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Stop aux spéculateurs qui font grimper les prix des aliments

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Cela n’a échappé à personne : ces dernières semaines, les prix des denrées alimentaires ont augmenté massivement dans le monde entier et la note au supermarché a considérablement enflé. Alors on dit top aux spéculateurs qui font grimper les prix des aliments !

Les de l’alimentation et les  marchés agricoles s’affolent. Cela s’explique par deux raisons : tout d’abord, à cause de la guerre en Ukraine, les négociants et les entreprises ont peur qu’il y ait une pénurie de blé, d’huiles végétales et d’engrais venant de la mer Noire ainsi que de gaz et de pétrole venant de la Russie . Autre raison : les financiers qui parient sur la hausse des prix des matières premières et qui, de fait, font flambée les prix des denrées alimentaires. Alors, stop aux spéculateurs qui font grimper les prix des aliments !

La flambée des prix des denrées alimentaires

A cause des spéculateurs qui font grimper les prix des aliments nous constatons les hausses suivantes :

811 millions de personnes souffrent de la faim : réveillons le G7

Le problème de la faim est d’abord structurel. Le système alimentaire et agro-industriel mondialisé actuel ne permet déjà pas de rémunérer correctement les agriculteurs et agricultrices ni de nourrir en quantité et en qualité suffisante dans toutes les régions du monde mais il est également trop peu résilient face aux chocs du fait des interdépendances extrêmes. Les conflits et les grandes crises politiques, économiques, climatiques, environnementales et sanitaires actuelles le fragilisent facilement et sont les causes profondes de l’insécurité alimentaire mondiale.

« La faim dans le monde n’est pas due à un problème de pénurie alimentaire mais d’utilisation et de répartition. La hausse actuelle des prix de l’alimentation est bien davantage liée à des phénomènes de spéculation qui la rend inaccessible pour les plus pauvres. Aujourd’hui, on produit largement plus d’aliments que nécessaire pour nourrir la population mondiale, pourtant une personne sur trois est en situation d’insécurité alimentaire. »

Jean-François Riffaud. Directeur général d’Action contre la Faim

La guerre en Ukraine engendre une hausse des prix des denrées de base, combinée à une envolée des prix du pétrole et du gaz provoquant elle-même une inflation des intrants agricoles qui en sont largement composés. En Tunisie, par exemple, alors que le pays importe la moitié de son blé d’Ukraine et qu’il dépend massivement de l’étranger pour son approvisionnement en pétrole et gaz, le prix du pain a doublé depuis le début du conflit et le prix de l’énergie a augmenté de 5% pour le seul mois d’avril.

En l’absence de systèmes de protection sociale universels dans des pays affectés par la crise, cette hausse des prix de l’alimentation risque de plonger des millions de personnes dans la pauvreté et faire basculer ainsi entre 8 à 13 millions de personnes supplémentaires dans la sous-nutrition, principalement des femmes et des enfants de moins de 2 ans.

Le G7 doit agir

Le G7  aura lieu, en Allemagne, du 26 au 28 juin. foodwatch et le CCFD-Terre Solidaire appellent à une réglementation stricte de la spéculation sur les denrées alimentaires.

« Le G7 doit aborder la question de la spéculation alimentaire lors de son sommet ! Depuis l’attaque contre l’Ukraine, la spéculation a augmenté de façon spectaculaire. Elle aggrave la hausse des prix des denrées alimentaires de manière fatale. Les investisseurs en bourse s’enrichissent en pariant sur le maïs et le blé, tandis que les habitants de pays comme le Yémen ou l’Éthiopie n’ont plus les moyens de se procurer des aliments de base. Ces paris aux dépens des plus pauvres doivent cesser », insiste Karine Jacquemart, directrice générale de foodwatch France.

Pour Jean-François Dubost, directeur du plaidoyer au CCFD-Terre solidaire : « Les initiatives et déclarations internationales se multiplient sur la crise alimentaire mondiale. Mais dans les solutions avancées, il y a un grand absent : larégulation des marchés agricoles et en particulier la lutte contre la spéculation. Pourtant, on observe déjà qu’un certain nombre d’acteurs comme des fonds d’investissement ou des traders se sont rués sur les principales places boursières de matières premières agricoles. Les États membres du G7 doivent prendre des mesures fortes empêcher ces ‘profiteurs de la faim’ de sévir ! Il serait indécent qu’une poignée de spéculateurs s’enrichisse pendant que des millions de personnes vont tomber en insécurité alimentaire ».

Pour foodwatch et le CCFD-Terre Solidaire, il est primordial que les chefs d’État du G7  s’accordent à mettre en place des règles communes très strictes afin de mettre fin à la spéculation sur les bourses de matières premières.

La pétition mise en ligne leur est adressée, leur demandant d’établir des cadres stricts pour les transactions spéculatives sur les matières premières alimentaires. Ces « limites de position » déterminent le nombre, le montant et le volume des contrats que les investisseurs sont autorisés à faire sur certaines matières premières.

« Aujourd’hui, les limites en vigueur sont bien trop laxistes pour limiter efficacement la spéculation alimentaire », critique foodwatch. Un certain degré d’opérations sur les marchés financiers des matières premières agricoles est important, afin que les agriculteurs et les entreprises agricoles puissent se protéger contre les fluctuations des prix sur les marchés à terme. Cependant, les paris financiers ne remplissent plus cette fonction initiale et visent des profits déconnectés de la réalité du marché. « Le volume des transactions spéculatives sur les bourses de matières premières a augmenté de façon spectaculaire depuis le début de la guerre en Ukraine », souligne le CCFD-Terre Solidaire.

Action contre la Faim exhorte les pays du G7 à prendre des mesures pour lutter contre la faim de manière urgente et ambitieuse

Action contre la Faim demande notamment aux États :

1. D’arrêter l’utilisation de la faim comme une arme politique et de prévenir les crises en facilitant l’accès et l’aide humanitaire dans toutes les zones de conflit.

2. De développer et soutenir des politiques de protection sociale universelles et féministes.

3. De soutenir le développement de la souveraineté alimentaire et la transformation des systèmes alimentaires pour les rendre plus durables, résilients, localisés, sains et justes.

Relocaliser des filières bio et équitables en France : zoom sur le tournesol et les fruits rouges

La pénurie d’huile de tournesol actuelle nous rappelle les limites de la dépendance aux marchés internationaux. Le Label Bio Équitable en France propose une alternative : choisir des produits bio origine France.

BIO PLANÈTE est un des huiliers artisanaux adhérents à notre Label. Le tournesol provient du groupement Corab également adhérent à Bio Equitable en France, et l’huile de tournesol est vendue à la marque Biocoop.

Le groupement ETIC’MONTS BIO dans les Monts du lyonnais produit des petits fruits (groseilles, framboises, mûres…) cultivés en pleine terre et récoltés à la main. Les fruits récoltés sont ensuite transformés dans leur atelier de transformation en confiture ou en purée. La région était un bassin historique pour la production de fruits rouges en France, mais a souffert de la concurrence, notamment des pays d’Europe de l’Est.

Les confitures, purées de fruits et coulis labellisés Bio Équitable en France sont à retrouver dans les AMAP, magasins de producteurs, marchés locaux et magasins bio dans la Loire et le Rhône, et dans toute la France en grandes surfaces avec la marque Paysans d’ici – Ethiquable.

Des méthodes culturales plus résilientes pour dire stop aux spéculateurs qui font grimper les prix des aliments

Le contexte actuel (envolée des prix, de l’énergie et des coûts de production…) ne cesse de mettre à mal le monde agricole. L’agriculture bio paysanne offre cependant un modèle plus autonome et plus résilient.

Les rendements sont de plus en plus impactés par les aléas climatiques, notamment par la sécheresse qui s’annonce particulièrement forte cette année. La France compte déjà 15 départements touchés, dont le Maine-et-Loire et le Vaucluse, où le déficit pluviométrique s’élève à 70 %. En Charentes Maritimes, elle est annoncée comme faisant partie des 10 sécheresses les plus fortes depuis 1921. Avec le dérèglement climatique, on peut craindre la répétition de ces phénomènes extrêmes.

L’agriculture conventionnelle, étant très utilisatrice d’irrigation, subit de plein fouet ce phénomène. De plus, elle est très dépendante des apports en engrais chimiques. Les sols vidés de leur matière vivante ne sont plus que les réceptacles des intrants chimiques. Les semences utilisées sont elles aussi élaborées pour produire en utilisant en abondance ces intrants. Les conséquences cumulées de la guerre en Ukraine et de la sécheresse risquent d’être catastrophiques. Déjà, le prix de l’ammonitrate a bondi en passant de 250€/t en décembre 2020 à près de 800€/t aujourd’hui, suivant ainsi l’augmentation du coût de l’énergie et notamment du gaz. Si la crise internationale se prolonge et que l’agriculture conventionnelle vient à manquer d’azote et de potasse chimiques importés de Russie, les rendements risquent de s’écrouler et les prix flamber.

Les producteurs en bio, n’utilisant pas d’engrais fossiles, ne sont pas impactés par ces hausses. Ils sont tout de même confrontés à une augmentation du prix des engrais organiques, à cause de la grippe aviaire (on est passé, pour une unité d’azote, d’un prix de 3€ en 2021 à 6€ actuellement). Cependant, ces augmentations sont incomparables avec les conséquences occasionnées par l’inflation du prix des intrants chimiques. En effet, les fermes en polyculture élevage produisent elles-mêmes une partie de leurs amendements et l’alimentation de leur bétail. Les deux activités sont complémentaires.

Paul Toty, éleveur du groupement LE PRE VERT, membre de l’association Bio Equitable en France témoigne : « On a pu embrayer sur une dynamique d’autonomie : diminuer la consommation d’énergie fossile par exemple. Et le commerce équitable apporte une belle bouffée d’oxygène au bio dans un contexte de consommation délicat ».

 

Sources

 

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