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Une loi pour éliminer le mercure dentaire

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L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) désigne le mercure comme l’une des 10 substances les plus préoccupantes. Ce métal est un neurotoxique, un néphrotoxique, un immunotoxique et un perturbateur endocrinien. Le mercure métallique est classé cancérogène, mutagène et reprotoxique (CMR). Compte-tenu de la grande variabilité des sensibilités individuelles aux effets du mercure dentaire et de la très grande vulnérabilité de l’organisme en développement, il est impossible de définir un niveau d’exposition au mercure qui soit sans danger.

Les Nations ont pris la mesure des risques que représente le mercure : aussi trois années de négociations au sein du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) ont-elles abouti en octobre 2013 à la signature de la Convention de Minamata sur le mercure, par laquelle les États s’engagent à interdire la plupart des usages de ce métal et à réduire significativement leurs émissions de mercure dans l’environnement afin d’abaisser l’exposition des populations.

Les régions du monde n’ont pas attendu cette convention pour commencer à agir : l’Union européenne a adopté dès 2005 une stratégie communautaire sur le mercure, qui est en cours de révision : dans ce cadre, l’usage du mercure dans les équipements électriques, batteries et accumulateurs ainsi que dans les instruments de mesure est voué à disparaître7.

Les batteries représentent un autre quart, de même que les instruments de mesure ; les lampes représentent un huitième et les équipements électriques le dernier huitième. Selon Marson, 2007.

En France également, le PNSE2 formalisait l’exigence d’une réduction de 30 % des rejets de mercure dans l’environnement entre 2008 et 2013 : un défi irréalisable dans la mesure où l’on n’a pas voulu toucher aux amalgames dentaires.

Au niveau mondial, l’amalgame dentaire représente le quart de la consommation de mercure utilisé dans les produits8. En Europe, il s’agit de la seconde source de consommation de mercure, après l’industrie chlore alcali ; mais dans la mesure où celle-ci doit progressivement renoncer au mercure, l’amalgame arrivera très bientôt en tête.

Surtout, le mercure dentaire constitue la première source d’imprégnation des Européens au mercure. L’EFSA a relevé en décembre 2012 que « l’inhalation du mercure élémentaire des amalgames augmente significativement l’imprégnation en mercure, pouvant conduire à dépasser la dose hebdomadaire tolérable provisoire ». S’agissant des Français, ce constat ne peut être qu’aggravé puisque l’Agence nationale du médicament (ANSM) évalue qu’un quart des obturations en France se feraient encore à base d’amalgames – ce qui est très largement supérieur à nos voisins. Aussi, selon le dernier rapport BIOIS, la France arrive largement en tête de la consommation de mercure dentaire européen, puisque sa consommation représente le tiers de celle de l’Union Européenne.

Les effets du mercure dentaire sur la santé

En 2011, l’OMS a reconnu des effets délétères à l’amalgame dentaire, de sorte qu’elle invite les Nations à privilégier les alternatives. En effet :

les enfants sont particulièrement sensibles aux effets neurotoxiques du mercure dentaire car leur système nerveux est en développement ;

– l’amalgame a été associé à des troubles généraux de santé ;

– la majorité des effets secondaires dus aux matériaux dentaires sont liés aux amalgames.

Tout récemment (septembre 2013), un rapport du SCHER a indiqué qu’en outre le mercure dentaire pourrait être une source importante d’intoxication indirecte : le mercure issu des cabinets dentaires, transformé, se retrouve en effet dans les poissons dans des quantités que certaines études estiment préoccupantes.

Tous ces signaux d’alerte exigent des réponses politiques. En 2011, le Conseil de l’Europe a adopté une recommandation invitant « à la restriction, voire l’interdiction, des amalgames comme matériaux dentaires ». En 2010 puis en 2012 l’agence BIO Intelligence Service a rendu deux rapports successifs à la Commission européenne, dans lesquels elle émet une proposition réaliste d’arrêt de l’amalgame à l’horizon 2018.

La Convention de Minamata sur le mercure, quant à elle, impose de réduire les émissions de mercure dentaire, et oblige les Nations à adopter au moins 2 mesures parmi les neuf suivantes :

(I) Fixer des objectifs nationaux de prévention des caries dentaires et de promotion de la santé afin de minimiser le besoin en soins dentaires ;

(II) Fixer des objectifs nationaux dans le but de diminuer leur utilisation ;

(III) Promouvoir l’utilisation d’alternatives sans mercure d’un bon rapport coût-efficacité ;

(IV) Promouvoir la recherche et le développement de matériaux sans mercure de qualité pour les obturations dentaires ;

(V) Encourager les organisations professionnelles représentatives et les écoles dentaires à éduquer et former les professionnels dentaires et les étudiants à l’utilisation d’alternatives sans mercure pour les restaurations ;

(VI) Décourager les polices d’assurance et les programmes favorisant l’usage des amalgames par rapport à celui d’alternatives sans mercure ;

(VII) Encourager les polices d’assurance et les programmes favorisant l’usage d’alternatives sans mercure par rapport à celui des amalgames ;

(VIII) Restreindre l’usage des amalgames à leur forme encapsulée ;

(IX) Promouvoir l’usage des meilleures pratiques environnementales pour réduire les rejets de mercure et de composés de mercure dans l’eau et le sol.

Lors de la signature de la Convention, de nombreux États sur tous les continents se sont déjà engagés à interdire l’usage des amalgames dentaires sur leur territoire au plus tard en 2015 :

Amérique latine : Equateur, Uruguay. En République Dominicaine, les amalgames sont déjà interdits.

Afrique : Gambie, Centre-Afrique, Cameroun (interdiction en janvier 2014), Gabon, Zambie, Sud-Soudan, Ouganda, Madagascar, Ile Maurice. Au Zimbabwe, la décision a déjà été prise en 1984 : un décret du Président a fait de l’ART (une alternative utilisant le ciment verre ionomère) une priorité, de sorte que le mercure dentaire n’est plus en usage depuis longtemps.

Asie du Sud-Est : Philippines, Bangladesh, Népal.

Océanie : Nouvelle-Zélande, Iles Kiribati.

Europe : Suisse, Géorgie. La Suède, la Norvège et la Suisse ont proposé un soutien financier et technique aux pays en développement désirant éliminer le mercure dentaire.

La France peut et doit rejoindre au plus tôt ces pays

Il n’est pas justifiable de maintenir en usage un dispositif médical qui empoisonne le patient, le professionnel, les écosystèmes et la population en général ; qui, par transfert placentaire puis lors de l’allaitement, intoxique l’embryon, le fœtus et le nouveau né ; qui participe ainsi à l’émergence des maladies chroniques :

          hypersensibilités,

          maladies neurologiques,

          maladies mentales,

          troubles cardiovasculaires,

          résistance aux antibiotiques,

          etc.

Dans les dernières décennies, des avancées scientifiques et techniques considérables ont permis la mise sur le marché de nouveaux matériaux dentaires abordables, efficaces et présentant une longévité au moins équivalente à celle de l’amalgame. Il est donc possible, et cela doit même être une exigence fondamentale, de procurer au patient des dispositifs médicaux implantables sans substances toxiques (notamment neurotoxiques, CMR ou PE).

Mais encore, plusieurs pays ont établi sur des bases scientifiques de nouvelles stratégies très performantes pour éviter la carie et solutionner le problème en amont, avant qu’il ne devienne complexe et coûteux.

Aussi, plutôt qu’un simple renoncement à un matériau toxique, cette convention internationale doit donner au législateur l’opportunité de faire entrer dans la loi des avancées nécessaires et, pour certaines, très attendues, en matière de protection. Des travailleurs, d’information, de consentement et de sécurité des patients, et enfin de prophylaxie

 Sources : http://ec.europa.eu/environment/chemicals/mercury/

 

A bas le mercure dentaire!

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