : le guide international des labels équitables de Commerce équitable France (2020)¹ et des entretiens avec Julie Maisonhaute, responsable du Commerce équitable Origine France chez Commerce équitable France.

Pour les critères durables : les études du Basic (La face cachée du chocolat² ; Café : derrière la success-story, la crise³) et les études d’ActionAid (Rainforest⁴).

Pour les critères Bio : les études, articles et documents de l’IDDRI⁵, l’ITAB⁶, l’Agence Bio⁷, l’INAO⁸, Que Choisir⁹, Bioconsom’acteurs¹⁰, Biocohérence¹¹, la FNAB¹². Ont également été consultés : Sabine Bonnot, administratrice de l’ITAB ; Laurent Masseron, délégué général de Bio Nouvelle Aquitaine ; Samuel Frois, chargé de mission à la FNAB.

LES 3 ONG QUI ONT CONÇU LE GUIDE

ActionAid est une association de solidarité internationale. Elle agit pour construire un monde plus juste, aux côtés et non à la place des femmes et des hommes qui se mobilisent pour le respect de leurs droits fondamentaux.

Bio Consom’acteurs est une association créée en 2004 pour porter la voix des consom’acteurs. Elle mène des campagnes de sensibilisation et de mobilisation, développe et diﬀuse des outils pédagogiques, et organise des événements et des ateliers pour accompagner la transition des modes de consommation.