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Sorbonnavirus, regards sur la crise du coronavirus

Sorbonnavirus rend compte de la crise sanitaire actuelle en tirant parti des forces d’une université dans laquelle la médecine côtoie les sciences et les humanités. Ce livre entre dans le virus, le traque, le suit, depuis ses origines jusqu’à ses effets, en remontant à ses ancêtres, épidémies antiques ou médiévales, en examinant sa gestion et ses conséquences, et en identifiant les chemins qu’il emprunte et qu’il ouvre, vers les nouveaux mondes possibles. Il sera publié le 27 mai 2021 aux Sorbonne Université Presses (SUP).

Composé de vingt-sept textes courts et percutants qui abordent l’épidémie, le virus et la période actuelle et à venir, Sorbonnavirus offre une grande variété de regards disciplinaires pour permettre de comprendre la crise sanitaire dans toutes ses dimensions. Une cinquantaine de chercheuses et de chercheurs de Sorbonne Université ont ainsi été coordonnés par Pierre-Marie Chauvin, vice-doyen Ressources humaines et moyens à la faculté des Lettres de Sorbonne Université, et Annick Clement, vice-présidente Science culture société à Sorbonne Université, afin de réaliser un livre accessible au plus grand nombre. Jean Chambaz, président de Sorbonne Université, et Bruno Riou, doyen de la faculté de Médecine de Sorbonne Université et directeur médical de crise de l’AP-HP, ont tous deux préfacé cet ouvrage. Voici la présentation de Sorbonnavirus.

Introduction de Sorbonnavirus

Quand le coronavirus et la Covid 19 entrent dans l’université, celle-ci peut se protéger et réagir par des mesures sanitaires et des gestes barrières, mais aussi par ce qu’elle sait peut-être faire de mieux, des productions intellectuelles. L’épidémie, la fragilisation des liens et des conditions de travail et de vie, notamment dans les mondes étudiants et chez nos personnels[1], ont suscité un élan : produire un livre accessible au plus grand nombre qui rende compte de la crise sanitaire actuelle en tirant parti des forces d’une université pluridisciplinaire, dans laquelle la médecine côtoie les sciences, les lettres et les humanités[2].

Ce livre, nommé Sorbonnavirus. Regards sur la crise du coronavirus[3], donne quelques clefs de compréhension sur un virus et une maladie qui ont contaminé nos espaces mentaux autant que nos corps. Il est également une ouverture vers un monde et  un avenir qu’il est difficile de qualifier d’emblée de « monde d’après », tant les horizons sont incertains, et les chemins pluriels et non encore définis.

Sorbonnavirus, c’est la Sorbonne face au virus et dans la « cité », cet espace public assailli d’informations plus ou moins fiables et de points de vue contradictoires et évolutifs. Le livre entend participer au débat des citoyens par une mosaïque de regards sur ses causes, ses formes et ses effets. Il propose une prise de recul, ni totalement à chaud, ni totalement à froid, qui permette de mieux comprendre un phénomène inédit par son ampleur et sa durée, même s’il n’est pas radicalement nouveau.

Pour surmonter l’éclatement des interventions individuelles, académiques et médiatiques, ce livre fait acte de rassemblement, même s’il ne peut prétendre à l’exhaustivité[4]. Nous avons proposé à plusieurs collègues de Sorbonne Université d’intervenir sur l’un de leurs sujets de recherche en lien avec la période actuelle. La réactivité et l’enthousiasme des personnes sollicitées furent assez extraordinaires. Le défi n’était pas évident : écrire rapidement, dans une langue accessible à un grand public, quelques pages sur un sujet particulièrement difficile à cerner. C’est l’un des enseignements de la covid ces derniers mois : la science comme le politique se doivent d’être humbles et transparents lorsqu’il s’agit de s’exprimer sur un objet encore peu connu. Sorbonnavirus est ainsi un élan collectif qui tisse de nombreux liens. Liens entre les sciences et les humanités, liens entre les différentes disciplines, liens entre les nombreux savoirs spécialisés qu’elles produisent, liens aussi entre ce monde académique parfois perçu comme lointain ou difficile d’accès et la « cité ».

Le livre entre dans le virus, le traque, le suit, depuis ses origines jusqu’à ses effets, en remontant à ses ancêtres, épidémies antiques ou médiévales, et en identifiant les chemins qu’il emprunte et qu’il ouvre. Fuite, enfermement, isolement, se retrouvent dans les différentes pandémies de l’Histoire, de même que la recherche de responsables et de causalités faciles. Toutes les grandes épidémies comme toutes les grandes crises sont à la fois des révélateurs et des accélérateurs d’inégalités et de fragilités préexistantes. Mais que comprenons-nous de ce virus et de cette pandémie? Des femmes et des hommes malades, un monde malade, mais de quoi ? vers où allons-nous ?

Prenant appui sur des expertises médicales, scientifiques, philosophiques, historiques … l’ouvrage, qui réunit 27 textes rédigés par 51 chercheuses et chercheurs de Sorbonne Université, essaie de répondre à la question suivante : : nos savoirs permettent-ils de dépasser l’état de sidération et de cacophonie collectives et d’ouvrir ainsi des chemins de connaissances et de vie pour toutes et tous ? Les textes composant le livre abordent le virus et la pandémie, à travers leur « nature », leur contexte, leur caractère inédit ou non, leurs dynamiques, leurs significations, et leurs effets. Ils étudient aussi le confinement comme une expérience individuelle et collective, à travers ses modalités, son déroulement, et ses conséquences à court et long terme. Plus généralement, ils interrogent la « période » actuelle, ce qu’elle révèle ou produit dans nos sociétés.

L’ouvrage est structuré en trois grandes parties, que nous avons choisi de construire de manière thématique plutôt que par bloc disciplinaire, plusieurs textes pouvant bien évidemment se situer au carrefour de ces différentes parties.

La première partie interroge les espaces-temps de l’épidémie et du confinement qui s’inscrivent à l’intersection de multiples temporalités, longues et courtes, participant à construire notre regard sur le présent mais aussi sur le passé et l’avenir. Alors que pour beaucoup de nos contemporains, le temps, lourd d’incertitudes et d’angoisses, paraît souvent se contracter, les contributions à cette première partie permettent au contraire de l’étirer. Elles invitent à se projeter dans d’autres échelles que celle du court terme, souvent résumée dans les médias au décompte mortifère des contaminations et des morts. Elles abordent les modalités de gestion des épidémies, leurs effets psychologiques et sociaux, et les expériences littéraires ou artistiques qu’elles peuvent susciter, offrant ainsi une photographie des difficultés de vie générées par cette période mises en regard d’expériences historiques plus ou moins lointaines.

La deuxième partie est consacrée à la traque du virus et aux modes de luttes contre la covid. Comment observer, suivre, mesurer, expliquer, et anticiper la circulation d’un virus particulièrement insaisissable, qui a pu surprendre les acteurs politiques comme scientifiques ? Des origines présumées du virus aux trajectoires des patients, des différentes méthodes de surveillance de l’épidémie jusqu’à la question des traitements des personnes infectées, que pouvons-nous dire en tant qu’observatrices et observateurs, scientifiques, médecins, de cette traque délicate et incertaine ?

La troisième partie est consacrée aux questions éthiques et politiques liées à la pandémie. Les controverses scientifiques et médiatiques, la place des scientifiques dans la « cité », et la nécessité de changer de modèles pour faire face à un certain nombre d’enjeux, portant notamment sur la santé et l’écologie, sont autant de questions esquissées dans ces textes qui traitent souvent autant du présent que des pistes d’avenir. Le rôle et la place de l’université sont également interrogés, à la fois du point de vue des étudiants (comment ont-ils vécu cette période ?), et d’un point de vue plus institutionnel et académique.

Les contributions ont été écrites par des chercheuses et chercheurs de Sorbonne Université, mais il ne s’agit pas là d’un livre de la Sorbonne, et encore moins d’un livre sur la Sorbonne. S’il permet d’illustrer ce qu’une université peut produire à propos d’un sujet brûlant du XXIème siècle, et la façon dont les souffrances étudiantes peuvent aussi apparaître dans les textes concernés, l’ouvrage dépasse le seul périmètre de cette institution. Au-delà de la Sorbonne, c’est le devenir de l’université[5], au sens originel et large d’être-ensemble, qui est ici interrogé. Comme le révèlent beaucoup des contributions, il est question avec l’irruption du virus d’un événement qui interroge notre rapport au monde, et invite à restaurer ou à trouver de nouvelles formes d’harmonie, pour reprendre cette belle notion déjà présente comme horizon des poètes du Moyen-Age en temps de peste[6].

Table des matières  de Sorbonnavirus

Préface I : Jean Chambaz, Président de Sorbonne Université

Préface II : Bruno Riou, Doyen de la Faculté de médecine et directeur médical de crise de l’AP-HP

Introduction : Pierre-Marie Chauvin (MCF Sociologie) & Annick Clement (PU Pneumologie pédiatrique)

  1. L’Histoire en train de s’écrire : Espace-temps de l’épidémie et du confinement

Véronique Boudon-Millot, DR CNRS, Philologue et helléniste : Controverses antiques sur une maladie nouvelle : quand un mal inconnu frappait l’Empire romain

Eric Caumes, PU-PH, Infectiologue : Des méthodes héritées de la peste pour arrêter la Covid-19

Jacqueline Cerquiglini-Toulet, PU émérite, Littérature française : Penser l’épidémie au Moyen Âge. Humeur noire et harmonie

Renaud Piarroux, PU-PH, Parasitologue et spécialiste des épidémies : Du choléra au coronavirus, de Port-au-Prince à Paris : genèse des équipes mobiles dans la lutte

Johann Chapoutot, PU, Histoire contemporaine : La surrection de l’archaïque : les sociétés occidentales face à la pandémie, XIV-XXIème siècles

Hélène L’Heuillet, MCF-HDR, Philosophie et psychanalyste : La temporalité à l’épreuve du confinement. Point de vue philosophique et psychanalytique

Pascal Aquien, PU, Littérature anglaise : Oscar Wilde « confiné » : ce que nous dit De profundis

Catherine Tourette-Turgis, PU, Psychologie clinique, Université des patients : L’impact psychosocial du confinement lié à la Covid-19

Pierre-Marie Chauvin, MCF, Sociologie : Un jour sans fin ?  Faire l’expérience du temps pendant la « crise du coronavirus »

Olivier Milhaud, MCF, Géographie et Xavier Desjardins PU, Urbanisme :  Le confinement a-t-il eu lieu ?

Hyacinthe Ravet, PU, Musicologie et Sociologie : Chanter au balcon. Musique et lien social en temps de Covid-19

  1. Un ennemi invisible ? Traquer et lutter contre le virus et la covid

Alexandre Hassanin, MCF-HDR, Biologie de l’évolution, Muséum national d’Histoire naturelle de Paris : Evolution des Sarbecovirus et origine du SARS-CoV-2

Claire Crignon, MCF-HDR, Philosophie : Pandémie et sentiments moraux : réflexions autour de la notion de spectateur impartial

Pierre-Yves Boëlle, PU-PH, Santé publique : Surveillance et modélisation au cours de l’épidémie de Covid-19

Olivier Lopez, PU, Mathématiques appliquées : Modélisation de la trajectoire de patients Covid-19 dans le parcours de soins

Dominique Pateron, PU-PH, Urgentiste : La vigie, le rameur et retour au port

Bertrand Guidet, PU-PH, Réanimateur : La réanimation au cœur de la crise Covid

Yvon Maday (LJLL), PU, Mathématiques appliquées, Vincent Maréchal (CRStA), PU, Biologiste et Jean-Marie Mouchel, Géochimiste (METIS) : Covid-19 et eaux usées

  1. A la croisée des chemins, vers quel futur ? Aux frontières de la politique, de l’éthique et de la science

Karine Lacombe, PU-PH, Infectiologue : Essai clinique et raison : La Covid-19 entre débat et controverse

Gilles Bœuf, Professeur émérite en physiologie environnementale : La Covid-19, un électrochoc collectif salutaire ?

Cathy Clerbaux, DR CNRS, Sciences de l’atmosphère, Anne Boynard, chercheuse SPASCIA,  Sciences de l’atmosphère, Maya George, IR Sorbonne Université, Sciences de l’atmosphère, Juliette Hadji-Lazaro, IR CNRS, Sciences de l’atmosphère, Gaëlle Katchourine, CDD, Communication et graphisme, Sarah Safieddine, CR CNRS, Sciences de l’atmosphère, Camille Viatte, chercheuse Sorbonne Université, Sciences de l’atmosphère : Le confinement lié au Covid-19, une « parenthèse enchantée » pour la qualité de l’air

Michel Dubois, DR CNRS, Sociologie, Catherine Guaspare, IGE CNRS, Floriana Gargiulo, CR CNRS, Alexandra Frenod, IGE CNRS : Une science d’exception ? Le contrôle par les pairs face aux défis de la crise de la Covid-19

Catherine Jessus, DR CNRS, Biologie, Francis-André Wollman DR CNRS, Biologie : Covid-19 : un révélateur du hiatus entre logique politique et logique scientifique

Pierre-Henri Tavoillot, MCF-HDR, Philosophie : Au miroir d’un virus : leçons politiques d’une crise

Joëlle Le Marec, PU, Sciences de l’information et de la communication, CELSA : L’université dans ses marges : apprendre des savoirs de la précarité

Florian Ferreri, MCU-PH, Psychiatre : Retentissement psychologique de la crise et effets sur l’engagement des étudiants en Santé

Comité d’éthique de la recherche de Sorbonne Université : Raja Chatila, Mohamed Chetouani, Renaud Debailly, Ferdinand Dhombres, Karën Fort, Emmanuel Fournier, Laïla Khellaf, Sophie Lavault, Sébastien Payan, Emilie Pesce, Agnes Roby-Brami, Monique Van Donzel : « L’éthique de la recherche en temps de pandémie : un retour d’expérience du comité d’éthique de la recherche de SU »

Sorbonnavirus Sources

[1] L’idée de ce livre Sorbonnavirus est née d’une disparition douloureuse, celle de Joseph Chauleau, membre du personnel de Sorbonne Université. Joseph Chauleau était engagé dans notre Université depuis plusieurs décennies, il supervisait un bâtiment hébergeant notamment la maison d’éditions qui publie le présent livre. Il est décédé le jeudi 30 avril 2020 des suites d’une infection post covid, après une maladie qui l’avait fragilisé. A travers lui, c’est plus généralement à tous les personnels, le plus souvent invisibles, permettant à la science de se faire, que ce livre est dédié. Derrière les «  noms » de la science, il y a une multitude de femmes et d’hommes qui rendent la science possible, par un travail quotidien souvent peu reconnu, qu’elles et ils accomplissent dans le silence des livres et des articles scientifiques.

[2] Sorbonne Université est le fruit de la fusion des Universités Paris-Sorbonne (Paris 4), et Pierre et Marie Curie (Paris 6), opérée le 1er janvier 2018.

[3] Nous appelons « crise du coronavirus » l’ensemble des phénomènes en cours liés au coronavirus et à la covid-19, qui peuvent être abordés à travers leurs causes, leurs formes et/ou leurs effets.

[4] Beaucoup d’autres chercheuses et chercheurs de notre université et de bien d’autres établissements auraient évidemment eu leur place dans cet ouvrage. Nous avons notamment veillé à un certain équilibre des disciplines qui composent notre université.

[5] Le mot université vient du latin classique universitas qui signifie « uni, considéré dans son ensemble ». En latin médiéval, l’université désigne une collectivité, qu’elle soit d’ordre religieux, social ou politique.

[6] Ainsi que le montre Jacqueline Cerquiglini-Toulet dans sa contribution à l’ouvrage.

Un concert en ligne réunissant Ignacio Maria Gomez et le Quatuor Modigliani en Sorbonne

Pour accompagner la parution de Sorbonnavirus, un concert, conçu comme la bande originale du livre sera diffusé dans les conditions du direct depuis le prestigieux amphithéâtre Richelieu, en Sorbonne. En réunissant des artistes qui n’avaient jusqu’alors jamais joué ensemble, Ignacio Maria Gomez et le Quatuor Modigliani, ce concert, par un autre langage, dit ce que contient le livre : les liens qui nous rassemblent, l’écoute et les soins de l’âme, l’imagination et l’espoir.

À suivre le 27 mai à 21h00 sur la chaîne YouTube de Sorbonne Université. Un QR code sera inséré dans le livre pour les lecteurs souhaitant visionner le concert.

Pour en savoir plus sur Sorbonnavirus  et le concert : www.sup.sorbonne-universite.fr

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